"On réfléchit à assouplir le confinement dans les villes
où il n'y a pas d'infectés", dit le gros titre
au-dessus d'une photo du hall de Técnopolis déjà transformé
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L’armée (1) et la Croix-Rouge argentines viennent de se déployer pour monter un hôpital de campagne dans un des halls d’exposition qui accueille d’ordinaire le parc thématique scientifique et technologique Técnopolis, fermé pour cause de confinement, comme tous les musées et autres lieux culturels.
Cette installation de 2.452 lits répartis en 821 boxes est destinée à recevoir des convalescents du covid-19 ainsi que des malades qui n’ont pas besoin des soins intensifs mais doivent être surveillés et isolés hors de leur domicile, le tout pour éviter la congestion des hôpitaux. Le contrôle de conformité est prévu dans deux semaines. Le centre servira à la capitale fédérale ainsi qu’au Gran Buenos Aires, l’une des deux régions fortement atteintes par l’épidémie. Un médecin et trois infirmiers s’y occuperont de 150 patients. Les équipes vivront un roulement par vingt-quatre heures. Avant d’être converti en hôpital, Técnopolis accueillait une exposition sur les inventions mécaniques de Léonard de Vinci à l’occasion des 500 ans de sa mort.
En Argentine, l’épidémie continue sa progression mais celle-ci est plus lente qu’en Europe atlantique. Au moment où je publie cet article, elle a fait 102 morts (2) depuis le premier diagnostic, il y a environ 6 semaines. Chose inhabituel dans un pays qui vit toujours dans l’improvisation, il s’organise actuellement avec une anticipation étonnante puisque, à cette heure, seuls 5 % des places en soins intensifs sont occupés (3).
Le parc thématique dépend du ministère de la Culture. Avant que les militaires l’investissent, celui-ci a reçu la visite d’un trio gouvernemental composé des ministres de la Santé, de l’Intérieur et de la Culture. Le président y est allé faire un point de situation. La ministre de la Sécurité se charge de mettre le lieu sous protection policière et le ministre de l’Écologie et du Développement durable de l’alimenter en électricité. Cette mise en placebénéficie de nombreuses coopérations politiques de tous bords : la Province de Misiones a livré le bois pour les cloisons, la ville de Vicente López sur le territoire de laquelle s’élève Técnopolis met en place la collecte des déchets (or elle est dirigée par Jorge Macri, un cousin germain de Mauricio Macri), la Province de Buenos Aires (gouvernée à gauche) et la capitale fédérale (gouvernée à droite) siègent ensemble dans le même comité de coordination qui travaillera tant que durera l’opération.
Ce qui est en train de se passer n’a pas d’équivalent depuis la guerre d’indépendance, il y a 200 ans ! En Argentine aussi, il y aura donc un avant et un après politique et peut-être aussi culturel à cette crise majeure.
Le caractère exceptionnel de l’opération donne des articles qui se ressemblent avec un choix très réduit de photos, qui se répètent d’un titre à l’autre. Là non plus, ce n’est pas fréquent !
Pour en savoir plus : lire l’article de Página/12 lire l’article de Clarín lire l’article de La Nación (qui annonce aussi ailleurs qu’il y aura en Argentine des tests rapides pour mesurer la circulation du virus).
(1) L’armée argentine a une certaine expertise en la matière dans la mesure où elle participe beaucoup aux opérations Casques Bleus depuis très longtemps. (2) En Argentine, les décès sont publiés tout au long de la journée. Le chiffre évolue donc en permanence. (3) Il est vrai que ce taux d’occupation n’est pas homogène sur l’ensemble du territoire. Le taux dans le Gran Buenos Aires doit être très largement supérieur.