"Je ne suis pas pour un parti socialiste caporalisé, complètement enrégimenté, et, en, même temps, je pense qu'il faut que le parti socialiste maîtrise sa démocratie interne, c'est-à-dire soit capable de débattre autant qu'il sera possible. Mais, quand une position a été prise, quand un choix de candidat a été fait, alors nous avons une obligation d'unité et de rassemblement". Rarement depuis 10 ans qu'il est premier secrétaire du PS, François Hollande aura eu une phrase aussi sensée. A quelques mois de passer la main, mieux vaut tard que jamais…
Mais cela prouve au moins que quelqu'un au PS, en haut lieu qui plus est, est capable de tirer les conséquences de l'échec à la présidentielle. Pour autant alors que le temps devrait être à la réflexion, à la (re)construction d'idées et la préparation de contre propositions à l'UMP, le premier secrétaire du PS retombe d'emblée dans la course à l'échalote présidentielle (bien aidé il est vrai par son ex compagne qui plaide pour une désignation, la sienne tant à faire, immédiate du candidat pour 2012) en déclarant "nous, nous choisirons notre candidat à partir de 2010. Je pense que c'est la bonne année, deux ans avant, pour que justement l'on puisse travailler, parti, candidat et puis gauche rassemblée parce qu'il n'y a pas que le parti socialiste. Il n'y a pas d'ailleurs que la gauche. Il faut qu'un candidat, une candidate, soit en capacité de se faire entendre largement". Quand on voit les dégâts internes qu'a causés une campagne d'une petite année, en comptant la campagne interne, on ne peut que frémir de peur en imaginant le résultat après deux ans…
D'autant que les plaies sont encore vives rue de Solferino où comme dit Laurent Fabius, lui aussi frappé par une crise lucidité, il règne une "atmosphère délétère parmi les dirigeants socialistes". Atmosphère que celui qui se veut désormais être un "sage actif" entretien à merveille en ajoutant que "la victoire était possible" le 6 mai dernier et en mettant la défaite sur le compte d'une Ségolène Royal souffrant d' "un triple déficit : présidentialité, crédibilité, collégialité" en prenant notamment et à juste titre l'exemple du Smic (sur lequel l'ancienne candidate lui a glissé un tâcle aussi stupide que déplacé pour tenter de justifier sa défaite) : "si on affirme lors d'une élection être favorable à son augmentation, et qu'on déclare ensuite qu'on n'y croyait pas, cela devient un problème de nature quasi éthique et suscite un doute sur l'ensemble des propositions qu'on défend". Force est de constater que sur coup, le député de Seine-Martime est loin d'avoir tort.
Dernière preuve que tout va désormais mieux au PS, le "contre-gouvernement" voulu par Jean-Marc Ayrault, a été contesté dès sa présentation par les députés socialistes. Le président du groupe PS à l'Assemblée ne s'en formalise même pas puisque selon lui "le propre des membres de gouvernement, c'est d'être contesté"… ça fait un bail que les éléphants appliquent cette formule à la direction du parti, au vote des militants et à leurs candidats…