Un petit préalable utilise et probablement nécessaire pour celles et ceux qui ne connaitraient pas TikTok : il s’agit d’une application d’origine chinoise, reprenant la plateforme de vidéos Musical.ly, relativement récente. Elle fut accessible en France en aout 2018 seulement, bien que diffusée précédemment ailleurs, depuis 2016, surtout en Asie :
Mais les polémiques à son encontre se sont déjà multipliées, à une échelle internationale :
En février 2019, Tik Tok est condamné aux États-Unis à une amende record de 5,7 millions de dollars par la Federal Trade Commission. La plateforme est reconnue coupable d’avoir illégalement collecté les données d’enfants de moins de 13 ans12.
on lui reproche également d’encourager le narcissisme et l’hypersexualisation de ses utilisateurs, souvent très jeunes. Par voie de conséquence elle pourrait être une plateforme de choix pour les prédateurs sexuels
Plusieurs utilisateurs dénoncent par ailleurs des problèmes de harcèlement21,22, ainsi que des agressions racistes et antisémites23.
Le 17 avril 2019, le gouvernement indien annonce son intention d’interdire l’accès à l’application qu’elle accuse de propagation de contenus pornographiques24. La même année, l’United States Navy de l’armée américaine ordonne à ses soldats de désinstaller l’application chinoise des smartphones militaires pour des raisons de cybersécurité25. En parallèle, après la demande d’ouverture d’enquête de Marco Rubio, l’application se retrouve sous la surveillance du CFIUS en tant que filiale d’un groupe chinois26.
En 2020, les responsables de l’application TikTok sont accusés par le magazine anglais The Intercept de censurer les personnes laides, grosses ou pauvres, pour diffuser des vidéos plus attrayantes. Ils démentent cette information.
Ce qui m’amène à m’intéresser à présent à TikTok, plutôt qu’à mes réseaux sociaux plus habituels, c’est le fait d’apprendre que cette plateforme est suspectée d’être investie par l’extrême-droite la plus radicale, celle des suprémacistes blancs. Et comme j’ai à proximité de moi un adolescent qui l’utilise, je suis certainement d’autant plus concerné, et cela m’a encore davantage fait froid dans le dos. Toutefois, j’aurais de toute façon entrepris ce travail sans cela, vocation de ce blog oblige. Le danger est réel, et ce public m’apparait plus vulnérable, impressionnable et influençable qu’un autre, je pense. Il convient donc de le protéger plus clairement des dangers d’internet.
Or, ceux que l’on pourchasse ici sont assurément des dangers pour nos ados. Comme ils se font (un peu, pas assez hélas (1) ) chasser de partout, les militants d’extrême-droite tentent de trouver d’autres canaux pour diffuser leur propagande raciste, xénophobe, sexiste et homophobe, ainsi que leur culture viriliste exacerbée. Ceux précisément dont il s’agit ici avaient d’ailleurs déjà été expulsés de twitter, comme je l’avais mentionné là…
Je ne suis donc pas très étonné qu’ils aient tenté d’investir ce réseau là aussi.. Rien ne leur répugne donc, pas même d’oser instrumentaliser des gamins auxquels cet outil là était principalement destiné. VKontakte ne leur suffisait donc pas ? Il faut croire que non, ou qu’ils ne parvenaient pas encore à toucher cette cible de choix, plus facile à convaincre qu’un public adulte averti.
L’un des articles que j’ai lus s’intéresse plus particulièrement à une enquête interne des instances britanniques de Tiktok himself, suite à la fréquentation massive de vidéos haineuses cumulant plusieurs millions de vue sur leur réseau. Un porte parole de la plateforme a déjà indiqué que les comptes TikTok de Britain First (2) et de Tommy Robinson « font l’objet d’une enquête en direct » et seront interdits dans l’intervalle, « en raison de la nature de certains contenus publiés ». Le leader de Britain First, Paul Golding, s’était un peu trop bruyamment vanté d’avoir trouvé un nouveau débouché pour leurs opinions. Le cynisme de ces gens là…
Avec plus de 520 000 vues, les vidéos racistes de Britain First incluent une visionnée près de 100 000 fois dans laquelle le chef du parti, Paul Golding, dit aux migrants de Calais de «rentrer chez eux» et une autre dans laquelle il s’engage à «reprendre notre pays» aux immigrants.
Quand on sait que les ordures Trumpistes comme celles d’outre-manche ne tardent pas vraiment à gagner l’hexagone, comme tout observateur de la fasciterie internationale pourra vous le confirmer, il conviendra donc d’être d’autant plus vigilants que vous avez été avertis. Cochon qui s’en dédit.
Et si vous voulez faire quelque chose de concret pour lutter contre la haine en ligne, rien ne vous empêche de suivre l’exemple de nos amis britanniques : demandez à TikTok d’en chasser l’extrême droite, qui n’a rien à y faire, en leur signalant systématiquement leur présence et ses contenus prohibés, par exemple via Twitter, avec les hashtags qui vont bien…
NB. Ce phénomène d’intrusion fasciste, tout comme celle des prédateurs sexuels, ne date pas d’hier… Déjà en 2018, on s’en préoccupait :
Une raison de plus pour la plateforme de s’aligner sur les politiques de modération habituellement admises par les acteurs du secteur ?
A suivre…
1) pas assez, c’est certain : la preuve par You Tube, Twitter et Facebook autant que voulvoul. A ce sujet, allez lire le discours de Sacha Baron Cohen, qui explique fort bien pourquoi les plate-formes numériques dites réseaux « sociaux » ont un intérêt purement mercantile à laisser se répandre la culture du clash, et donc les discours de haine.
(2) Britain first, parti ultranationaliste, violemment anti-migrants, dont l’assassin de la députée Joe Cox était proche… Ce parti d’essence fasciste est pourtant soutenu en France par Marine Le Pen RN et Julien Rochédy, entre autres…