Bon pour 1 jour complet de légèreté non remboursable

Publié le 09 avril 2020 par Desfraises


Aujourd'hui, j'emprunte le Bon pour 1 jour complet de légèreté non remboursable de la plasticienne Clémentine Mélois dont je suis le travail décalé et délicieusement érudit (ses couvertures d'œuvres littéraires à sa façon sont une source inépuisable d'émerveillement et de sourires). Je vous propose donc ce bon pour réflexion et pour illustrer le billet superficiel et léger qui suit.

Comme presque 7 millions de salariés, je perçois 85% de mon salaire pour rester à la maison, indéfiniment. Tant que l'argent magique (qui n'existait pas) continuera de couler à flots. Pourvu que ça dure (ou pas). Je suis payé pour :

- Contempler chaque jour ce bout de mer Méditerranée qu'il m'est donné d'apercevoir au loin
- Écrire à la craie des messages sur mon ardoise d'écolier
- Participer aux brèves de bistro entre copains sur Twitter
- Arroser le camélia
- Me couper les ongles en épiant une procession de fourmis
- Pousser les portes de la Comédie-Française depuis mon canapé
- Prendre des nouvelles des 4 rangs de petits pois semés par ma mère
- Lire Le 1 en long, en large et en travers
- Jeter Vavache pour distraire Kimberley
- Construire des châteaux en Espagne
- Rester informé mais pas dupe
- Scruter la cime des pins parasols
- Observer mes voisins en cage
- Nettoyer les plinthes de l'appartement en compagnie d'Alain Souchon
- Ne pas faire de jogging même si j'en ai la brusque lubie
- Lire, apprendre, réfléchir, me cultiver ou me tourner les pouces
- Écouter la minute confinée quotidienne de Pascale Clark
- Jouer à Pictionary avec mes nièces et rire de mes dessins aussi tartes que loupés
- Penser aux soignants, aux aidants, aux précaires, à ceux qui font tourner le pays bon an mal an, aux sans-logis, aux mal-accompagnés, aux anciens, confinés dans leurs chambres comme punis sans dessert d'avoir trop longtemps vécu


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* Ses images sont des gestes barrières contre l'angoisse ( article du Nouvel Obs)
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* Mon immodeste journal de bord dans sa continuité → Journal tendre d'un confiné