Cette étude déjà validée et à paraître dans la revue Nature apporte des données virologiques précieuses, non seulement aux personnels hospitaliers qui prennent en charge des patients atteints de COVID-19 et doivent parfois décider de retour à domicile, mais aussi aux patients et à leurs familles sur le cours de la maladie. Cette « analyse » virologique menée par une équipe de la Charité Universitätsmedizin Berlin confirme ainsi de nombreuses observations de médecins, confirmant un cap, le 8è jour, pour les formes moins sévères de la maladie et précise le seuil viral de contagiosité.
En laboratoire de niveau de biosécurité 3, les chercheurs allemands ont mené des tests sur des échantillons de sang, d'expectoration, de selles et d'urine de ces patients COVID-19. L'objectif était de mesurer l'évolution de la charge virale et de détecter les anticorps capables de neutraliser le virus SARS-CoV-2, c'est-à-dire d’arrêter le processus infectieux. Les chercheurs apportent ici un rapport détaillé sur l'évolution clinique et le traitement du premier groupe allemand de patients allemands atteints de COVID-19. Cette analyse permet une première ébauche des critères déterminant le stade auquel les patients traités dans des hôpitaux ayant une capacité limitée peuvent être libérés ou transférés en toute sécurité.
Ce suivi rigoureux des 9 premiers cas allemands apporte des données très précieuses
Cette étude est menée auprès du 1er cluster de patients traité en Allemagne, près de Munich. 9 de ces patients ont ensuite été pris en charge à la clinique München Klinik Schwabing, explique l’auteur principal, le Pr Christian Drosten, directeur de l'Institut de virologie de la Charité Universitätsmedizin Berlin : « À ce moment-là, nous savions vraiment très peu de choses sur le nouveau coronavirus que nous appelons maintenant SARS-CoV-2. Notre décision d'étudier ces 9 cas de très près tout au long de leur maladie a abouti à la découverte de nombreuses données très précieuses sur ce nouveau virus ».
- Les patients traités à notre hôpital étaient tous jeunes ou d'âge moyen ;
- leurs symptômes étaient généralement légers et comprenaient des symptômes pseudo-grippaux comme la toux, la fièvre et une perte de goût et d'odorat ;
- tous les cas étaient liés à un cas index, ce qui signifie que ces cas n'ont pas été simplement étudiés sur la base de leurs symptômes.
Les 9 patients ont subi des tests quotidiens à l'aide d'écouvillons nasopharyngés (nez et gorge) et d'échantillons de crachats. Ces tests ont été poursuivis tout au long de leur maladie et jusqu'à 28 jours après l'apparition initiale des symptômes. Les chercheurs ont également collecté des échantillons de selles, de sang et d'urine chaque fois que cela était possible. Tous les échantillons prélevés ont été testés pour le SRAS-CoV-2 par 2 laboratoires différents et indépendants.
Principales observations :
- tous les patients COVID-19 ont montré un taux élevé de réplication virale et d'excrétion dans la gorge au cours de la première semaine de symptômes ; les échantillons d'expectoration ont également montré des niveaux élevés d'ARN viral ;
- des particules virales infectieuses ont été isolées à la fois à partir des prélèvements pharyngés (gorge) et des échantillons d'expectorations : » cela suggère que le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 n'a pas à se déplacer vers les poumons pour se répliquer » ;
« le virus est capable de se répliquer alors qu'il est encore dans la gorge, ce qui signifie qu'il est aussi très facile à transmettre«
- dans la plupart des cas, la charge virale a considérablement diminué au cours de la première semaine de symptômes ;
- bien que l'excrétion virale dans les poumons ait également diminué, cette baisse s'est produite plus tard que dans la gorge ;
- les chercheurs n'étaient plus en mesure d'obtenir des particules virales infectieuses
à partir du 8e jour après l'apparition initiale des symptômes ;
- cependant, les niveaux d'ARN viral sont restés élevés à la fois dans la gorge et les poumons ;
- les échantillons contenant moins de 100.000 copies d'ARN viral ne contiennent plus de particules virales infectieuses ;
- une charge virale élevée dans la gorge au tout début des symptômes suggère que les personnes atteintes de COVID-19 sont infectieuses très tôt, avant même qu'elles ne soient conscientes d'être malades ;
- l'infectiosité des patients COVID-19 semble être liée à la charge virale dans la gorge et les poumons.
Sur la base de ces données, les auteurs suggèrent que les patients COVID-19 ayant moins de 100.000 copies d'ARN viral dans leur échantillon d'expectoration pourraient être renvoyés, en isolement, à domicile.
Le SRAS-CoV-2 se réplique aussi dans le tractus gastro-intestinal, suggèrent les auteurs qui, néanmoins n'ont pu isoler aucun virus infectieux des échantillons de selles des patients. Aucun des échantillons de sang et d'urine n'a, non plus, été testé positif au virus.
Des anticorps dès le jour 7 suivant l'apparition des symptômes : Des échantillons de sérum ont également été testés pour les anticorps contre le SRAS-CoV-2. La moitié des patients testés avaient développé des anticorps au jour 7 suivant l'apparition des symptômes et des anticorps ont été détectés chez tous les patients 2 semaines après l’apparition des symptômes. Le début de la production d'anticorps coïncide avec une diminution progressive de la charge virale.
L’équipe poursuit ses recherches sur le développement de l'immunité à long terme contre le SRAS-CoV-2, à la fois en suivant les patients de ce premier cluster et chez d'autres patients.
Source: Nature 01 April 2020 Virological assessment of hospitalized patients with COVID-2019 (Visuel Müller / Charité)
Plus sur COVID-19
Équipe de rédaction Santélog Avr 6, 2020Rédaction Santé log