par Nicolas Lecaussin, le 20 janvier 2020
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Une des blagues qui circulaient sous le communisme racontait qu’un jour, Moscou avait donné la permission à tous ces pays sous le joug totalitaire de construire des autoroutes. Tous s’y sont mis et le projet fut le même partout : l’autoroute avait six bandes de circulation dont cinq pour rouler et une pour… doubler. Elle était à sens unique, vers l’Ouest. La blague est aujourd’hui presqu’une réalité. Trente ans après la chute du Mur, ces pays regardent vers l’Ouest démocratique et ont choisi clairement le libéralisme économique.
Sommaire
- Taux de chômage bas, fonds de pension, investissements massifs
- Dans ces pays, l’idéologie anticapitaliste n’a pas beaucoup de succès
C’est bien la thérapie de choc qui a marché à l’Est et non pas les conseils de M. Attali !
Mais, rappelons-le, à l’époque, en 1990, quelques « donneurs de leçons », majoritairement français, terriblement surpris par l’écroulement du système communiste, avaient mis en garde contre un passage trop rapide vers l’économie de marché. Parmi eux, - Jean-François Revel le montre avec délice et justesse dans La Grande Parade - de nombreux socialistes, incapables de tirer les leçons de la faillite du marxisme et pressés de dicter à tous ces peuples lassés du socialisme une autre voie, plus étatiste que celle qu’ils voulaient suivre. C’est au même moment que, comble de l’ironie, Jacques Attali, celui qui avait conseillé François Mitterrand lors du virage socialiste en 1981 en France, fût nommé à la tête de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) qui devait accompagner les anciens pays communistes lors de la transition … capitaliste ! Ces « conseillers » ne cessaient pas de critiquer la fameuse « thérapie de choc » suivie par la Pologne mais aussi par d’autres pays comme la Hongrie, la République Tchèque, la Slovénie, les pays baltes. Aujourd’hui, ces pays sont économiquement largement en avance par rapport à d’autres, comme la Roumanie ou la Bulgarie, qui avaient mis en place des réformes économiques plus « tempérées ». Ce n’est sûrement pas un hasard si la Pologne n’a pas été touchée comme d’autres Etats lors de la crise économique de 2009.
Alors, ces pays sont-ils vraiment « illibéraux », comme les qualifient certains analystes et journalistes ? S’il existe effectivement quelques « écarts » de la part des leaders politiques dans des pays comme la Hongrie, la Roumanie et, en partie, la Pologne, les règles démocratiques sont majoritairement respectées et, surtout, les libertés économiques l’emportent sur l’interventionnisme étatique. Pas de la même manière partout, ni avec la même force, certes. D’abord, il fallait reconstruire sur les ruines de ces économies qui ne s’appuyaient sur rien de concret et dont les statistiques étaient truquées par les dirigeants du Parti communiste. Même un pays comme l’Allemagne de l’Est, pourtant considérée comme la « vitrine du communisme », le pays « modèle », a mis des années et des années à retrouver un semblant d’économie de marché qui fonctionne. Pourtant, la sœur de l’Ouest a d’abord procédé, dès 1990, à la parité des deux deutschmarks et, ensuite, elle lui a versé, entre 1989 te 1999, plus de 765 milliards d’euros, l’équivalent des 50 % du PIB de la RFA en 1989 !
Taux de chômage bas, fonds de pension, investissements massifs
Aujourd’hui, dans ces pays de l’Europe centrale et de l’Est, la croissance économique tourne autour de 3 ou 4 %. Les réformes qu’ils ont adoptées au début des années 1990 et ces dernières années s’inspirent largement du libéralisme économique. Ils ont privatisé (ce qu’on pouvait faire) et ont ouvert à la concurrence des pans entiers de leurs économies en attirant des investisseurs du monde entier. Les pays baltes, la République tchèque, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie ont introduit dès la fin des années 1990 ou au début des années 2000 un impôt proportionnel (flat tax), le même pour tous, à des taux très bas. Il est de 10 % par exemple en Bulgarie. Le taux de l’IS (impôt sur les sociétés), varie de 19 % en Pologne à 9 % seulement en Hongrie et au Monténegro contre 33 % en France. Le taux des prélèvements obligatoires est en moyenne de 25 % du PIB dans ces pays alors qu’il est de 46 % en France, Celui des dépenses publiques est autour de 37 % du PIB en moyenne contre 57 % en France. Pour ce qui est de la taxe carbone – sujet, ô combien délicat et explosif en France - elle n’existe que dans un seul pays de cette région, la Pologne où elle est à 0.07 euros la tonne contre 44.6 euros/tonne en France !
Le taux de chômage dans ces pays est inférieur à 5 % (à 2.1 % en République tchèque, quatre fois moins élevé qu’en France). Pratiquement partout, on a choisi la capitalisation comme pilier supplémentaires pour les retraites. Des fonds de pension se sont précipités dans ces pays pour investir et gérer l’épargne. En Roumanie pas exemple, plus de 7 millions de personnes sur une population de 23 millions d’habitants sont affiliés à des fonds de pension mis en place il y a 10 ans et qui gèrent environ 10 Mds d’euros (fin 2017). Le rendement annuel moyen a été de 8.15 % !
Il existe, bien sûr, des différences de développement entre ces Etats. La Slovénie, les pays baltes, la République tchèque, la Pologne sont plus riches que la Roumanie, l’Albanie ou la Bulgarie et se rapprochent à pas sûrs et rapides des niveaux de vie des pays occidentaux. Les inégalités sont importantes dans ces pays mais nettement moindres qu’en Russie par exemple. Selon Eurostat, les risques de pauvreté et d’exclusion sociale sont les plus élevés en Roumanie et en Bulgarie et les plus bas (en Europe !) en Slovénie et République tchèque. La corruption ronge encore certains de ces pays et les empêche de se développer encore plus. Mais les indicateurs économiques et sociaux montrent clairement une augmentation du niveau de vie (le PIB par habitant a été multiplié par 7.5 depuis 1990 dans un pays pauvre comme la Roumanie, passant de 1.652 dollars par tête à 12.506 dollars).
Dans ces pays, l’idéologie anticapitaliste n’a pas beaucoup de succès
Ces données expliquent les résultats d’un récent sondage. Mi-octobre dernier, le bien connu Pew Research Center a publié une étude sur l’opinion publique en Europe. On y apprend que, en 2019, en Pologne, l’approbation dans l’opinion publique du multipartisme et de l’économie de marché s’élève à 85%. Elle est respectivement de 82% et 76% en République Tchèque, de 74% et de 71% en Slovaquie, de 72% et 70% en Hongrie et de 70% et 69% en Lituanie. Même phénomène dans les régions de l’ex-Allemagne de l’est avec 85% et 83% d’approbation. Mieux, ces pays dans leur ensemble voient leur opinion publique majoritairement optimiste sur la situation économique actuelle avec en tête la Pologne (74% d’approbation) contrastant avec celle de la France (37%).
Le choix des réformes libérales paye, à condition de bien les appliquer et de les respecter. Ceux qui, en Occident, voulaient « réformer » le communisme en 1989 se trompaient lourdement. On ne peut pas « réformer » ou « perfectionner » le communisme », l’utopie socialiste a fait faillite partout et, jusqu’à la preuve contraire, il n’existe qu’un seul système qui marche, le capitalisme libéral. C’est bien Reagan qui a eu raison, pas Mitterrand. Les peuples de l’Est l’ont bien compris, il faudrait qu’on le comprenne en France aussi pour guérir cette sclérose étatiste et de la pathologie dirigiste qui nous handicapent terriblement.