Le 18 juin 2019, nous lancions notre appel à l’Egalité ! Avec le Think Tank Marie Claire, le Connecting Leaders Club, et sous les auspices de l’Unesco, nous avons remis au Gouvernement soixante propositions sur la parité femme-homme qui vont faire bouger les lignes. Pour anticiper ce changement, nous avons invité quatre étudiants de l’ESSEC (deux filles, deux garçons) pour qu’ils nous livrent leur vision. Tom Champas évoque combien cette journée lui a ouvert les yeux : s’il y a encore du chemin pour atteindre cette égalité, chaque pas est une victoire.
Quelques jours avant l’événement, j’ai été interpellé par une offre de Junior ESSEC invitant à participer à la journée de l’Appel pour l’égalité hommes-femmes Attiré par le prestige du lieu, par la qualité des intervenants, ainsi que par le sujet qui me tient à cœur, j’ai sauté sur l’occasion sans vraiment savoir ce qui se cachait derrière cette journée.
Après quelques recherches sur Internet, j’ai découvert la raison de la tenue de cette journée. J’avoue avoir été agréablement surpris par la démarche des organisateurs. En effet, le magazine féminin Marie Claire s’est associé, en juillet 2018, au Connecting Leaders Club et à de nombreux partenaires pour lancer un think tank pour l’égalité femmes et hommes. Je trouve cela nécessaire que la société civile, à commencer par les grandes entreprises, prennent les devants sur ce problème, dans la mesure où nous ne pouvons pas tout attendre de la classe politique. Ce think tank offre ainsi un lieu idéal pour débattre et libérer la parole sur ce sujet.
Les données qui détonnent
Rappelant tout d’abord qu’une femme gagne en moyenne 25% de moins par mois qu’un homme, Guénaëlle Thebault et Marianne Mairesse, DG adjointe du Groupe Marie Claire et rédactrice en chef du magazine, ont réaffirmé l’importance de cette journée car « les débats, c’est bien, mais nous voulons maintenant faire des propositions concrètes ».
Le propos introductif de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, rappelle la nécessité de ce genre de manifestation. Elle nous dit qu’il faut se méfier du mythe de « l’égalité déjà là » et que la première chose à faire est de « commencer par rendre visible » les inégalités pour mieux les combattre. Détaillant les mesures que le Gouvernement a mis en place et qu’il entend installer dans les prochains mois, la ministre souhaite également qu’on « arrête de penser que les choses et les mentalités vont changer naturellement ». Elle insiste sur le devoir de mener des « politiques publiques volontaristes ». L
Les femmes vues comme l’atout charme des RV business
Au-delà des chiffres effarants de représentation des femmes et des écarts de salaire en entreprise, Dominique Carlac’h, entrepreneuse et vice-présidente du MEDEF, a évoqué le « sexisme ordinaire prégnant ». Selon elle, les femmes peuvent être considérées comme une caution de mixité dans une assemblée ou constituer un « atout charme » lors de rendez-vous professionnels. Plusieurs dirigeants d’entreprises ont parlé, à la tribune, de leurs changements de position concernant l’imposition des quotas en entreprises, qui sont « nécessaires pour que les choses bougent ». Quant à David Mahé*, il a exposé sur scène les résultats de son étude sur les enjeux multiples de la féminisation du monde professionnel – un vivier de talents et de compétences, qualité de vie au travail et parts de marché potentielles. Aurélie Feld, présidente de l’entreprise de formation CSP The Art of Training est revenue longuement sur la nécessaire réforme du congé maternité, qu’elle imagine comme un « congé de parentalité », moment crucial pour le couple (de même sexe ou pas) et le nouveau-né, dans lequel les hommes doivent prendre toute leur place.
Le monde de la culture, bien que souvent présenté comme progressiste et engagé, n’échappe pas aux discriminations. Le témoignage de Barbara Carlotti* est particulièrement édifiant. Il montre le besoin toujours réel pour une femme de faire la preuve de sa légitimité à chaque instant, par peur notamment de se faire écarter de la création artistique. Elle raconte également le problème de la représentativité et de la mise en avant de personnalités féminines, que ce soient des artistes, des techniciennes ou des journalistes.
Un impératif : agir dès l’école
Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer a débuté par acquiescer, sans réserve, les propositions du think tank, insistant particulièrement sur l’orientation dans les filières scientifiques des jeunes filles, encore minoritaires. Un chiffre donné par le ministre m’a particulièrement interpellé : seulement 17 % des métiers sont considérés comme mixtes, c’est-à-dire où chaque sexe représente au moins 40 % de la profession. De plus, les différents intervenants, à commencer par Brigitte Grésy, Secrétaire générale au Conseil supérieur de l’Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, ont souligné l’importance des premières années d’enseignement, de la crèche à l’école primaire, où l’on remarque déjà une socialisation différenciée.
L’ancienne avocate, aujourd’hui humoriste, Caroline Vigneux a tourné en dérision les différences entre les femmes et les hommes pour en souligner leur ridicule. Ce faisant, elle souhaite démontrer qu’« il n’existe pas d’humour féminin ».
Et les chromosomes dans tout ça ?
Afin d’aborder le sujet du genre, Claudine Junien, professeure de génétique a insisté sur la différence entre le sexe et le genre. Il est, en effet primordial, de clarifier cette distinction afin de ne pas se méprendre et d’affirmer que, s’il existe des différences réelles, notamment génétiques, entre les femmes et les hommes, le genre est avant tout une construction sociale. Elle a ainsi naturellement fait part des propositions du think tank qui ont essentiellement pour but de mieux informer le grand public et de mieux former le corps médical sur les différences entre les femmes et les hommes. Différences qui amènent à des symptômes propres au sujet féminin et donc propres au sujet masculin. Le député La république en Marche Thomas Mesnier, médecin de formation, a ensuite affirmé l’engagement de la majorité pour défendre le droit et l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Les femmes, grandes absentes de la Tech
Les chiffres de la mixité dans les nouvelles technologiques, un domaine pourtant récent, sont particulièrement choquants : moins de 10 % de femmes dans les fondateurs de start-ups techs. Julie Davico-Pahin, co-founder & co-CEO de Ombrea, a évoqué les remarques et comportements sexistes auxquels elle fait face dans sa vie d’entrepreneuse. Elle a montré l’importance de l’égalité femme-homme dans la tech si l’on veut que ce secteur soit « durable » à tous points de vue. Partageant les propositions du think tank, Axelle Tessandier a mis en valeur les « role models », qui permettent aux jeunes filles de s’identifier et de se projeter dans ces métiers. Toutefois, le député LaRem Cédric Villani et mathématicien, a déclaré que ces « role models » ne suffisent pas, et se montre plutôt partisan des « politiques très incitatives, déterminées, et avec des objectifs définies ».
Ce que j’ai appris
En conclusion, je voudrais mettre l’accent sur les trois idées sur l’égalité femme-homme dont cette journée m’a permis de prendre conscience :
- Pour œuvrer pour l’égalité, si l’on peut s’accorder sur certaines priorités, il n’existe pas pour autant de petits combats et toutes les luttes sont légitimes à mener. Les différentes échelles sont complémentaires.
- Chacun, dans sa vie personnelle et professionnelle, a une responsabilité, aussi faible soit-elle, de faire progresser l’égalité. Nous avons tous un rôle à jouer, à tous les niveaux.
- Personne ne peut se dire que le changement de paradigme suit simplement le cours de l’Histoire, car elle est justement le fruit de femmes et d’hommes qui choisissent de lutter. Ainsi, nous ne pouvons pas attendre et se dire que le problème se réglera de lui-même.
Tom Champas
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations
@MarleneSchiappaDominique Carlac’h, porte-parole et vice-présidente du @medef, présidente @DetConsultants, Membre du Conseil d’Administration Solideo, présidente d’honneur @Conseils_Inno
Aurélie Feld, présidente de CSP-The Art of Training, @Aurelie_Feld
David Mahé, président d’Équilibre @davidmahe_HWP
Barbara Carlotti, chanteuse française, @barbaracarlotti
Axelle Tessandier, entrepreneuse française, @axelletess
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A lire, la série des articles publiés par les étudiants de l’ESSEC :
Parité : « Allons plus loin que les propositions du Think Tank Marie Claire » de Victoria DuleyParité : « Bienveillance et patience sont les leviers de l’égalité » de Tom Journaux
Parité : « L’argent doit servir la cause de toutes les femmes ! » de Sixtine Desmarchelier
Pendant une année, CSP The Art of Training a été sponsor du Think Tank Marie Claire aux côtés de L’Oréal, TF1, Radio France, Salesforce, Natixis entre autres. A ce titre, nous avons activement rechercher, et trouver, les meilleurs leviers pour favoriser la parité dans la société en général. Pour tout savoir des travaux que nous avons menés, c’est sur le site CSP.
Les 60 mesures remises au Gouvernement sont à télécharger ici.
Les engagements de CSP The Art of Training-Lefebvre Sarrut.
L’entretien de Aurélie Feld, présidente de CSP The Art of Training, expliquant pourquoi cet engagement.