La grandeur de la nature fait du bien aux yeux, disait Thomas Mann dans son journal. La grandeur de la nature n'est pas la seule à avoir cet effet sur ceux d'Alain Favarger.
Dans ce livre, l'auteur invite à partager sa Volupté des yeux lorsqu'il voyage ici ou là, lorsqu'il regarde des films ou des oeuvres d'art, lorsqu'il habite des livres, petits ou gros.
La vue n'est certes pas le seul sens à procurer du plaisir, mais elle a ce pouvoir de le faire à distance ou à proximité, dans la réalité ou l'imaginaire, dans l'instant ou la réminiscence.
Dans ce livre, ce pérégrin invite au voyage en Suisse (chez lui) et dans les pays qu'il aime l'Italie (au Lac Majeur), l'Écosse (à Édimbourg), la France (au Mont Ventoux et à Paris).
Dans ce livre, ce regardeur propose d'aller en des lieux qu'il aime, des églises ou des musées, où se trouvent tableaux ou installations dus à des artistes anciens ou modernes.
Dans ce livre ce regardeur donne à voir ou revoir des photographies de Willy Ronis, Sally Mann ou Jacques Thévoz, des films de Visconti, Chabrol ou Serebrennikov.
Dans ce livre, ce lecteur incite à habiter avec lui La Recherche de Proust, les romans de Duras, qui ont tant marqué sa génération (des années 1950), ou les oeuvres de Perec.
Ses yeux sans malice le conduisent à revisiter son propre passé, éloigné ou proche, à confier des souvenirs intimes ou à dire ce qu'il retient d'actualités plus ou moins récentes.
Comme il a le don de rendre compte avec élégance et précision de ce qu'il voit ou revoit, qu'il a une dilection pour l'exquise beauté, il en met plein les yeux et c'est un compliment.
Francis Richard
La Volupté des yeux, Alain Favarger, 276 pages, Éditions de l'Aire