Alors que de plus en plus de maires prennent l’initiative de généraliser le port du masque, le gouvernement veut se donner le temps d’avoir des certitudes scientifiques…
Avec ou sans masque ? Il ne s’agit pas de prédire si Emmanuel Macron arborera l’un d’eux lundi soir, mais plutôt de savoir si cet équipement deviendra obligatoire pour tous les Français, dès maintenant ou au moment du déconfinement. Ce devrait être un des points abordés par le chef de l’État lundi soir, alors que de plus en plus de maires montent au front pour demander que l’ensemble de la population porte le masque, voire prennent des mesures pour que tous les citoyens de leur commune puissent le faire.
Un « réseau citoyen de fabrication de masques »
À Vénissieux (Rhône) par exemple, la maire (PCF) Michèle Picard a lancé un appel à constituer un « réseau citoyen de fabrication de masques ». Plus de 100 personnes se sont manifestées, d’après l’élue, dont l’objectif est de doter en priorité les agents municipaux et les bénévoles des associations d’aide aux plus démunis. D’autres initiatives, allant de la fourniture de matériel de confection à des commandes massives de masques, en Chine notamment, ont été prises dans d’autres villes, faisant suite à l’avis de l’Association des maires de France recommandant le port du masque pour tous. À Sceaux (Hauts-de-Seine), Nice, Cannes, Bordeaux voire Paris, des maires envisagent de rendre obligatoire le masque, dès maintenant ou quand interviendra le déconfinement.
L’avis de l’Académie de médecine
Du côté du gouvernement, on se montre moins empressé. Alors que l’Académie de médecine a rendu un avis recommandant le port du masque de protection, « même artisanal », pour tous, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, lui a opposé mercredi la position de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Laquelle a bien affirmé, par la voix de son président, Tedros Adhanom Ghebreyesus, que le masque n’était pas « la solution miracle »… mais que son port devait se conjuguer aux autres mesures barrières.
Le « pont aérien » avec la Chine
Par ailleurs, une étude sud-coréenne publiée le 6 avril indiquerait que le masque, de quelque type qu’il soit, n’apporte qu’une protection relative contre le virus, dont la très petite taille lui permet de s’affranchir, au moins en partie, de cette barrière.
En attendant que la controverse médicale soit éventuellement tranchée, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que les « commandes sûres » de masques par la France se montaient désormais à 1,6 milliard d’unités et que le « pont aérien » pour les acheminer depuis la Chine, interrompu en raison du durcissement des contrôles sanitaires, avait repris.
Patrick Hertzog