" Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre. "
Cette citation du philosophe Pascal me revient curieusement à l'esprit en ces temps de confinement non pas dans " la chambre " mais dans un périmètre dont elle reste cependant le centre.
À l'époque où je l'ai entendue pour la première fois, j'étais adolescent et je me disais que c'était bien là une pensée de vieux philosophe grincheux et avachi, incapable de comprendre l'attrait qu'il y a à sortir, à voir du monde, à multiplier les expériences et les " divertissements ". Or, le " divertissement " est, toujours d'après Pascal (mais ça, je l'ai su après), ce qui écarte l'homme de l'essentiel, en l'occurrence l'exercice de sa conscience et de sa position par rapport à Dieu...
Bref, restez dans la chambre, et comprenez votre néant !
Ce n'est pas à cette prise de conscience de nos " misères " que doit mener le séjour à la chambre. Au contraire. Profitons de ce temps de recueillement pour puiser ce que le devoir de confinement peut révéler à notre conscience de citoyen.
Livrée à l'épreuve des quatre murs, la conscience, au lieu de se lamenter et de regretter le temps de l'égoïste divertissement, peut au contraire se réveiller. Alors elle découvre une liberté dans la contrainte. Une sorte de Contrat social qui nous réunit aux autres et nous rend plus forts dans la lutte contre l'ennemi invisible.
" La liberté, c'est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite " écrivait Rousseau.
Prescrivons le repos dans une chambre, la Liberté en ouvrira les fenêtres.
Pascal