Le philosophe et écologiste, Edgar Morin, propose une analyse moins radicale : "Le virus nous éclaire sur les travers et les excès de la mondialisation". C'est une crise sanitaire qui interroge comme il se plaît à le dire. Elle doit nous conduire à développer une nouvelle pensée politique et nous inciter à sortir du néo-libéralisme. Il déclare sur Europe 1 : "Si la mondialisation technique et économique, telle qu'elle se développe depuis les années 1990, elle a créée des interdépendances multiples, entre les nations et les gens, elle n'a pas créé de la solidarité". Sa position est moins radicale que celle d'Yves Cochet car pour lui il faut combiner mondialisation et démondialisation. C'est-à-dire qu'il est nécessaire de poursuivre les échanges utiles, celles des produits de première nécessité, en revanche il faut faire décroitre les échanges qu'il qualifie de "malsains". A lire également : La pandémie mondiale se serait-elle développée sur fond de désastre écologique ? L'OMS constate ces dernière années une augmentation des zoonoses. Maladies passées de l'animal à l'homme, ainsi a-t-on vu se répandre le SARS, H1N1, ou encore Ebola pour ne citer qu'elles. Toutes ces pathologies ont en commun d'être venues à l'Homme par les animaux sauvages. Aujourd'hui l'animal à l'origine de la pandémie de coronavirus n'est pas encore identifié (pangolin, chauve-souris ou autre ?) En revanche ce qui est certain pour les scientifiques c'est qu'il s'agit bien d'une zoonose. En cause, la déforestation et le déséquilibre des écosystèmes. Le trafic illégal d'animaux sauvages et les chasses sont des facteurs favorisant la survenue de telles épidémies ou pandémies. On se souvient d'Ebola apporté au sein des populations par la consommation de viande de singe. L'arrivée de ces animaux sur les marchés seraient à l'origine de la pandémie. La Chine a depuis interdit la consommation et la vente d'animaux sauvages. Mais si l'on remonte plus loin dans le temps, à l'époque de la peste noire, on a là aussi un exemple de pandémie et de zoonose. Cet épisode de l'histoire apporte un autre regard sur le phénomène. Les grandes pandémies n'ont pourtant pas attendues l'intensification de la mondialisation pour apparaître. La peste noire qui ravage l'Europe au XIVe siècle durant cinq terribles années provenait, elle aussi de Chine ! Selon les chroniqueurs de l'époque elle arrive d'Asie, en suivant la route de la soie, par le comptoir génois de Caffa situé au bord de la mer Noire. De là, les navires marchands amènent le fléau en Europe. C'est aussi une zoonose, car elle étaient en réalité apportée par la puce du rat, vecteur de la contagion. Passée du rat à l'homme, la peste noire se propage à travers le monde alors que les hommes sont organisés en de petites communautés et que les échanges sont bien loin d'être aussi intenses qu'aujourd'hui.
Le choléra part d'Inde en 1817 et atteint Paris en 1832 où la maladie fait 18400 victimes rien que dans la capitale et 100 000 en France ! De même la grippe espagnole en 1918, qui fut extrêmement meurtrière arrivait de Chine. Dans les années 50, la grippe asiatique suit le même parcours. Elle se développe en Iran, ravage l'Italie avant de gagner la France.
On le voit bien à travers ces quelques exemples, les pandémies font partie de l'histoire de l'humanité.
Si il y avait bien une première mondialisation des échanges au XIXe et au début du XXe siècle, celle-ci était beaucoup moins intense. Par ailleurs elle ne concernait que les produits de première nécessité. A n'en pas douter les zoonoses sont un phénomène qui n'est pas nouveau. Selon l'OMS, 60% des maladies de l'hommes seraient dues à des zoonoses, cependant celles-ci sont en augmentation. Ce qui doit dès lors nous interroger ce sont les causes de cette augmention. Déforestation, chute de la biodiversité, commerces illégaux sont autant de pistes pouvant nous mener à une possible explication.Comme le dit Edgar Morin : "Le virus est philosophe, il nous interroge". En effet il nous pose la question suivante : l'Homme peut-il survivre à la destruction des écosystèmes ?
Hier, ils ne comprenaient rien à l’avancée de nos sociétés en particulier et du monde en général. Hier, les forces de l’ordre commandées par le gouvernement d’Edouard Philippe, les traitaient comme des moins que rien lors de manifestations toujours...