Encore moins crédible que la partie 3, la quatrième partie de la Casa de Papel s'embourbe définitivement dans un braquage incohérent, musclé mais balourd.
En plein braquage de la banque d'Espagne, les complications arrivent de l'extérieur comme de l'intérieur pour la bande de El Professor. Finie l'époque où La Casa de Papel était une petite série indépendante produite par Antena 3 puisque maintenant Netflix a les pleins pouvoirs et y plonge ses gros sabots bien américanisés. C'est plus spectaculaire, plus dynamique, mais pas forcément plus intéressant.
Pourtant le créateur Alex Piña assure la main mise sur son bébé, véritable phénomène mondial, en créant le studio de production espagnol Vancouver Media. Une façon de garder les mains dans la paella malgré une sévère baisse de régime narratif. Néanmoins, tous les ingrédients sont là pour faire perdurer notre addiction durant 8 épisodes particulièrement soutenus, sans aucune faute de rythme. Sauf que le show ne semble plus savoir quoi dire, quoi faire, si ce n'est à tout faire exploser, surtout notre patience.
Dios mio...
Après un cliffhanger carrément fou, cette saison continue sur ce principe de nous laisser hébété à chaque fin d'épisode. On reprend donc là où on s'était arrêté. Nos braqueurs sont en mauvaises posture en pleine banque d'Espagne, Nairobi bien mal en point et le Professor anéanti. Deux chasses s'installent, à l'intérieur et à l'extérieur de la banque, pour nous faire partager les différents destins des personnages, de parfaits reflets scénaristiques pour nous maintenir sous pression. De là chacun se ressaisit et commence un jeu du chat et de la souris bien familier entre faux semblants et twists à n'en plus finir. Bref du tout cuit.
Mais de ce postulat inhérent et qui ressemble vaguement à une impasse narrative, la Casa de Papel change son fusil d'épaule et transforme le show en véritable slasher en plein huis clos. Sur le papier, l'idée est astucieuse. Une infrastructure prétendument sécurisée devient un terrain miné où un assassin surentraîné fera tomber un à un nos petits chéris. L'occasion d'avoir de beaux moments sous tension et de dynamiser un peu le récit englué dans un interrogatoire interminable chez les policiers inefficaces, qui posent 35 fois les mêmes questions, ou les traditionnels conflits d'égos au sein des braqueurs en pleine crise d'adolescence.
©NetflixSauf que ce dynamisme paraît bien superficiel. Cela se traduit par l'ajout d'une violence extrêmement graphique, où les balles pleuvent comme en 14 malgré des tireurs atteints du syndrome du Stormtrooper. Chacun tire n'importe comment, tout explose, prend feu, pisse le sang, en gros " c'est la guerre mon colonel ". Un effet placebo pour palier à l'impasse narrative et qui sent bon l'excès de confiance de Netflix qui n'hésite pas à marteler cette quatrième partie de la Casa de Papel de musique rock à fond les ballons tout en usant des habituels artifices formels du show pour parfaire l'illusion. Jump cuts, voix off omniprésente et qui nous prend gentiment par la main, sauts dans le temps, retours en arrière, flashbacks, narration alternée, deus ex-machina à la pelle. Tout réalisme et toute plausibilité a désormais quitté ces murs. Du tout cuit on a dit.
Cependant, la Casa de Papel demeure une série attractive notamment via ses protagonistes attachants, en plus de rôles féminins extrêmement forts, qui n'hésite pas à susciter des considérations et critiques sociétales intéressantes. L'homosexualité, la transidentité ou même la procréation médicale assistée sont régulièrement abordées pour prôner le vivre ensemble quand des sujets lourds comme le viol ou et le syndrome post traumatique y sont longuement interpelés. Des interventions qui apportent une plus value narrative nuancée et bienvenue. Mais c'est mince, surtout quand c'est pour appuyer les traits de caractères de personnages qui virent au stéréotype stérile, devenus de véritables caricatures de ce qu'ils étaient.
La quatrième partie de la Casa de Papel est encore une fois follement addictive mais quelques bonnes idées ne suffiront pas à faire de cette peinture saturée la révolution attendue. Dommage, c'est parti pour durer...