Magazine Journal intime
Ça y est, depuis une semaine je suis sur mon lit, l'homme dort ailleurs. Confinée avec mon masque, mon dessus de lit qui se prend pour une couette, un bout de pelouse, une étendue d'eau, un tapis magique et juste une boule de poils bien emmêlée qui, elle, ne supporte pas que je sois seule.
J'ai la version light du coronavirus: peu de fièvre, de la toux, de très beaux maux de crâne, des courbatures et une fatigue variable. Un ou deux matins, j'ai cru que le médecin s'était trompé. Mais non, un rien me fatigue. Alors que fais-je, là actuellement, à écrire sur ce média que j'ai pourtant laissé à la traine depuis un certain temps. Bah le moral! Je n'en peux plus, alors oui, je vais avoir du mal à récupérer de cet effort mais là j'en ai besoin.
Même avec une version light, ce n'est toujours pas une période fun! Vous vous sentez très très faible et les quintes de toux ne vous laissent pas. Vous prenez votre douche et puis vous devez immédiatement vous allonger pour vous reposer. Alors je devrais me préoccuper de mon année de titularisation, cette année post CRPE. Bah non, j'en ai marre. Si vous avez lu les derniers billets, vous savez que ma situation n'a pas été super agréable. D'un autre côté, cela me semblait évident d'être attaquée par le virus, je suis comme tous les PES (professeurs d'école stagiaires), une cible étoile de contagion et une origine étoile contagieuse: dans une école avec une dizaine de professeurs collègues, une vingtaine d'élèves; dans une autre, pour le "stage massé" (soit un passage formateur dans un autre cycle), une autre dizaine de collègues, une autre vingtaine d'élèves, puis votre groupe de collègues étudiants PES (soit une vingtaine d'autres), moi je fais partie de 2 groupes, plus nos profs. A cela vous rajoutez 4h30 de transports en commun deux fois par semaine (voire 3 fois) les autres jours vous comptez 1h30 par jour.
A cela rajoutez le boulot pour tenir une classe double cycle CE2/CM1, si vous ne l'avez jamais expérimenté vous ne pouvez pas savoir.... moi cela m'a pris beaucoup beaucoup de temps pour proposer quelques choses à mes élèves, en semaine, le week-end et même en vacances. J'étais épuisée.
Et non pas submergée pour un rien Madame ma tutrice.
Voilà, je sais, j'ai trop donné. Je ne vais pas terminer cette année comme il aurait fallu, pas le temps, plus l'énergie. Je veux m'offrir du temps pour ma santé, mon repos, ma famille.
Je vais fournir les traces professionnelles (évaluations), je vais bien-sûr continuer à être maitresse d'école mais le mémoire attendra l'année prochaine. Trop de retard, trop de fatigue, trop de maladie.
Et puis ce soir énervement: furieuse de voir les personnes qui ne se confinent pas, éprouvée par la franchise du médecin qui m'a diagnostiquée, révoltée par quelques messages humoristiques de mes collègues.
Je m'arrête, fatiguée, cela me laissera l'opportunité de ne pas répondre à chaud à toutes ces conneries.