Provoquant une baisse significative de la production et de la consommation, le virus chinois a provoqué la mort d’une victime supplémentaire et non des moindres : le rat. Il faut le comprendre évidemment au sens figuré, à savoir notre animal intérieur, celui qui court après le travail pour gagner encore plus d’argent et acheter à n’en plus finir, bref la Rat Race. Cloîtrés à domicile, nous sommes contraints de vivre au ralenti et de limiter nos dépenses. Certains mêmes se retrouvent au chômage, en partie ou totalement. Le monde s’est arrêté, les rues sont vides, les bouchons ont disparu sur les autoroutes, on entend les oiseau chanter. Le calme est revenu. Quelque part, il faut bien le reconnaître, ça fait du bien. On peut enfin prendre le temps de se reconnecter à soi-même. Dommage qu’on ait besoin d’un organisme microscopique pour s’en rendre compte.
Cette parenthèse bucolique s’arrête malheureusement déjà là. Ceux qui croyaient le rat définitivement enterré se sont trompés. Il est là, aux aguets sur les starting-blocks, trépignant d’impatience, plus fort que jamais, prêt à bondir et tout dévorer sur son passage. À peine la courbe des contaminations au virus chinois commençait à fléchir que les milieux économiques et mêmes certains syndicats demandaient la levée des mesures de confinement. Parce qu’il ne faut pas déconner avec le travail. On ne va quand même pas rester comme ça à ne rien faire pendant plus de quatre semaines. Et peu importe si le nombre de cas repart à la hausse car maintenant l’industrie est prête, les chinois reproduisent des masques, Migros a mis sous cage ses caissières, General Motors a réussi à transformer ses SUV en respirateurs artificiels et la distillerie Morand produit même du gel hydro-alcoolique à 73.- le litre, à partir d’eau-de-vie de poire.
On vit vraiment une époque formidable.