Je déambule de la chambre au salon, du salon au balcon, puis vais dans la cuisine ouvrir le frigo. Je le referme aussitôt, ce n'est pas l'heure. J'ai lu un moment, mais au bout d'une heure je n'y arrive plus. J'ai envoyé quelques SMS, reçu quelques- uns en réponse, regardé un film, écouté de la musique, lu un journal et je suis retourné à la fenêtre regarder la pluie tomber.
Dans l'immeuble en face, un petit garçon se désole également de la météo. Il me voit, je lui fais un signe de la main. Il me répond du même geste en y ajoutant un sourire. Nous nous regardons quelques instants. Il s'absente quelques secondes et revient en me montrant un jouet. Je devine que c'est une voiture mais ne parvient pas à déterminer quel type de voiture et ce n'est pas très important. Je pense surtout qu'un signe de la main a mutuellement fait disparaître nos mélancolies. Un signe de la main nous a donné le sourire.
Le sourire d'un enfant à la fenêtre. C'est tellement simple. J'avais oublié que le bonheur pouvait être aussi simple. Je me dis que mes amis me manquent, que j'ai hâte de les voir, de les prendre dans mes bras, de trinquer avec eux, d'aller au théâtre, au cinéma, au restaurant et c'est un petit garçon qui me rappelle à l'ordre. Du haut de ses trois ou quatre ans, il me dit que lui aussi en a marre, lui aussi s'ennuie mais qu'un sourire ou un signe de la main, parfois, suffit à insuffler du bonheur à un esprit mélancolique.
Merci petit bonhomme, merci de ton sourire. Une belle journée s'annonce, tant pis s'il pleut.