Première page du journal officiel de la République argentine
publié cette nuit (en date du 31 mars 2020)
Le DNU (ordonnance) sur les licenciements est le troisième point du sumario
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Cette nuit, le gouvernement argentin a fait publier un supplément au journal officiel pour publier une nouvelle série d’ordonnances dont une qui interdit pour une durée de 60 jours les licenciements et les interruptions de salaire sans cause réelle et sérieuse (sin causa justa) (1) ainsi que ceux qui sont motivés par la diminution d’activité, le manque de travail ou le cas de force majeure.
Gros titre : "Le Gouvernement interdit pour 60 jours
les licenciements et les interruptions de salaire"
tandis que sa photo est pour Central Park à New York
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Or deux entreprises technologiques de taille nationale, Techint puis, quelques jours après, Mirgor, viennent de licencier l’une 1.450 salariés, l’autre 755, en profitant du confinement alors que le gouvernement menait des négociations avec les organisations patronales pour établir des mesures de soutien aux entreprises et à l’emploi. Le gouvernement est très vite intervenu en obligeant Techint à réintégrer l’ensemble des salariés remerciés et à négocier un plan social, ce qui va obliger l’employeur à justifier sa décision. Il va sans doute en aller de même pour Mirgor.
Première page du décret
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Par ailleurs, le gouvernement a établi différentes mesures au bénéfice des PME, parmi lesquelles des délais de paiement, des exemptions temporaires d’impôts et contributions sociales et l’instauration d’un fonds d’aide financière.
"L'Etat répond présent", préfère titrer Página/12
en valorisant par l'image l'industrie lourde
qui n'est pas la plus développée en Argentine
Pendant ce temps-là, depuis deux ou trois jours, tous les soirs à 21h30, l’opposition met en musique des concerts de casseroles aux fenêtres et lance des mots d’ordre sur les réseaux sociaux pour exiger que les politiques en poste, élus ou nommés, renoncent à une partie de leurs indemnités de mandat ou de leurs rémunérations de fonction. Le plus curieux, c’est que pour le moment, personne à la Ville Autonome de Buenos Aires, gouvernée par une majorité de droite, n’a annoncé le moindre renoncement à quoi que ce soit. En revanche, à la Chambre des députés nationale, dominée par une majorité de gauche, le président Sergio Massa (péroniste rallié à Alberto Fernández) lance les opérations sur le sujet. Au Sénat, rien n’est encore en route mais sa présidente, la vice-présidente Cristina Kirchner, est en quarantaine pour une dizaine de jours encore car elle rentre de Cuba où sa fille était soignée depuis une dizaine de mois.
Pour en savoir plus sur les mesures concernant les licenciements : lire l’article de Página/12 lire l’article de La Prensa lire l’article de Clarín lire l’article de La Nación
(1) En temps normal aussi, le licenciement sans cause réelle et sérieuse est interdit. Encore faut-il que la victime de cette manœuvre ait les moyens de faire reconnaître cette absence de cause par un tribunal. Il va donc falloir maintenant que l’employeur ait de solides arguments et des preuves contre un salarié pour le licencier. Un licenciement maintenant est a priori suspect.