Traitement médicamenteux de la thyroïde

Publié le 29 mars 2020 par Anne-Sophie Delepoulle @sosphamanet

En cas de troubles de la thyroïde, plusieurs traitements médicamenteux sont envisageables selon les situations

Traitement de l’hyperthyroïdie

Introduction SelectAfficher

Le traitement de l’hyperthyroïdie se fait par l’administration d’antithyroïdiens de synthèse (ATS) par voie orale .

On peut avoir aussi recours à l’iode (solution de lugol fort), à l’iode 131 ou à la chirurgie

Antithyroïdiens de synthèse ou ATS SelectAfficher

Carbimazole Néo-Mercazole®

Benzylthiouracile Basdène®

Thiamazole Thyrozol® Métabolite actif du carbimazole.

Propylthiouracile (PTU) Proracyl® 50 indiqué chez la femme enceinte.

Ces médicaments inhibent l’hormonogénèse à tous les niveaux. => Hypothyroïdie iatrogène qui sera compensée par des hormones thyroïdiennes pendant toute la durée du traitement

Besoin d’attendre que le pool d’hormones soit épuisé; donc évaluation de l’efficacité du traitement au bout de 15 jours.

Posologie

Une dose d’attaque de 20 à 60 mg/j pendant 6 semaines est préconisée au départ pour faire effondrer la production d’hormones, puis diminution à une dose d’entretien de 5 à 20 mg/jour.

Prendre le traitement en 1 ou 3 prises au moment des repas pour augmenter la tolérance digestive.

Précautions d’emploi:

  • Ne pas administrer les ATS en présence de troubles modérés à sévères de la numération globulaire (contrôle régulier de la numération, formule sanguine ou NFS au cours du traitement). Ajustement du traitement anticoagulant à envisager.
  • Un traitement complémentaire par bétabloquant est souvent nécessaire pour contrecarrer les troubles du rythme cardiaque, les palpitations et les tremblements.

Iode 131 SelectAfficher


L’iode 131 est réservé aux personnes âgées (pas d’impact sur la fertilité, pas de risque pot-opératoire)

Traitement de l’hypothyroïdie = hormones thyroïdiennes

Généralités SelectAfficher

Le traitement prescrit par votre médecin est dans la plupart des cas un traitement à vie.

Le traitement par les hormones thyroïdiennes permet de compenser une hypothyroïdie soit d’origine périphérique (thyroïdienne) ou centrale (hypophysaire). Cette hormonothérapie substitutive, encore appelée opothérapie permet de rétablir l’euthyroïdie.

Hormonothérapie substitutive SelectAfficher

Hormonothérapie substitutive

Lévothyroxine = T4 Lévothyrox® (forme T4
lévogyre)

Médicament prescrit en première intention. C’est une prohormone qui ne sera véritablement active qu’après sa métabolisation en hormone LT3.

Posologie: 1 prise par jour en raison de sa longue
demi-vie de 7 jours. 1 à 2µg/kg/jour chez l’adulte. A prendre le matin à jeun, 30 minutes avant le petit déjeuner en raison du risque de fixation aux protéines plasmatiques (augmentées après un repas) et donc du risque d’inactivation.

Adapter la posologie en fonction du dosage sanguin de la TSH (toutes les 6 semaines). La posologie est introduite de façon progressive, surtout chez le sujet âgé ou cardiaque. L’augmentation de posologie se fait par paliers de 10 à 20% toutes les 2 à 4 semaines.

Liothyronine = T3 Cynomel® cp à 25mg
Tiratricol Téatrois®

Sa demi vie est plus courte donc ce médicament doit être administré en 3 prises/jour: Adulte 75 mg/jour. Enfants de plus de 6 ans, adapter la posologie en fonction du dosage des hormones.
Le tiatricol est réservé en cas de résistance aux
hormones thyroïdiennes et de cancers thyroïdiens différenciés

Mélange T3+ T4  Euthyral®

Médicament réservé dans quelques cas particuliers

Mise en route du traitement SelectAfficher

Sa mise en route doit se faire par pallier jusqu’à une dose efficace de 100 à 150 µg/jour pour les hypothyroïdies primitives et un peu moins dans les hypothyroïdies secondaires. La posologie doit être ajustée jusqu’à normalisation de la TSH.

Chez le sujet jeune, la dose initiale peut être de 50 µg/j et atteindre rapidement 100 µg/j.

Chez le sujet âgé ou à risque cardiovasculaire, l’augmentation des doses doit s’effectuer très progressivement, sous surveillance clinique et électrocardiographique en raison du risque d’aggraver des cardiopathies ischémiques latentes et du risque d’apparition des troubles du rythme.

Respectez les modalités de prise du médicament SelectAfficher

Le traitement par les hormones thyroïdiennes est très efficace mais attention, il est tout aussi dangereux s’il est mal pris!

Prendre les comprimés de lévothyroxine le matin à jeun 2O à 30 mn avant le repas pour garantir une absorption intestinale optimale, avec un grand verre d’eau. Attention, le jus de pamplemousse ralentit l’élimination des médicaments et risque de les rendre toxiques !!!

Il est préférable de prendre son traitement tous les jours à la même heure

Les effets du traitement (sur la fatigue, la constipation…) ne sont pas immédiats. Ils se manifestent au bout de 15 jours à 1 mois.
Bien respecter le dosage prescrit par le médecin et les ajustements de posologie : l’état d’équilibre est plus ou moins long à obtenir.

Ne pas conserver les boites de médicaments des dosages précédents qui ne sont plus utilisés. Ils sont source de confusion et peuvent être ingérés par mégarde.

Que faire en cas d’oubli?

L’oubli ponctuel est sans conséquence. En cas d’oubli d’un comprimé, on peut prendre la dose hormonale au moment où l’on s’en aperçoit 12 heures au moins avant la prochaine prise sinon il est préférable de la sauter

Précautions d'emploi SelectAfficher

Les hormones thyroïdiennes étant hyperglycémiantes, une surveillance renforcée de la glycémie et une adaptation de la posologie des hypoglycémiants sont nécessaires en cas de diabète.

Consommez avec modération la nourriture japonaise, les sauces à base de soja, les yaourts ou jus de soja, les aliments riches en iode

Une adaptation de posologie est aussi nécessaire en cas d’apparition de cirrhose et/ou de malabsorption intestinale.

En cas de grossesse

Les besoins en lévothyroxine peuvent être fortement accrus en cas de grossesse où une adaptation thérapeutique est nécessaire. En début de grossesse, il est préconisée une augmentation de 25% car la thyroïde fœtale  n’est fonctionnelle qu’à 12 semaines d’aménorrhée.

Un suivi de la TSH est renforcé pendant toute la grossesse et après l’accouchement.

Effets indésirables SelectAfficher

  • Aggravation des troubles cardiaques préexistants (angor, infarctus, troubles du rythme…)
  • Signes de surdosage en hormones thyroïdiennes : Tachycardie, tremblements, insomnies, nervosité, diarrhée, sueurs, amaigrissement rapide. Devant l’un ou plusieurs de ces signes, consulter votre médecin rapidement.
  • Possibilité d’hyper calciurie chez l’enfant.

Interactions médicamenteuses SelectAfficher

Les hormones thyroïdiennes majorent l’activité des anticoagulants oraux avec une augmentation du risque hémorragique. Il est nécessaire de renforcer la surveillance de l’INR et adapter éventuellement la posologie des anticoagulants en début de traitement.

Les inducteurs enzymatiques (phénytoïne, rifampicine, carbamazépine) augmentent le catabolisme des hormones thyroïdiennes et nécessitent un ajustement du traitement thyroïdien.

Diminution de l’absorption des hormones thyroïdiennes si prise concomitante de:

  • Anti-acides
  • Sels de fer
  • Produits à base de calcium

Attention à l'automédication SelectAfficher

Signaler toujours au médecin ou au pharmacien la prise de ce médicament car de nombreux traitements, même en vente libre, interfèrent avec la lévothyroxine.

Eviter l’aspirine et tout complément alimentaire contenant de l’iode (attention aux compléments alimentaires minceur…).
Signalez à votre médecin si vous prenez des compléments alimentaires pour la ménopause à base de phyto-œstrogènes (surveillance accrue des prises de sang nécessaire). Certaines plantes interfèrent aussi comme le fucus, la sauge, le millerpertuis par exemple. Plus d’infos sur: Thyroïde et médecines naturelles

Éviter la prise simultanée de pansements gastriques, d’antiacides ou de médicaments à base de fer, qui diminuent l’absorption digestive de la lévothyroxine.
Laisser un délai de 1 heure minimum entre la prise de ces traitements.

Comment vérifier l'efficacité d'un traitement thyroïdien? SelectAfficher

Surveillance clinique du traitement

Après l’initiation d’un traitement : il faut revoir votre médecin au bout de 2 mois. Votre médecin fera un suivi clinique et recherchera la disparition des symptômes d’hypothyroïdie et dépistera les signes d’un éventuel surdosage.

Signes cliniques d’un surdosage: tachycardie, tremblements, insomnie, excitabilité, sueur, amaigrissement rapide, diarrhée.

Signes cliniques d’un sous-dosage: asthénie, perte des cheveux, fatigabilité musculaire, difficulté à perdre du poids, troubles des règles, constipation…

Surveillance biologique du traitement

Liens utiles SelectAfficher

Quand faut-il consulter un médecin? SelectAfficher


  • En cas de signes d’un surdosage en hormones thyroïdiennes: Palpitations, insomnies, nervosité, diarrhée, sueurs, amaigrissement
  • En cas de fièvre et de signes d’infection (douleurs d’angine) ou des ulcérations buccales, consulter en urgence si vous êtes sous ATS: Risque d’agranulocytose!
  • Effectuez les examens médicaux : Il est important de bien respecter les visites indiquées par votre médecin ainsi que les contrôles biologiques hormonaux qui permettent d’adapter le dosage de lévothyroxine. Une fois la dose d’équilibre atteinte, un à deux contrôles par an suffisent.

En cas de grossesse

la surveillance clinique et biologique est renforcée car les besoins en hormones thyroïdiennes sont alors modifiés.

La sélection de votre pharmacien

Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), www.sospharma.net, ma pharmacie en ligne

Dernière modification le: Mar 29, 2020 @ 14 h 46 min