Plusieurs entreprises ont montré leur engagement dans la lutte contre le Covid-19 en adaptant rapidement leurs chaînes de production pour confectionner des masques de protection ou des solutions hydro-alcooliques. Dans cette situation inédite, elles ont démontré leur dimension sociale et leur agilité leur a permis de se transformer rapidement.
C’est une tendance de fond, certes exacerbée par la crise sanitaire, que Navi Radjou et Jaideep Prabhu décrivent dans leur ouvrage « Le Guide de l’innovation frugale ». Les entreprises, notamment les grands groupes, sont attendues sur leur investissement social. Les auteurs décrivent ici des initiatives dirigées vers une frange de la population habituellement délaissée car peu solvable.
« Travailler avec le secteur public et social
Les grandes entreprises subissent une pression croissante des gouvernements, des clients et des employés pour se comporter comme des entreprises citoyennes responsables et résoudre des problèmes sociaux tenaces comme l’accès aux soins et l’exclusion financière. On part trop souvent du principe que les entreprises ne sont que des monstres assoiffés d’argent qui n’ont cure des problèmes de la société. En vérité, beaucoup d’entre elles s’en soucient, mais n’ont pas les connaissances, les compétences, les ressources ou le modèle économique nécessaire pour s’atteler de manière systématique et efficace aux problèmes sociaux. Parfois, elles ont même trop d’orgueil pour avouer leur ignorance ou leur inexpérience.
Heureusement, beaucoup d’entreprises vont demander de l’aide à des ONG pour créer des Chaînes de Valeur Hybrides (CVH). La CVH est un modèle économique qui a pour objectif de créer des produits et services abordables pour les clients modestes. Elle dépasse la RSE et la philanthropie en ce qu’elle constitue des partenariats gagnant-gagnant avec toutes les parties prenantes. Les entreprises y gagnent l’accès à de nouveaux marchés profitables, et les ONG obtiennent l’impact social qu’elles poursuivent. Des multinationales comme Danone, Citigroup, Essilor, GE et Unilever ont ainsi offert leurs produits et services à des clients BOP[1] en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Elles cherchent à présent à faire la même chose en Europe et aux États-Unis, où des millions de citoyens ne peuvent plus s’offrir de soins ou de services financiers de base. »
La crise sanitaire rend plus particulièrement visible les besoins d’actions citoyennes. Nul doute qu’à l’issue, les entreprises devront continuer d’œuvrer dans ce sens, en explorant tous les moyens à leur disposition et en inventant de nouvelles formes de coopération.
[1] L’expression « Bottom of the Pyramid » ou « bas de la pyramide », désigne la population la plus pauvre (NDT).