Le landernau médiatique, plongé dans l'ennui du soleil de juillet, s'émeut d'une chronique de Siné dans Charlie
Hebdo. L'anarchiste pourfendeur des religions y épingle Jean Sarkozy : " Il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée juive et héritière des fondateurs de
Darty. Il fera son chemin dans la vie, ce petit !" Le caricaturiste est aussitôt accusé d'antisémitisme et Philippe Val, outré, le vire du journal. Siné a eu certes le tort de publier une fausse
information, Jean Sarkozy n'ayant nullement l'intention de se convertir. Mais de là à parler d'antisémitisme, n'est-ce pas exagéré ? Un rabbin influent s'est-il ému ? La Licra ou le Mrap ont-ils
dénoncé la chronique de Siné ? Pas que je sache ! Cette affaire Siné est un ciné de troisième catégorie. Et suspecter partout l'antisémitisme n'est pas la meilleure façon de servir la cause
d'Israël. Il y a, dans le soupçon pour un oui pour un non, une dérive inquisitoriale qui plombe la pensée. Et maintenant Philippe Val est submergé de courriels injurieux voire menaçants. C'est
tout autant excessif. Que sortira-t-il de cette tempête dans un verre d'eau croupie ? De bien fétides exhalaisons, j'en ai peur. Fort heureusement, elles n'empesteront guère au-delà du boulevard
Saint-Germain. Souhaitons que nos journaleux aux pis taris se réveillent en août avec une encre d'une autre profondeur. Il y a tellement de choses qui ne vont pas en France, aujourd'hui ! La
gangrène de la pauvreté par exemple, qui touche plus de treize pour cent de nos concitoyens, alors que dans le même temps l'insolence de la richesse est de plus en plus décomplexée. Jean Sarkozy
l'incarne d'ailleurs à merveille. Et là, Siné a raison. C'est clair qu'il ira loin le drôle. Il y pense il y repense et pas seulement en se rasant.