Cette petite étude de Wuhan (Chine) publiée dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, la revue scientifique de l'American Thoracic Society montre que la position allongée à plat ventre améliore les résultats de la ventilation mécanique chez les patients atteints d’une forme sévère de COVID-19 souffrant de détresse respiratoire et admis en soins intensifs. Des données qui pourraient, encore une fois si confirmées chez un nombre plus important de patients, induire un changement dans les protocoles de ventilation liés à COVID-19.
Un point important alors que l’épidémie poursuit sa propagation avec ce jour, 25 mars 2020, 425.000 cas confirmés par test dans 170 pays et 18.000 décès.
Certains patients ventilés répondent mieux au positionnement couché sur le lit, visage vers le bas
Cette petite étude rétrospective est menée sur 12 patients suivis à l'hôpital de Wuhan Jinyintan, admis en USI et atteints d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) sévère lié à COVID-19, qui ont été assistés par ventilation mécanique. Les Drs. Qiu et Pan, co-auteurs de l’étude, étaient en charge de ces patients. Lors de leur exercice clinique, les auteurs ont découvert qu'il était préférable d’allonger face vers le bas pour les poumons. L'étude d'observation s'est déroulée sur une période de 6 jours, durant la semaine du 18 février 2020.
C'est la première description du « comportement pulmonaire » de patients atteints de COVID-19 et mis sous respirateur. Le Dr Qiu, professeur et médecin au Service des soins intensifs précise : « nos observations suggèrent que certains patients ne répondent pas bien à une pression positive élevée et répondent mieux au positionnement couché sur le lit, visage vers le bas ».
Les chercheurs de Wuhan ont utilisé un indice, le ratio recrutement / inflation, qui mesure la réponse des poumons à la pression du respirateur (recrutabilité pulmonaire). Le syndrome de détresse respiratoire aiguë est en effet caractérisé par une instabilité et un dérecrutement alvéolaire, que qu’un trop faible volume courant en ventilation mécanique et l’aspiration trachéale peuvent également aggraver. Ainsi, les « réglages » ventilatoires et les manœuvres de recrutement sont des facteurs essentiels peuvent prévenir ce dérecrutement alvéolaire.
Les cliniciens ont évalué l'effet du positionnement corporel. Le positionnement couché a été effectué pendant des périodes de 24 heures au cours desquelles les patients présentaient des niveaux d'oxygénation sanguine stables. Le débit d'oxygène, le volume pulmonaire et la pression des voies respiratoires ont été mesurés par des dispositifs connectés aux ventilateurs des patients. D'autres mesures ont été prises, notamment l'aération de leurs voies respiratoires et la recrutabilité.
- 7 patients ont reçu au moins une séance de ventilation en position couchée ;
- 3 patients ont subi à la fois une ventilation en position couchée et une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO : extracorporeal membrane oxygenation) ;
- 3 patients sont décédés.
- L’analyse montre que patients qui n'ont pas bénéficié de ventilation en position couchée présentent une plus faible recrutabilité pulmonaire, alors que l'alternance position couchée sur le dos (visage vers le haut) et couchée sur le ventre est associée à une recrutabilité pulmonaire accrue.
Une étude pilote dont les résultats devront encore être validés : « Il ne s'agit que d'un petit nombre de patients, mais notre étude montre que de nombreux patients n'ont pas « rouvert leurs poumons » avec une pression positive élevée et que l’augmentation de la pression peut apporter plus de mal que de bien », explique le Dr Chun Pan, professeur à l'hôpital Zhongda de la Southeast University.
« En revanche, le poumon s'améliore lorsque le patient est en position couchée ».
Source: American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine March 23, 2020 DOI : 10.1164/rccm.202003-0527LE Lung Recruitability in SARS-CoV-2 Associated Acute Respiratory Distress Syndrome: A Single-center, Observational Study (Visuel 2 European Respiratory Review 2014 23: 249-257; DOI: 10.1183/09059180.00001114)
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Équipe de rédaction Santélog Mar 25, 2020Rédaction Santé log