"Obsession" - Ernestine Mbakou
Ce livre manque totalement d'humour et de l'esprit qu'il y a sur les posts Facebook de l'autrice, c'est dommage mais j'ai compris le pourquoi.
En fait, être en contact avec un auteur n'est pas une bonne chose, ça influence la lecture car on s'attend à des choses dans l'écriture qui devraient refléter l'auteur. C'est stupide mais humain. Donnez moi un clown comme ami et je m'attendrais à des histoires drôles toute la journée.
- Meuna, je te rappelle que tu m'as caché ta virginité.
Pourquoi dis-tu ça Alain, je t'ai pourtant toujours déclaré ne pas avoir de petit ami. Et puis je voulais me donner à mon mari. Je croyais que ça devait plutôt te rendre heureux.
Heureux, dit Alain en ricanant, tu me donnes deux fois la peine et je devrais être heureux ? Tu devrais revoir ta définition du bonheur, ce n'est sûrement pas le masochisme
Le 12 septembre nous recevons pour une rencontre Gisèle Pineau, elle est infirmière en psychiatrie à la base et toute sa littérature transpire cela avec l'exploration des tourments intimes de ses personnages, la mise à nu de gens "normaux" qui cachent des blessures pathologiques. La particularité de Pineau c'est que, au delà de son écriture superbe, ses personnages ont une vraie cohérence psychologique du fond de leur folie.
J'ai retrouvé cette cohérence, cette très belle description de l'enfermement psychologique dans lequel le personnage de Meuna s'enferme. Ok, les menaces contre les parents y sont pour beaucoup - et j'ai parfois eu l'impression d'un "too much" - mais ce plongeons inéluctable vers une relation toxique est bien rendue.
Comme c'est dommage... c'est à 50% de la lecture que l'intrigue devient vraiment accrocheuse.
Non pas que le début soi totalement sans intérêt, mais , je l'ai dit, comme je ne peux que lire sur mon PC et que, finalement, je n'aime pas l'expérience Kindle ; cette lecture me prend beaucoup plus de temps que la normale.
Et les débuts lents, la narration assez banale et l'écriture parfois approximative - bien que pas déguelasse -, n'aident pas à s'accrocher. Au début on croit à une banale histoire d'amour-Internet qui finira pas une fille violentée et prostituée. Mais non...
Bon, la fille est violentée.
Son devenir est violent.
Mais ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais.
On passe de la banale face B de "Atipo mon mari" de Dibakana Mankessi à un truc beaucoup plus gore fait de schizophrénie, prise d'otage psychologique, drogue du violeur...
A 65% de ma lecture (oui, chez Kindle on ne parle pas en terme de pagination :-( ), je suis vraiment accroché par l'intrigue. Du coup le style, l'écriture, la narration passent en second plan. Là, je pense avoir à faire à une vraie storyteller.
Il était seul dans la chambre, Meuna était en train de terminer son examen. Il était resté dehors deux jours et ça avait été les jours les plus longs de sa vie, trop ennuyeux. Il avait laissé Meuna aller seule ce matin avec les recommandations précises. Elle savait qu'elle ne devait pas commettre une erreur. Il avait préféré rester à la maison et travailler sur certains dossiers à distance. Il s'était rendu à la salle de bain juste pour satisfaire un besoin urgent et voilà que son reflet l'agressait déjà.
Alain, nous vivons ensemble, ù que tu ailles, je serai là, tu le sais bien pourtant !
Alors cesse de me harceler et laisse-moi tranquille !
...
Ceci est un premier roman et on voit facilement quand une auteure est une vraie "raconteuse" d'histoire et sera capable d'encore mieux construire et densifier ses personnages. Après, il faudra murir l'écriture, affiner un vrai style moins scolaire, plus maitrisé. Mon grand frère Sami Tchak a une médication parfaite pour cela : lire, lire et encore lire de grands livres pour nourrir son écriture.
" Le mot beauté avait trouvé une signification avec ce mec. Du haut de ses pauvres vingt ans, c'était la première fois qu'elle contemplait une photo pareille. Elle avait l'impression que la photo lui parlait.
[...]
C'est mon petit frère, Meuna, l'interrompit Hortense fièrement il a vingt-huit and, bientôt vingt-neuf et c'est un financier à Londres, il s'appelle Alain !
Beau prénom pour un garçon séduisant !
Oui je vois, répondit Meuna bêtement.
Je voudrais vous mettre en contact si tu le veux bien, Ok ? Je lui ai parlé de toi et il attend ton invitation.
Surprise intérieurement, Meua s'interrogea. Pourquoi un mec pareil avait-il besoin de sa sœur pour lui trouver une petite amie ? Londres étai situé sur Mars ou quoi ? Pourquoi devrait-elle envoyer une invitation ? Elle ne comprenait pas.
Tata, je ne sais pas. Est-ce que je peux y réfléchir ?
Réfléchir ? Le cœur de Meuna battait la chamade, elle avait envie de crier : "Oui je le veux ! " Mais l'instinct de survie subsistait encore quelque part en elle. Il fallait être prudent. Les réseaux sociaux sont un piège qui pouvait vous avaler. Elle s'en méfiait. Bien que n'étant pas une utilisatrice assidue, elle avait déjà entendu parler des ravages qu'ils engendraient. "