Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je ne danse pas.
Il se trouve, j’en suis convaincu, parmi les gens qui me connaissent depuis vingt ans ou plus, certains qui ne m’ont jamais vu esquisser le moindre pas.
Si je ne danse pas, ce n’est pas parce que je suis d’un naturel coincé, que je ne me meus pas de manière très fluide et que je crains facilement de me trouver dans une situation embarrassante.
Bon, il se trouve par ailleurs que je suis d’un naturel coincé, que je ne me meus pas de manière très fluide et que je crains facilement de me trouver dans une situation embarrassante.
Mais ce n’est pas spécialement ça qui me retient de danser. Je ne suis tout simplement pas possédé par l’envie de danser.
En soirée, causer pendant des heures avec un compère de boisson me satisfait assez pour ne pas avoir envie d’autre chose.
Même à la maison, alors qu’il n’y a ni témoins ni occasion de gêne (encore que, un miroir croisé par inadvertance…) il est excessivement rare que la musique – pourtant omniprésente – me fasse prendre mon parquet en point de Hongrie pour un dance floor.
Il m’arrive par contre assez souvent de m’adonner à la air-musique (air-guitare presque jamais, je pratique bien davantage le air-piano, le air-sax et la air-batterie, parfois) mais c’est un autre sujet sur lequel, autant vous prévenir tout de suite, il y a fort peu de chance que je revienne.
Pour autant, une à deux fois par an, sans que je l’anticipe, sans que je comprenne pourquoi, la danse me saisit comme malgré moi (toujours dans un contexte d’ivresse, cela va sans dire).
Et parmi ces une à deux fois par an, il m’est arrivé, à deux reprises au vingtième siècle, de décrocher un prix – une consommation gratuite – à l’occasion d’une manière de concours de danse en boite de nuit (oui… je sais… ce n’était pas MON idée !).
La première fois dans un minuscule établissement niché dans une ville du Cantal (mais laquelle, ça, je ne sais plus).
La deuxième fois dans une boite toulousaine à l’issue d’une fête de la musique passée là-bas et qui fut l’occasion d’une des soirées les plus dingues que j’aie pu connaître dans ma vie. (Sur cela, il est possible que je revienne par contre.)
Il est probable que ce soit davantage à l’attention que mon (assez) grand corps rigide peut attirer quand il se désarticule à la suite (ou à la traîne) du rythme musical.
Mais je préfère ne pas savoir et me dire qu’une à deux fois par an, lorsque la danse prend possession de mon corps elle agit sur celui-ci de façon à ce que ses mouvement ne soient plus que grâce naturelle.
Et je serai reconnaissant à quiconque chez mes proches possédant des images de ces une à deux fois par an, de ne jamais, jamais me les mettre sous les yeux.
Je tiens à conserver quelques illusions et préfère cesser là, par précaution, tout débat au sujet de mes rares performances. Et puis le temps presse et votre patience s’use.