Je n’écoute plus M. Yves Calvi : j’ai la nausée dès que je le vois et je zappe pour faire disparaître son image et sa voix. C’est donc par courriel, cette semaine, que j’ai reçu le lien vers la vidéo de son show du 12 mars 2020 au cours duquel il met au pilori plus d’un million de personnes en déclarant : « Je vais choquer tout le monde en disant ça, mais la pleurniche permanente hospitalière fait qu’on est en permanence au chevet de notre hôpital ».
Entendre M. Yves Calvi cracher son venin contre les personnels des hôpitaux du service public est insupportable. Comment a-t-il pu postillonner contre ces personnes qui, pour sauver des vies menacées par le covid-19, prennent des risques énormes dans des conditions impensables ? Depuis plus de vingt ans, au nom d’une gestion prétendue rationnelle et optimale, des restrictions de budget et des diminutions d’effectifs ont affaibli la capacité des hôpitaux publics à remplir leur mission. Bien avant la pandémie, de l’aide-soignante au professeur chef de service en passant par les urgentistes, la protestation fut générale.
L’Allemagne a son Conseil d’analyse économique nommé par le gouvernement auquel il doit un rapport annuel. Celui de 1999/2000 contient cette affirmation : « La politique est tout aussi peu à même d’annuler les contraintes matérielles et les types de comportement humains résultant des lois du marché que les lois de la pesanteur ». Tout est dit : les services publics de l’état doivent se limiter à l’impôt, à l’armée, à la police et à la « justice ». Tout le reste doit être privatisé et devenir source de profit pour des entreprises à but lucratif, base prétendue naturelle de « l’économie de marché à concurrence libre et non faussée ».
Macron dit qu’après la crise rien ne sera comme avant. Mais quand il demande à la Caisse des dépôts et consignations un rapport sur l’avenir de l’hôpital, la CDC propose d’externaliser des fonctions vers le privé. Le 5 avril, un arrêté de Blanquer annonce que les candidats au BTS devront fournir une attestation de niveau d’anglais accordé par des sociétés privées pour obtenir leur diplôme.
Cette vente à l’encan des services publics, ces privatisations et l’arrogance de la finance et de ses crises cycliques, on en a assez. Il est temps de retrouver les valeurs humaines de solidarité et de bien commun.