Arriver à transformer son brouillon en une œuvre finie, demande une concentration particulière, et souvent bien plus d’efforts que le simple travail d’écriture lui-même. Pour commencer, considérez que la réécriture consiste avant tout en une correction de ce que vous avez écrit. Ces corrections vont des erreurs en tout genre, des fautes d’orthographe ou de grammaire, à tout ce qui fait vos personnages.
Si vous prenez un brouillon d’une autre personne entre vos mains, il y a beaucoup de chances à ce que les erreurs et les imperfections de ce brouillon vous sautent au nez dès les premières minutes ou secondes de lecture. Etant une personne différente, vous pourrez voir des choses que cette personne n’arrive pas à voir, ou alors assez difficilement. Ca marche aussi dans la vie de tous les jours, quand on a un problème, un ami peut nous offrir une façon de voir très différente et qui nous aide à résoudre la situation, c’est parce qu’un ami voit les choses depuis l’extérieur et avec plus de recul : une vue bien plus objective, au moment où on aurait plutôt tendance à trop nous enraciner dans notre subjectivité.
Dans l’écriture, il arrive très souvent qu’on soit empêtré dans cette subjectivité jusqu’à devenir aveugle devant plein de détails. Bien évidemment, on ne le fait pas exprès, mais il serait très enrichissant d’y faire attention et de procéder à des changements qui ne peuvent être que bénéfiques.
Si par exemple, dans le brouillon de quelqu’un d’autre le personnage manque de motivation, vous ressentirez ça dès le début. Si la lecture de ce brouillon vous ennuie à mourir, encore une fois, vous pourrez le sentir très tôt. Vous pourrez donc découvrir plein d’imperfections avec clarté : des temps morts, des personnages incomplets/flous, peut être aussi des clichés maladroits, et autres métaphores pas très réussies.
Donc vous pourrez voir et sentir tout ça chez quelqu’un d’autre, mais pas forcément chez vous, pas dans votre brouillon. N’oubliez pas non plus qu’en temps qu’auteur, vous vous lierez irrémédiablement à vos propres personnages, comme si ces derniers existaient vraiment, vous pourrez vivre chacune de leur douleurs, et joies. Aussi, vous pourriez voir que vos personnages sont uniques et complets. Mais au moment où vous entretenez cette relation avec eux, vous pourriez oublier que vos lecteurs ne connaissent pas vos personnages comme vous les connaissez et ne les voient pas comme vous les voyez.
Lorsqu’un de vos personnage pleure vous pleurez, lorsqu’il rit vous riez, mais au même moment la grande plupart de vos lecteur pourraient seulement « bailler. » De ce fait, certains passages peuvent ennuyer vos lecteurs, et leur donner envie de « dormir, » une histoire à dormir debout ? Tiens ça me rappelle lorsque j’étais assez jeune et que je dessinais des œuvres d’art que seul moi comprenait : j’y voyais toute cette « perfection, » mais je ne comprenais pas toujours l’indifférence de la plupart des personnes à qui je présentais ma création. Depuis, je m’étais amélioré, et j’avais trouvé mon publique (mes camarades de classe.) Bref, je pense que ça a certainement du vous arriver à un moment où à un autre de la vie, par rapport à une ou plusieurs de vos créations.
Revenons à l’écriture. La solution pour pallier à votre aveuglement en face de vos erreurs et à votre considération inconditionnelle de la perfection de vos personnages, c’est prendre conscience de l’importance de l’optimisation et du renforcement de votre propre objectivité et introspection, et vous habituer à faire appel de plus en plus souvent à votre sens autocritique pendant la réécriture.
L’objectif c’est d’arriver à voir de la même façon que vos critiques, c'est-à-dire les personnes qui vous donnent les meilleurs avis objectifs sur votre travail. Vous devriez être capable de faire des modifications à votre écrit affin d’avoir une œuvre vraiment intéressante. N’hésitez donc pas à réduire sinon éliminer certains passages même s’ils font partie de vos passages préférés, modifier votre scénario, vos personnages, le ton, le style, les temps. Ainsi, pour pouvoir modifier certains de ces éléments, il faudrait d’abord que arriviez à les considérer, pour ensuite les retravailler.
« Wow ! » me diriez vous. Eh bien, ça vous permettra d’améliorer considérablement votre œuvre, et par dessus tout, vous donner une chance encore plus grande pour éditer votre livre.
Vous aurez donc fini d’écrire votre premier brouillon, et vous irez joyeusement le faire partager avec votre entourage. Votre maman adore ! Ainsi que tonton Patrick. Vos amis commencent déjà à vous taquiner « à quand le million d’exemplaires ? »Cela dit, certains vous regarderont droit dans les yeux et vous diront : « Pour te dire la vérité, je trouve que certains passages sont, comment te dire, un peu morts si tu vois ce que je veux dire. »
Mais si vous leur demandez de vous dire quels passages précisément, vous verrez qu’ils ne s’en rappellent pas vraiment.
Donc, vous vous demanderez : « Mais à quels passages ? Et que puis-je y faire ? »
Vous devez procéder à un travail d’auto-évaluation objective dans votre écrit et dans votre façon de voir le tout. Il faut que vous arriviez à découvrir si les effets sur lesquels vous vous acharnez dans votre œuvre, fonctionnent véritablement et gardent vos lecteurs agrippés du début à la fin.
Si jamais vous avez l’occasion de rencontrer un groupe d’écrivains, profitez en et demandez leur ce qu’ils en pensent. Et surtout, si vous avez la chance de tomber sur des personnes qui ont un sens critique aiguisé, ne laissez pas leur critiques vous atteindre sur le plan émotionnel, mais essayez de voir les choses que vous n’arrivez pas à voir vous-même, comparez les avis de tout le monde et vous saurez ce que vous devez modifier dans votre écrit. Vous trouverez aussi que beaucoup de personnes se contenteront de vous flatter, mais ça ne serait pas normal d’avoir tout bon dans votre brouillon, à moins que vous ayez un talent inné dès le départ. Cela dit, les vrais critiques sont loin d’être ceux qui se contenteront de vous flatter.
Donc n’oubliez pas, l’objectif c’est de vous corriger vous-même, et pallier à n’importe quel problème que vous pourriez découvrir dans vos écrits, sur tous les niveaux. Ca vous permettra de bien vous améliorer continuellement, et ainsi de multiplier vos chances de publication dans le futur.
Je suis certain que vous aimerez beaucoup le travail de réécriture et d’auto critique, une fois que vous y aurez pris goût vous ne pourrez plus vous en passer.
Je vous souhaite plein de plaisir dans votre réécriture, et tout plein de découvertes passionnantes !