Assis face au poêle,
mon regard plonge dans les flammes.Elles sont claires, limpides,
et pourtant elle ne tiennent pas en place.
Sans effort, elles transforment le lourd et l'opaque
en lumières transparentes.
Flammes liquides,
lumière liquide.Velours de lumière,
nappes de lumière.
Surgissantes-évanouissantes.
Un seul mouvement vers l'être
et vers le non-être.
Sans effort,
apparues-disparues.
Elles sont comme les pensées :
instables, dansantes, imprévisibles,mais limpides.
Qui peut attraper une pensée ?
Les flammes sont le mouvement du feu.
Les pensées sont le mouvement de la présence éveillée.
Les flammes libèrent le bois de sa lourdeur.
Les pensées libèrent l'âme de son poids.
Son poids devient légèreté,
qui l'entraîne vers le haut.
La présence est un feu,
le feu transforme tout en soi,digère tout, consume tout,
de même que le feu du ventre
digère et transforme la matière
en vie, conscience.
Le feu de la présence assimile tout à elle-même.
Les flammes dansent,
pas un seul instant en repos.Et pourtant, elles semblent dirent
le repos.
Leur soupir est un ronronnement,
un écoulement dans la conscience éveillée
à son ouverture,
endormie à ses tensions qui s'enflamment
comme des pommes de pin.
La contemplation du feu est
contemplation de soi,
du flot naturel des formes et des couleurs
qui s'élèvent sans effort dans le miroir vide.
La méditation du feu est la preuve du paradoxe :
mouvement immobile,nonchalance plein d'ardeur,
élan vacant,
regard ouvert émerveillé, légèrement.
La méditation du feu consume les tensions
et soulage.Elle révèle la liberté.