Modern Family // Saison 11. Episodes 17 et 18. Finale (Part 1 & 2).
SERIES FINALE
Cela fait plusieurs années que je ne vous parle plus de Modern Family. Je n’avais pas abandonné la série mais le goût de vous en parler n’était plus présent. Je me suis dit qu’un dernier au revoir était tout de même nécessaire. Onze ans c’est le temps que j’ai pu passer avec Modern Family et au fil des années, j’ai vu les personnages grandir, vieillir. Cependant, je ne sais pas quel héritage laissera réellement cette comédie. J’ai envie de dire qu’elle a lancé une certaine forme de télévision, plus axée sur les comédies en single cam que les comédies en multi cam mais le principe du mockumentary n’était pas original. En effet, des comédies comme The Office avaient déjà popularisé le genre que Modern Family n’a fait que reprendre à sa sauce.
Si Modern Family n’a pas toujours été la brillante série progressiste qu’elle se vente d’avoir été (notamment quand elle dit être le seul exemple en 2009 de la représentation de la communauté homosexuelle sur une chaîne grand public…) Sauf que d’autres séries ont pu mettre en scène des éléments plus dramatiques, dans des situations différentes. Ce que Modern Family a cependant réussi, c’est casser certaines barrières de la sitcom et changer un peu la dynamique d’un genre qui avait du mal à se renouveler. C’était le début d’une nouvelle ère, celle de la comédie familiale post-Charlie Sheen dans Two and a Half Men. Fini les blagues de pets, de cul, et bonjour aux blagues d’une grande famille avec les parents, les enfants et les petits enfants (et les relations amoureuses de chacun). Modern Family a pu être très très drôle, hilarante, et bien que parfois j’aurais aimé que la série soit plus engagée, elle n’avait pas besoin de l’être pour autant non plus.
Je ne sas pas ce que Modern Family laissera aux futures générations, ce que le monde de la comédie va bien pouvoir faire pour se renouveler car je n’arrive pas à voir ce que sera le futur post-moderne Family. Quelle comédie pourra représenter une nouvelle ère ? Pour le moment aucune n’est capable de prendre cette place. Les cinq premières saisons de Modern Family étaient brillantes, méritantes de leurs récompenses, puis tout d’un coup les scénaristes semblent avoir oublié la créativité humoristique des débuts et se sont reposés sur leurs lauriers. Cela ne veut pas dire que chaque saison n’a pas eu son lot de bons épisodes, souvent drôles aussi, mais c’était moins efficace qu’avant.
Quand je vois ce double épisode final, je suis déçu. Ce n’est plus le Modern Family que l’on a connu, même s’il y a de bonnes idées, et ce n’est pas hilarant non plus. L’émotion est le seul sentiment que j’ai réellement ressenti durant ce double épisode, notamment lors du selfie final qui vient rappeler à quel point tous ces personnages, parfois ennuyeux, parfois hilarant, parfois touchant, je les aime tout de même et je ne vais pas les oublier de si tôt. Petit à petit, au fil des années, les blagues et les intrigues se sont asséchées malgré quelques moments importants et réussis chaque année. Mais la plupart des saisons qui ont suivi le mariage de Mitchell et Cam n’ont pas réussi à être aussi brillantes. Il y a donc eu un avant et un après le mariage de Mitchell et Cam. C’est indéniable. Car après ce mariage, ce challenge, la série n’avait plus vraiment de nouveaux challenges à nous proposer. Du coup, comme beaucoup d’autres sitcoms, Modern Family est entrée dans une mécanique où chaque épisode suit un schéma prédéfini de la sitcom en général. Pas toujours à son désavantage mais souvent malgré tout.
Les personnages sont alors devenus prévisibles, les conflits plus cartoon-esques (ce qui a donné lieu à quelques trucs réussis malgré tout) mais de ce fait clichés et donc loin du réalisme plutôt réussi des premières saisons qui donnaient souvent lieu à comparaison avec sa propre vie de famille. Cette dernière saison n’a pas vraiment réussi à sauver Modern Family de ses défauts qu’elle a accumulé au fil des années, mais elle a tout de même trouvé un ton qui lui sied bien. Cette saison finale était donc bien plus réussie que beaucoup des saisons précédentes (depuis la saison 6). On sent que les scénaristes et le casting ont vu la fin arriver à grands pas et tout le monde a alors enfin décidé de se bouger pour nous offrir ce que l’on avait envie de voir depuis un moment. Il y a quand même eu des arcs narratifs désastreux cette année mais pour la plupart, les intrigues étaient correctes pour une fin de série préparée. Beaucoup de choses sont donc un peu entre deux, entre réussite et raté.
Ces deux derniers épisodes sont la conclusion logique de tout ce que la saison a pu construire. Il n’y a rien d’exceptionnel, rien de choquant, juste une suite d’évènements auxquels on a déjà été préparé. Le manque de surprise est donc clairement un défaut, mais cela n’en fait pas pour autant une fin ratée car elle se repose sur l’émotion qui découle des adieux mais aussi quelques séquences humoristiques plutôt réussies. C’est un final qui met en scène le changement et la difficulté que cela peut être pour chacun des personnages. Notamment Cam qui finit par avoir le boulot qu’il voulait dans le Missouri (au grand damne de Mitchell qui devra s’éloigner de sa propre famille), Phil et Claire décident que leur maison est bien trop remplit et que l’un de leurs enfants doit « dégager », Jay et Gloria se font à l’idée que Manny parte chacun d’une façon différente.
Si l’ensemble est très souvent prévisible, il y a tout de même la satisfaction de voir un double épisode léger qui ne veut pas en faire des tonnes. Modern Family s’en va comme elle est venue, par une petite porte où personne ne croyait au succès (qui lui a sûrement ouvert de trop grandes portes à un moment). Si Modern Family n’a pas de suite à nous raconter, les personnages ont des histoires qui continuent chacun de leurs côtés. Au delà du fait que ce final n’est pas vraiment une fin en soit, c’est une fin qui colle à Modern Family.
Note : 7/10. En bref, j’ai envie d’être indulgent avec un final attendu pour Modern Family, mais avec la petite pointe d’émotion qui sied bien aux personnages et un brin d’humour, pas brillant, mais léger comme il fallait qu’il soit.