Ça a été suivi d'un autre traumatisme. Mondial celui-là. Nous y sommes tous encore dedans.
Les 4 individus de ma maisonnée sont très actifs dans la présente pandémie. Ma fille travaille à l'épicerie et suis ses cours de finissante du secondaire virtuellement. Ma conjointe télétravaille au sein d'une banque et chaque intervention du gouvernement amène une cinquantaine d'appels dans ses bureaux, donc vous pouvez imaginer son taux d'occupation actuelle. Je suis considéré aussi service essentiel mais doit faire en 32 heures ce que je fais habituellement en 48-52 heures, avec le même volume de travail sur des routes maintenant assez déserte toutefois et avec 300$ par paye de moins. Mon fils est le plus "relaxé" puisqu'il étudiait comme paramédic et que les offres d'aide et d'emplois pour eux se sont faits pour des régions éloignées et sa session virtuelle vient tout juste de reprendre. Virtuellement aussi.
Bref, on est tous très occupés et ce qu'on encaisse surtout, ce sont des pertes financières (moi), deux voyages (dont New York pour ma fille), un bal de finissante (ma fille), une saison de flag football (ma fille toujours), une saison de soccer (Ma fille) un match de baseball, un festival, un show (mon fils), un job (mon fils).
Pas facile de se coucher heureux, mais encore raisonnable comparé aux couples qui perdent tous deux leurs emplois, ceux qui n'en ont jamais eus, les commerces qui commençaient, ceux qui fermeront leurs portes, les étudiants expulsés ou rapatriés, les familles qui vivent avec des morts non prévues, etc.
J'ai eu vent que Renaud-Bray peinait à survivre. Comme j'avais 250 dollars de cartes cadeaux chez eux qui dormaient, je me suis donc empressé de vaincre ma hantise de l'achat en ligne, me disant du coup, que si jamais je me trompais encore en leur faveur, je sauverais peut-être au moins une entreprise de chez nous.
J'ai acheté dans le bonheur absolu.
7 livres, 1 casse-tête, 5 films.
Le casse-tête: Un éléphant qui se reflète dans l'eau au clair de lune. Ma fille et sa belle-soeur ont fait un casse-tête d'un paysage de la Grèce pendant leur confinement. Je lui en ai acheté un autre de son goût. Un cadeau pour ma fille avec mon cadeau de fête.
Lisant La Peste d'Albert Camus, récemment, et me rappelant du même coup à quel point j'aimais sa plume, je réalisais que je n'avais pas autant de ses livres que je pensais en avoir. J'ai dû en lire plusieurs en co-location, étudiant, des livres de co-locataires. Je n'en ai que 3. La Peste, L'Exil & Le Royaume et L'Étranger. Je m'y suis donc mis 4 fois en partant, avec 4 de ses écrits. Même si j'en avais déjà lu 50% , peut-être 75% des Camus projetés.
La Chute
Lu. Je croyais même que je l'avais. Un homme questionne son courage quand il entend quelqu'un se noyer et ne réagit pas. Ça devait surement être la copie de mon co-loc, Goyette. Ou il me l'a volée...Rachetée car pas cher et je voudrais le relire. Le courage, c'est parfois instinctif, j'aimerais relire là-dessus.
Caligula suivi de Le Malentendu
Lu. À Sherbrooke, vers 1991. À la bibli de l'Université en attendant un(e)/des ami(es) avant une soirée. 2 pièces de théâtre, donc ça se lit vite. Un beau souvenir.Caligula est un empereur tyrannique agissant avec démesure en quête de l'impossible. Critique de la démesure toujours appropriée de nos jours. Le Malentendu est une formidable idée. Je n'en révèle pas la courte intrigue, à vous de découvrir l'hôtel de Martha et sa mère...
Je crois l'avoir lu. Mais je croyais aussi avoir ce livre et je ne l'ai pas. Alors plus rien n'est certain. Avec L'Étranger, Le Malentendu et Caligula, ce livre clôt le cycle de l'absurde que Camus aborde de front dans cette histoire. Camus propose la révolte face à l'absurde.
L'Homme Révolté
Justement, la révolte. Jamais lu. Un essai cette fois. Camus se concentre sur le positif et le dépassement de l'absurde. Il y distingue la révolte positivement, en passant par les révolutions qui tombent parfois dans le nihilisme en perdant de vue la révolte initiale. Il y traite aussi agilement (paraît-il) de la rationalisation du meurtre par le brouillard de l'idéologie.
Les Carnets du Sous-Sol de Fyodor Dostoievski
J'ai lu L'idiot avec plaisir récemment. J'avais aussi lu Les Possédés dans le bonheur absolu et Crimes et Châtiments en anglais et en français et je n'ai pas lu Le Joueur ni Les Frères Karamazov que j'ai en bibliothèque. Je n'avais pas ce journal d'un narrateur amer, isolé et anonyme, fonctionnaire retraité de St-Petersbourg. Pas cher, j'ai acheté pour qu'il colle aux autres dans ma bibli. Et un jour, dans mon coeur et dans ma tête. Comme ceux que j'ai lu de Fyodor.
J'ai toujours aimé Samuel Beckett. Je suis traducteur. Sam est un chouchou des traducteurs. Je n'ai en que trois en bibliothèque: En Attendant Godot, Oh Les beaux Jours! et Fin de Partie. 2 de ceux-là avaient été acquis pour un cours universitaire. Les pièces de Beckett sont courtes, peu chères, drôles, noires, absurdes, agréables, même si parfois difficiles à lire. J'en ai repris 2.
Molloy
Le livre fait partie d'une trilogie comptant L'Innommable et Malone Meurt. Sam nous raconte Molloy et Moran, échos fuyants indistincts composés de jeux de miroirs et de boucles où le "je" semble habilement travaillé.
Malone Meurt
Un pas de plus vers la déchéance de l'homme, Molloy devient inexplicablement Malone et jase avant de mourir. Il invite des gens à son lit de mort, et, comme souvent chez Beckett, l'objet du sujet disparaît peu à peu.
J'aurais voulu prendre L'innommable mais il était indisponible.
Les dvds m'excitent encore plus car ils étaient inattendus. Comme Renaud-Bray n'en vend plus en magasin, j'ai aussi cru qu'ils n'en vendaient plus du tout.
Aguirre, La Colère de Dieu de Werner Herzog
Farenheit 451 de François Truffaut
Born On The Fourth of July d'Oliver Stone
L'Année Dernière à Marienbad d'Alain Resnais
La Voie Lactée de Luis Bunuel
Le second est un film dystopique dont j'avais beaucoup aimé les couleurs et le traitement. Vu aussi, universitaire. Beaucoup aimé. Ça parle du contrôle des idées. Et de l'ignorance. Un sujet toujours chaud. Hier, aujourd'hui, demain.
Le troisième je l'ai vu l'année de sa sortie en 1992, j'avais eu une contravention de stationnement dans le Vieux-Québec après le film. Mais j'avais adoré. Tout comme j'ai adoré Platoon, dont ce film est le parfait complément. On y parle de la triste vie de Ron Kovic, berné par la guerre du Vietnam, son parcours et surtout son difficile retour au pays, handicapé et moralement coupable. Sans que je ne le remarque trop j'ai, parmi mes films, 4 autres films* d'Oliver Stone et projette d'en acheter un autre un jour: The Doors (pas disponible). J'ai aussi Wall Street, Platoon, JFK et Natural Born Killer. À 7,99$, le film en valait l'achat pour moi.
Le quatrième est un miracle. Je le cherche depuis des années. Je le croyais impossible à trouver. Je me l'était fait confirmer car je le demandais et le cherchait avec son titre français. Parce qu'après tout, tout est en français dans ce merveilleux film. Qui est plus une ambiance, une expérience aérienne et toute en sensualité des mots de Robbe-Grillet sous la caméra magique de Resnais. FALLAIT LE CHERCHER AVEC LE TITRE ANGLAIS. Ce seul achat vaut tous les autres pour l'un de mes films préférés, ever.
Cette fois, c'est vrai j'espère, sachant que tout ça s'en vient, je me couche chaque soir avec des battements de coeur heureux
Faisant oublier les irritants du jour.
Mais je me couchais comme ça aussi avec mon dernier achat de 41$ sur Amazon qui m'en a coûté le quadruple au final....
*J'ai aussi Scarface de DePalma, que Stone a scénarisé.