J'avais déjà croisé Edouard Barthe dans tel ou tel de mes livres des années 30 et 40 qui le citaient. Rien de plus normal pour celui qui fut à l'origine de l'"Œuvre du vin chaud du soldat", en 1939 et peut-être plus sérieusement (encore que "L’œuvre" fut très sérieuse) le créateur de la " Ligue des petits et moyens viticulteurs". Dans le même temps il présida l'Institut National des Appellations d'Origine.
Entre autres fonctions officielles, il fut aussi président de l'OIV et fit donc, à ce titre, une allocution introductive au Congrès International du Vin de Bad Kreuznach ... le 21 août 1939.
Edouard Barthe, je l'ai aussi et surtout croisé dans : "le vin et la guerre" sous-titré "comment les nazis ont fait main basse sur le vignoble français"?
Écrit par Christophe Lucand, ce livre brosse le portrait de la France vitivinicole sous l'Occupation. Et ce portrait est, généralement, tout sauf glorieux ! A ce propos : notons qu'on y croise régulièrement des noms bien connus, encore aujourd'hui, et que çà fait quand même bizarre ... on y croise donc aussi Edouard Barthe.
Pour faire simple : disons que pour ce que j'en ai compris, Edouard Barthe sortira propre et digne de la période de l'Occupation, et que ce ne sera pas le cas général dans le monde vitivinicole de l'époque (pour le reste je vous renvoie au travail et au livre de Christophe Lucand !).
Mais mon propos n'est ni de donner des leçons de morale, ni de faire l'hagiographie d'Edouard Barthe. Il s'agit plutôt d'évoquer un petit ouvrage dont il est l'auteur.
Ce livre s'inscrit dans la lignée de certains autres que j'ai déjà évoqués dans tel ou tel billet de ce blog. Pare exemple : le délicieux "la vérité sur le vin", le "De Liber Vinis" de de Villeneuve, ou bien cette veille histoire de l'affaire des pains à la Reine et ses échos modernes, et enfin : "A votre santé", mon récent billet qui évoque divers traitements à base de vin utilisés pour lutter contre la fièvre.
Aujourd'hui il s'agit donc d'un petit livre écrit par Edouard Barthe et paru en 1933. L'auteur y indique d'entrée qu'il l'a écrit après avoir consulté une thèse de médecine alors que, grippé, il était contraint au repos.
Ce livre c'est : "La réhabilitation du vin par la Faculté de Médecine". Pas moins !
Notons que l'éditeur n'est autre que le "Comité de propagande en faveur du vin" ... qui est alors présidé par Edouard Barthe.
Ce livre se fonde sur la thèse du Docteur Dougnac, que l'on peut encore trouver chez tel ou tel bouquiniste dans l'édition originale (1933) ou dans la seconde édition (1935).
Soutenue à Bordeaux, elle est intitulée :
"Le vin aux points de vue physico-chimique, physiologique, hygiénique et thérapeutique.".
Edouard Barthe l'a visiblement trouvée enthousiasmante. Moi aussi. Mais peut-être pas pour les mêmes raisons ?
Florilège de l'opuscule qu'elle inspire donc à E. Barthe :
Nous avons, par exemple, doit aux agréables vertus de la radioactivité en général et de celle du vin en particulier.
(je possède un opuscule commis par G. Jacquemin qui, à peu près à la même époque, chante les vertus des levures radioactives qui sont, de ce fait, mieux à même de s'implanter et de donner des vins propres, nets et sains).
Bien évidemment (fallait il perdre du temps à préciser une telle évidence ?) le vin est un aliment tout aussi sain que complet et agréable.
D'ailleurs - et on ne le dira jamais assez ! - si le vin est un aliment il est aussi, il est surtout, un médicament tant préventif que curatif.
Oui :
"Le vin permet aux gens bien portants de ne pas devenir malades et aux malades de retrouver des forces et de revenir à la santé."
Il était nécessaire de le rappeler !
On trouve bien entendu quelques données scientifiques qui sont tellement lumineuses qu'elles n’appellent aucun commentaire de ma part :
Soigner la tuberculose à grands coup de Médocs (je parle de l’appellation) ou de Fitou ?
Il suffisait d'y penser.
Je vous épargne le longue liste des bienfaits de tel ou tel composant du vin pour conclure en laissant la parole à E. Barthe (c'est l'auteur lui même qui a choisi d'accentuer certains mots) :
""Puisque l'élément minéral permet aux fonctions de s'exercer plus rapidement et qu'on ne discute plus en biologie son importance, fût-il employé à l'état de traces sur les échanges nutritifs, il est permis de dire qu'en raison de sa teneur en calcium, magnésium et silicium (pour ne parler que de ces métaux), le vin jouit de propriétés biologiques et même pathologiques spéciales.
Le vin représente la synthèse, sous une forme agréable et vivante, des principales substances minérales nécessaires à l'accroissement et l'entretien de l'organisme humain."
Cette conclusion est très claire, je crois inutile de la commenter".
Je le crois également ...