Qui pourrait décrire le désir quand il est aussi torride, chargé de succulences, impérieux ? Il échappe aux mots. Seule, peut-être, la musique peut rendre la puissance de la houle qui le porte, le souffle brûlant et les vibrations qu’il dégage. Il m’a, naguère, inspiré un tableau (allons, tant pis, fini le secret ! On sait maintenant ce que je fais). La toile était ronde, et j’avais peint une incandescence orange au centre, vers laquelle vibrait un déferlement d’ondes rouges et lavande. (J’en étais alors à ma période dite abstraite, qui suivit ma période dite figurative, laquelle précéda ma période dite postmoderniste, celle des photogrammes.) Ces ondes de rouges et de lavande, semblables aux orbes futuristes d’une meurtrissure, j’en ressens physiquement le choc à présent : elles me pénètrent, m’envahissent avec les caresses de mon amant qui parcourent mon corps, glissent jusqu’à mes fesses, se coulent entre mes cuisses où ses doigts écartent la fente de la culotte rouge, trouvent l’orée satinée. Et je me liquéfie…
La suite, qui ne la connaît d’avance, moi la première ? – à ceci près que je suis affolée de désir.
Erica Jong, Nana blues
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