J'AI PERDU UN VOYAGE!
J'avais dit à la blague, dans la semaine du 7 mars dernier, qu'une semaine commençant en nous soustrayant absurdement une heure de sommeil, et se terminant un vendredi 13, ne pouvait que produire du mal.
Je n'ai jamais pensé avoir tant raison.
Nos univers sont tous bouleversés. Pourquoi? Pour une maladie qui est fatale pour 77% des gens de 50 ans ou plus.
Plus absurde qu'absurde encore, insultant serait le mot plus précis, notre premier minus a dit, et j'ai dû réécouter pour m'assurer que je n'avais pas eu la berlue, il a appelé les gens ayant perdu leurs emplois, à faire...du bénévolat.
(...)
Suis-je dans un mauvais rêve?
Les gens, pour la plupart, qui ont perdu leurs emplois, les ont tous perdus, non seulement par fucking précaution, mais pire encore, si ces gens attrapent la Covid-19, pour la plupart des désormais sans emplois, ILS LE VIVRONT COMME ON SUBIT UNE GRIPPE NORMALE. Il n'en décéderont pas si ils n'ont pas déjà une maladie. Ils n'ont pas nécessairement 70 ans et plus en n'en côtoient peut-être jamais!
On a notre premier ministre qui exhorte nos néo-sans-emplois de devenir valet de pisse de nos aînés?
COMBIEN DE TEMPS TRAVAILLERONS NOUS AU VESTIAIRE DU PARTY DES BABY BOOMERS? Et gratuitement? Non mais calisse, un balai dans le cul avec ça? Le bénévolat, pour la génération X, ça s'appelle travailler. Parce que diplôme pas diplôme, on ne reconnaît pas toujours nos compétences sur nos chèques de paye. Et on paie des tonnes de choses qui étaient gratuites il y a 60 ans, 30 ans, 10 ans. Ne serais-ce que notre essence qui, au moment de la payer avec nos voitures à nous, a subi une augmentation de 400%. Nos parents pouvaient se le payer. Nous, on commençait nos vies au volant avec ça comme cadeau. De nos jours, l'essence baisse. C'est un effet pervers ça aussi. On prendra davantage nos voitures.
Pour ma génération, la génération du No Future, nous vivons une xème incarnation de la promesse de ce no future. Mais se rajoute maintenant le souffrance de nos enfants qui perdent leur voyage de fin d'année à New York, leur voyage sur une île, à Pâques, une saison de flag-football, une compétion de cheer, des qualifications de soccer et de sauveteur piscine, un job d'instructeur de natation pour jeunes défavorisés, un Défi Pierre Lavoie, une fin d'école secondaire dans la camaraderie, un BAL DE FINNISSANT. (qui sera lui, remis)
Je sais, je sais, y a pire. Mais impossible de ne pas être irrité/irrirant/impatienté par toute cette merde subite. Et de l'impact sur la vie du 23% qui ne mourra pas de cette grippe.
Tout n'est pas noir avec la Covid-19. C'est tabarnakement irritant, mais la pollution dans le monde se trouve réduite de manière importante par la relative inertie routière. Mes routes de travail, toute la semaine m'ont donné l'impression de me promener dans des villes fantômes. Qui étaient pourtant, Ville Saint-Laurent, Montréal, Côte-St-Luc, Dorval, Mont-Royal. C'est beau en maudit une ville sans auto. Vraiment.
En revanche, ma rue est devenue envahie de piétons. Quand je sors de l'entrée en auto, un boulevard de banlieue, le danger n'est pas une voiture dans la rue, ce sont les piétons du trottoir. Il y en a tant que quand on a vendu un truc sur le net, et que la personne est venue chercher ce truc, cette dernière nous as demandé si notre rue était toujours si surpeuplée.
Si vous en écrasez trois-quatre, je vous baisse le prix, que j'ai dit.
Misanthropie, sors de ce corps.
Et pourtant, ce serait aussi souhaité partout dans le monde, en ce moment.
Quand j'ai été cherché le bac de recyclage, j'ai fait ça en vitesse, nu pieds, dans deux souliers dépareillés de pieds droits parce que je ne trouvais pas les gauches de chacun. Personne ne devait me voir reprendre en soirée mon bac de recyclage vidé en après-midi. Et pourtant, y avait tout un public pour rigoler du gars qui marche comme un homme essayant des talons hauts.
Je suis tanné de souffrir un spectacle qui se passe ailleurs.
Ce qui n'était que bruits parasites n'a maintenant qualité que de parasite.
parasite: organisme (...) qui se nourrit strictement aux dépens d'un organisme hôte d'une espèce différente, de façon permanente ou pendant une phase de son cycle vital.
Je (re)lis La Peste d'Albert Camus. Ça me semblait de circonstances. Et c'est un maudit bon texte.
Il y a ce passage qu'y m'est resté.
"Ah! Si c'était un tremblement de terre, une bonne secousse, et on en parle plus...on compte les morts, les vivants et le tour est joué. Mais cette cochonnerie de maladie! Même ceux qui l'ont pas la portent dans leur coeur!"
Tout à fait.
Désolé du ton, mais la vie m'est imbuvable quand il ne reste plus que la comptabilité.