IL ÉTAIT TEMPS
Il était temps
que les mots s’unissent pour forger un visage
Comète échouée sur la terre en friche
j’arpente une ligne de crête
adossée aux ossements
de l’air
Contre le ciel je me suis dressé
gueule ouverte
pour lacérer la membrane transparente
du silence
Sans cesse
je me heurte au cœur sismique
aux nerfs charnels
comme des paupières
Sous mes pas
le chemin s’effondre sans fin
Aveugle
je perds mes mots dispersés par le vent
.
LA ROUTE
Partir
au détroit de la nuit
Effeuiller les images hivernales
qui hantent la blancheur de mes yeux
La route est absente
quand le temps se rétracte dans sa coquille noire
La route se dessine
quand les pupilles éclairent
un profil
tapi dans l’angle mort de la vie
Un rien de nonchalance allège mon pas
happé par le vide
Désertons l’immense étendue
de la ville
.
Jean-Marc Baholet est né en 1969 dans les Yvelines. Bibliothécaire à Paris, ses poèmes sont parus notamment dans les revues ARPA, Décharge, Incertain Regard et Phoenix.