"Ils", ce sont bien évidemment les soignants, ce terme générique qui rassemble tous ceux qui aujourd’hui sont en première ligne pour sauver leurs vies, nos vies. Du poste le plus modeste aux professeurs, ils ont tous réclamé des moyens supplémentaires pour faire soigneusement leur travail. Ils ont tous essayé d’être pédagogues avec les politiques, ils ont tous pris du temps pour leur expliquer que la santé ne pouvait pas rimer avec économie libérale. Les politiques ne les ont pas écoutés, trop occupés à faire de la politique politicienne plutôt que de comprendre à quoi sert un service public.
Et puis d’un coup de baguette mortelle, nos gouvernants confrontés à une cruelle réalité, reconnaissent – comment pourraient-ils faire autrement d’ailleurs – que les services publics, en l’occurrence ici la santé, ne peuvent pas toujours être régis par des contingences financières. On ne peut pas faire des économies dans tous les domaines.
Et les soignants, hier traités de tous les noms sauf d’un, sont devenus des héros. Quelle ironie cruelle! Il a fallu un virus assassin pour que ce gouvernement comprenne qu’il faisait fausse route. Il a fallu ce virus aveugle qui frappe toutes et tous pour que ceux qui ont eu la prétention de prendre les rênes de la France et de remettre en cause les acquis de la fin de la Seconde Guerre mondiale, se réveillent.
Ces acquis mis en place après un épisode historique où des millions d’hommes et de femmes ont perdu la vie. Solidarité nationale, cela vous dit-il quelque chose? Il y a quelques semaines, cela faisait encore sourire les cyniques, les réalistes qui vous expliquaient avec la plus grande logique que ce n’était pas possible, que la France n’en avait pas les moyens! Impossible de satisfaire aux demandes des soignants! Et aujourd’hui? Aujourd’hui, nous nous apercevons que nous pleurons le plus petit matériel de santé. Des masques, des gants, des blouses manquent. Nos soignants sont contaminés et meurent parfois par manque de matériel. Honte à nous d’avoir laissé péricliter certains fondements de notre société acquis au prix du sang il y a maintenant 75 ans. Honte à nous d’avoir laissé faire nos gouvernants, de nous être laissés convaincre.
Aujourd’hui, notre gouvernement tente de reprendre la main en saluant quotidiennement le courage des soignants. Comment peuvent-ils ne pas se sentir mal à l’aise? Comment une fois cette crise sanitaire passée réagiront-ils? Ce sera à nous alors de leur rappeler – les mémoires sont courtes en général – les principes mêmes de ceux qui ont été à l’origine de la mise en place de la Sécurité sociale.
Tous parlent du monde d’après. Que rien ne sera plus comme avant. Cet optimisme sur la nature humaine fait chaud au cœur, mais comment y croire vraiment à la vue de l’Histoire?
Mais nous n’en sommes pas encore au bilan. Pour l’heure, nous en sommes encore à lutter pour notre survie. Alors aidons-les à nous soigner.