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L'an 01, film de Gébé, Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch

Publié le 06 avril 2020 par Onarretetout

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L’utopie, celle du rêve et de l’espoir, contre une autre utopie, celle qui ne mène nulle part et qui tourne en rond, j’allais écrire en ronds, mais c’est des ronds pour quelques-uns seulement et qui commencent à penser les exporter sur d’autres planètes pour ne pas avoir à les partager. Qui dilapident à cet effort-là l’intelligence et sans doute la santé des autres.

Mais revenons au film, sorti en 1973 après la formidable aventure éditoriale de la bande dessinée de Gébé. « On est trop grands pour prendre des gifles », c’est la première chose, alors on ne prend plus le train quotidien. On fait « un pas de côté » et on voit le monde différemment. On arrive même à « avoir des idées qu’on n’a jamais eues ». C’est une comédie mais ici et là on entend les questions. Pour qui faire tout ce qu’on fait ? Pour quelques-uns qui vivent du travail des autres. Ça n’a malheureusement guère changé. Peut-on imaginer ? L’imagination produit l’imagination, pas des boulons, pas de la 5G… Mais s’il y en a sur le marché, comme ces deux femmes pensant à ce que pourrait devenir la cuisinière avec « des boutons et un écran pour voir ce qu’il y a dans le four », eh bien on en achèterait. Et on en a acheté… Les publicitaires étaient payés pour ça. Faire un pas de côté. Semer des légumes sur les trottoirs des villes, par exemple, ne plus se lever à 6 heures du matin pour donner sa journée à un patron, parce qu’il n’y a plus de patron. Abolir le travail, ce n’est pas ne rien faire. Sortir du capitalisme en arrêtant tout, en regardant tomber les actionnaires des tours de Wall Street (images d’Alain Resnais), en redonnant l’autonomie aux peuples africains (images de Jean Rouch). Et en Chine ? « Ce sera en chinois »…

Voir ce film aujourd’hui, y reconnaître des visages, et ne pas tous les reconnaître parce que c’est une oeuvre collective, financée collectivement et jouée par des acteurs dont certains étaient à l’époque presque inconnus mais dont les visages aujourd’hui font partie de nos repères. Un film qui fait penser à ceux de Chris Marker, où il s’agit de donner à entendre la parole des sans voix. Voir ce film aujourd’hui et reprendre la BD parce qu’arrêtés, on l’est, et qu’il serait temps de réfléchir, sinon l’herbe même arrêtera de pousser au printemps prochain.


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