Être agile et fair(e) play(sir), l’autre fondement de la transformation

Publié le 26 août 2019 par Cspformation

Agile, il faut l’être quand on dévale des rapides. C’est une histoire de vie ou de mort. Frédéric Marchal et François Chauvin utilisent la métaphore du rafting pour comprendre le process de transformation des organisations. Un délicat équilibre à constamment préserver dans l’équipe qui doit mener à bien un projet. Quel qu’il soit.

Nous savons bien que dans les transformations, rien ne se passe exactement comme prévu. C’est un peu comme une descente de rivière en rafting. Quand arrivent les rapides, on a beau les connaître, le débit n’est jamais le même ; la répartition des charges sur le bateau non plus. Il devient vain de vouloir planifier les actions de chaque équipier : l’environnement change tout le temps. C’est sur l’instant que chacun, grâce à ses compétences dans la discipline, trouvera la bonne place, agira ou au contraire laissera faire… Mais toujours à bon escient, car les rapides, il faut les passer ! La période sera forte en tension et cela fait partie de l’aventure. Pendant ce court épisode de trouble, l’équipe va être secouée. L’enjeu est de rester tous solidaires, de se tenir les coudes. Et une fois le tumulte passé, espérons que le groupe retrouvera la sérénité, et se remémorera cette expérience collective en termes positifs.

Agir et laisser faire ?

Que signifie agir quand il faut pagayer pour sauver sa vie ?
En tant qu’équipier, je suis prêt à intervenir à tout moment pour modifier la trajectoire, freiner une allure trop rapide, conseiller, soutenir. Les tâches se partagent, tout le monde agit, apporte sa contribution à son niveau : un simple coup de pagaie pour repousser un obstacle peut devenir décisif. Pas forcément des actes de bravoure, mais des micro-décisions incarnées qui permettent de trouver une voie de sortie originale (« sortir de la boîte »).

Que signifie laisser faire quand il faut esquiver un récif en pagayant ?
C’est se laisser porter par le courant, ne pas agir au risque de perturber le groupe, s’adapter au changement, suivre les consignes, faire confiance au guide, au collectif. En fait, c’est savoir observer de manière permanente la réalité, en étant conscient de ses propres jugements, d’accepter de les remettre en question et ne pas les imposer au reste du monde. Se retenir d’empêcher tout de suite les « dérives » qui sont souvent les plus belles sources d’innovation. Ainsi, notre réussite dépendra de notre capacité à agir ensemble et de considérer chaque comportement individuel.

Individuellement : être agile et fair(e) play(sir)

Pour accompagner la transformation, quatre points de vigilances doivent être confrontés aux comportements individuels

  • S’adapter. Autrement dit adopter une posture agile. C’est se poser régulièrement les questions « en quoi puis-je être utile à l’équipe ? comment utiliser mes compétences au bon moment au service de l’équipe, là où elle en a besoin? » Cette posture se caractérise par la capacité à anticiper, à innover, et à coopérer.
  • Anticiper. Conserver sa vigilance sur l’environnement et regarder loin devant. Cela permet d’identifier les risques venant de l’extérieur et de l’intérieur. Observer les autres et savoir détecter leurs besoins et leurs envies permet d’anticiper les conséquences de leurs gestes, de leurs décisions et des nôtres. « Agir » revient donc à partager ses perceptions avec l’équipe, alors que « laisser faire » : c’est permettre à chacun prendre sa mesure de la situation.
  • Innover. Favoriser le changement, c’est être à l’origine de nouvelles idées pour s’adapter au contexte qui évolue sans cesse. Naturellement, c’est aussi prendre le risque de se tromper, de faire une fausse manœuvre, mais d’être capable de se rattraper et de se remettre en question. Innover c’est aussi accepter les idées des autres et leur laisser le temps de tester.
  • Coopérer. L’important est que chacun trouve sa place dans l’équipe où il apportera le meilleur de lui-même et qu’il puisse aussi rester en adéquation avec lui-même. C’est être réceptif aux propositions, accepter les réticences et libérer l’énergie pour que chacun trouve son équilibre. La coopération peut aussi être l’occasion de renforcer l’équité en redistribuant les rôles – d’être plus juste et de reconnaître ses erreurs : être « fair play ». Lorsque j’ai besoin des autres, je dois être capable de leur dire. De mon équilibre dépend l’équilibre de l’équipe.

Toutes les émotions sont au rendez-vous dès qu’il y a de l’action. La peur de ne pas savoir, peur de ne pas être à la hauteur. Si elle ne s’exprime pas simplement, le contrôle ou l’évitement prennent le pas sur l’action. La joie de célébrer les réussites, la tristesse de voir des situations ne pas évoluer comme on le souhaiterait, la colère pour dépasser les limites sont aussi des moteurs de l’agilité. Si elles sont mises de côté, non exprimées pour l’individu et l’équipe, il n’y aura pas de changement possible.

Être agile et fairplay nous semblent être deux compétences capitales dans les transformations. Pour s’adapter aux évolutions du courant, reconnaître lorsqu’il est plus fort et d’accepter de s’y laisser porter ou au contraire prendre son courage à deux mains pour pagayer de plus belle…

Frédéric Marchal et François Chauvin

Fréderic Marchal

Frédéric a exercé durant huit ans des fonctions Responsable Qualité et Méthodes dans l’industrie. Depuis plus de 17 ans chez CSP The Art of Training, il intervient en tant que formateur en gestion de projet et accompagne des projets sur mesure. Il s’occupe aussi du pilotage et de l’accompagnement des partenaires (formateurs externes)

François Chauvin

Après avoir occupé les fonctions de DRH de Bouygues Construction, François dirige maintenant le cabinet Forces Vives spécialisé dans l’accompagnement professionnel et l’intelligence collective.

Pour tout savoir sur la transformation, CSP organise une journée exceptionnelle le 21 janvier 2020 à Paris : Transformations individuelles et collectives : agir et laisser faire.

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