8h. Il est 8h. Quoi que non, en réalité, il est peut-être même plus tôt. Allumer son téléphone, puis reposer sa tête encore lourde de la nuit remplie de pensées sur son oreiller. Les yeux fermés à se demander pourquoi si tôt, pourquoi les nuits ne sont pas un peu plus longues, pourquoi le repos ne se fait pas correctement.
Puis, les deux pieds ensembles en dehors du lit, le dos courbés, les cheveux en bataille, le regard dans le vide à repenser à toute la vie qu'elle aimerait avoir et qu'elle n'a pas. Les maux de ventre vraiment violents qui l'appellent dès le matin pour lui rappeler à quel point l'angoisse est présente.
Il est l'heure, l'heure de quoi ? L'heure de souffrir d'une nouvelle journée. Elle en tremble d'avance. Et il est donc le moment de se lever, tout le monde dort encore, elle est la première debout comme d'habitude. Elle va encore s'ennuyer pendant que ses pensées viendront perturber son ennuie en lui rappelant à quel point son cerveau dysfonctionne.
La maison est sombre, les rideaux sont fermés. Le soleil à peine levé passe doucement à travers les fenêtres. Elle y regarde difficilement. Aucun sentiment de joie ne vient à elle, même en regardant le ciel devenant bleu.
Elle se dirige vers la cuisine et avant même de se faire un café, roule sa première cigarette, qu'elle va fumer en sirotant celui-ci, le regard dans le vide, à anticiper ce qu'elle doit faire dans la journée. C'est à dire, rien, vu les circonstances actuelles de confinement.
Les larmes lui montent. Elle sait qu'elle doit aller prendre sa douche et cela l'angoisse. Va-t'elle trouver un toc ? Encore ? Elle anticipe, s'en rends malade d'avance. Elle se speede à fumer, à boire son café pour aller la prendre, cette satanée douche.
Et puis la journée commence doucement, toujours avec ses tocs qui l'assaillent et elle cogite, elle traîne des pieds, ses casseroles jusqu'au soir en effectuant chaque geste avec attention pour ne pas appeler le toc qui vient quand même à elle sans que qu'elle l'appelle vraiment.
Tous ses gestes sont difficiles. Elle a mal, elle crève de douleur parce qu'elle est là, oui, cette horrible douleur physique causée par son mental qui enchaîne tout son corps, qui empêche son cerveau de s'oxygéner normalement. Elle a un cancer oui, un cancer de la pensée.
Quand le soir arrive, elle se calme légèrement. Elle respire un peu, mais un peu, parce qu'en réalité, elle ne fait qu'anticiper le lendemain et à avoir peur de s'endormir trop tôt et de ne pas profiter de son léger sentiment d'apaisement. Elle a souvent une série d'idées noires qui lui bouffe le cerveau le soir, à se demander si ce ne serait pas mieux de tout arrêter. Que tout cesse. Cette souffrance, elle la relativise un tout petit peu le soir, légèrement, quand elle n'est suis pas trop shootée par ses tocs et qu'elle ne s'endort pas sur son canapé.
Ses bras appellent à la lame, son corps appelle à l'alcool, son cerveau appelle aux cachetons. A tout ce qui peut l'a faire souffrir.
Elle prend ses médicaments, et puis ira au lit, comme d'habitude, la peur au ventre mais endormie.
Cette jeune fille là se pleins parce qu'elle en bave. Elle voudrait se serrer dans les bras, c'est égoïste peut-être, mais la petite gamine qu'elle voit sur les photos et qu'elle trouve si mignonne c'est elle, c'est toujours elle. Pourquoi tant de souffrance ? Dieu l'a't-il abandonné ?
Elle croit en lui, mais aimerait qu'il l'a rappelle un peu à l'ordre, qu'il l'oublie pas ou qu'il l'a guide juste en lui disant quoi faire ? Peut-être ne voit elle pas ses signes.
Chaque soir elle a peur, elle meurs de peur à l'idée de commencer une nouvelle journée. Et chaque matin elle ouvre les yeux difficilement, en aillant directement les larmes qui montent dû à sa future décadence dans le monde noir et morose de la dépression.