En France, 10% des élèves considèrent l’école comme un lieu de souffrance, un endroit qui provoque chez eux un mal-être psychologique pouvant les mener à l’isolement, au décrochage scolaire, à la dépression et même au suicide pour les plus fragiles.
Cette violence psychologique et physique est parfois difficile à détecter car l’harceleur agit souvent en cachette. La lutte contre le harcèlement scolaire est devenue la préoccupation de tous, parents d’élèves, personnel éducatif et gouvernement.
En 2012, le ministère de l’Education nationale s’est associé à l’Unicef France autour d’une compagne de sensibilisation intitulée :"Agir contre le harcèlement à l’école", constituée en la diffusion de petits films sur les réseaux sociaux et à la télévision afin de sensibiliser le maximum de personnes sur le sujet.
D’autres formes de lutte existent à travers tout le territoire, des conférences, des forums et des interventions de spécialistes au sein des structures scolaires. Le but est d’être en proximité avec les enfants et d’apporter les conseils adéquats aux personnels éducatifs ainsi qu’aux parents, sur les méthodes à adopter face à de telles violences… mais aussi parler aux enfants, meneurs ou victimes, du danger et des conséquences de cette pratique.
Un numéro vert, 3020, est mis en place afin d’apporter des solutions psychologiques et juridiques aux familles.
Dans le département de la Martinique la prévention et la lutte contre le harcèlement sont également fondamentales pour permettre aux élèves d'avoir une scolarité épanouie.
Mardi 18 février un forum autour du harcèlement a eu lieu à la cité scolaire RAMA, située dans la commune de Sainte Luce, au sud de l’île. Animée par Daniel Milar, chercheur en sciences de la famille et praticien de la relations d’aide. Ce docteur en théologie, ancien élève et professeur à Rama, a côtoyé les deux catégories. Pour lui le sujet du harcèlement est particulier car il remet en question les élèves mais aussi les parents dans leur pratique éducative. En tant que parent, il est en effet difficile d’admettre que son enfant puisse faire subir un tel calvaire à un autre.
Daniel Milar a fait une analyse du profil psychologique des élèves :
•les meneurs qui sont souvent à l’origine du harcèlement, n’intègrent pas les lois qui régissent la vie en société. Ils ont souvent une mauvaise estime d’eux même.
En se fondant sur la recherche de la psychologue Hélène Romano, le docteur affirme que les meneurs ont peu, ou pas, d’empathie. Ils ont un attachement conflictuel avec l’adulte. Il est souvent difficile d’intervenir auprès d’eux.
•Les suiveurs, des enfants qui ne sont pas à l’initiative des violences mais participent par leur présence et leur encouragement. L’intervention auprès de ce segment est plus aisée car ils sont facilement récupérables et peuvent être formés à la non-violence.
•Les "Lady Di", un profil qui ne présente que 2% des élèves, des enfants beaux, intelligents et sympathiques qui se déplacent d’un groupe à un autre, qui n’ont pas besoin de harceler pour être populaire.
•les" Nelly Olsen", qui fait référence à un personnage de la série la petite maison dans la prairie, "ces enfants sont populaires et arrivent à retourner un groupe contre une seule personne".
•les victimes : qui face à cet usage répété de violence contre eux, se retrouvent seuls, intimidés et sans défense. Même en rentrant chez eux, ils restent poursuivis par leurs bourreaux : avec la croissance du cyber harcèlement, ces enfants ne connaissent plus de répit.
Pour lutter contre ce genre de pratique, il est primordial de détecter les signes de violences dès leur apparition.
Selon Daniel Milar, il y aurait deux thèses :
1-mettre les deux parties en confrontation : mais cela ne fera que calmer les choses et l’acteur de violences reprendra ses habitudes.
2-armer et former le harcelé à reprendre la main pour réagir de lui-même, en optant pour une stratégie qui déstabilisera son bourreau et l’éloignera. Ce dernier, ne trouvant plus de gratification de ses gestes cessera ses maltraitantes.
Mais il faudra tout de même rester vigilant, souligne Daniel Milar, pour que la victime ne devienne pas harceleur à son tour, et fasse subir les mêmes pratiques à d’autres élèves. Il y a une connexion entre les deux et la frontière est très mince.
La lutte contre ce phénomène reste une affaire de tous, et les campagnes de sensibilisation devraient se poursuivre jusqu’au moment où ces pratiques seront complètement éradiquées si tant est que cela soit possible...
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