De ces jours où rien, ni chaussons de danse du soleil,
yole à quai, petit vent allègre du matin
ni promesses sur l’étagère, n’incite à prendre son élan
Le ciel reflue comme par intervalles la mer s’en va,
lasse d’être labourée à des lieues du rivage
et on pressent qu’on ne partira pas ou si peu avant le vrai départ
mais alors, avec ici et ce temps-ci quelle différence ?
Ou bien on partira, mais lorsqu’on aura cessé d’attendre
la trépidation des ogres dévoreurs de territoires
le majestueux sillage des cités flottantes sur les vagues
le fulgurant emportement vers les stations spatiales
Il sera trop tard
On n’aura plus le temps de rassembler ses hardes,
de consulter le guide des derniers paradis naturels
On restera en rade, en cale sèche au radoub
à se faire lifter coque et voilure en râlant
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Claire Malroux (née à Albi en 1925) – Météo miroir (Le Bruit du temps, 2020)