Extrait du film "ROOM"
Une semaine que nous sommes bloqués entre 4 murs. Après la période de panique qui a suivi l’annonce du confinement, nous avons été gagnés par une certaine excitation.
Une certaine excitation
Il faut reconnaître que cette situation relevait d’un vrai challenge, puisqu’elle remettait en cause nos habitudes de consommation, nos loisirs, nos activités sociales et notre façon de travailler. Nous voulions prouver que « less is more » , après tout on peut vivre aussi bien sans consommer à tout va, sortir, et voyager…
Because we can’t go outside, let’s go inside” proposaient les coach en développement personnel, en nous invitant à méditer.
Et puis certains, se réjouissaient secrètement de cette injonction à rester chez eux, il y a pire pour un salarié que d’être dispensé de travail, pour un amoureux d’être collé H 24 à sa compagne ou pour un enfant d’être privé d’école !
Nous avions le sentiment de vivre une expérience historique, pas si éloignée de celle de Thomas Pesquet, contraint lui aussi à la quarantaine avant de monter dans sa fusée.
Nous avons nous aussi fait le plein de provisions, de préférence des aliments qu’on aime (les aliments réhydratables ou thermostabilisés, on les laisse aux astronautes), et de bonnes intentions : écrire, jouer du piano, méditer, parcourir 10 KM autour de la table de séjour, téléphoner, texter à nos amis….
Après une semaine de ce nouveau régime, nous commençons à être nerveusement épuisés.
La phase d’excitation pourrait bien faire place à une phase de dépression collective.
Le risque de déprime générale
Les Espagnols qui sont entrés dans le confinement avant nous, seraient déjà gagnés par une tristesse générale.
On réalise que contrairement à l’astronaute, notre station spatiale à nous, ne décolle pas et nous sommes scotchés à la planète terre. En guise d’aventure, on nous propose d’explorer notre 80 M2 (et encore quand on est favorisé), en une semaine nous avons fait le tour de chaque recoin du salon, cuisine et chambre. L’atterrissage risque d’être douloureux, surtout si d’aventure nos compagnons de confinement sont contaminés ( scénario possible, au rythme auquel avance l’épidémie), alors notre terrain de jeu serait encore plus rétréci.
Et si les sorties dans le parc voisin sont interdites, alors on aura intérêt à revoir le captivant film Room pour savoir comment Ma, retenue prisonnière avec son fils, dans une chambre pendant plusieurs années a pu survivre cf la photo ci-dessus. [1]
Certes, les rayons de soleil capturés à notre fenêtre, balcon ou jardin pour les plus chanceux réchauffent nos cœurs.Mais si les prédictions de Mr Météo, L Cabrol sont justes, la grisaille devrait nous rattraper et contaminer notre humeur.
On aura alors fini de lire tous les livres qui trainaient sur notre table de chevet, d’écouter en boucle nos chansons préférées, on aura « catch up » avec tous nos vieux amis perdus de vue, et surpassé nos adversaires sur LOL. Le stock des vidéos et des mèmes qui font rire, sur Facebook ou Insta commencera à se tarir.
Pour les confinés célibataires le temps paraitra long. Et pour les autres, qui vivent en couple ou en famille, peut être… tout autant. Entre accès de colère de nos petits ou de nos ados en manque « d’air » et crises conjugales, difficile de trouver la paix intérieure.
Alors comment prévenir cette phase dépressive ?
L’antidote, ce sont nos hormones. L’objectif étant de lutter contre la libération du cortisol et d’autres hormones qui favorisent le stress et la peur.
Recette des hormones du bonheur
On commence par un bonne dose de plaisirs alimentaires : Une choucroute, un plat de pâtes soupoudrées de fromage, un fondant chocolat, et un verre de chablis (je suis bourguignonne) et c’est la bonne humeur assurée. De quoi contenter votre cerveau qui va libérer des endorphines. Pour une fois qu’on peut se lâcher au plan alimentaire en ayant bonne conscience : c’est pour une bonne cause (notre santé mentale), on peut se réjouir. Avec modération cependant, notamment pour le chablis, l’excès peut être toxique pour soi même mais aussi pour les autres confinés (les violences conjugales semblent se multiplier alors mollo sur la boisson ! )
Puis on ajoute une pincée de sport, rien ne vaut les séances de sueur collective en live sur Zoom proposées par des coach. On booste ainsi nos endorphines voire la dopamine si on accomplit les exercices sans faute : les succès activent les hormones de la récompense. Tout comme nos initiatives créatives, à condition de ne pas mettre la barre trop haut, ne cherchez pas à devenir un écrivain ou à vous transformer en JJ Goldman en 4 semaines.
N’oubliez pas d’ajouter une mesure de générosité, en aidant nos enfants, nos voisins, les autres confinés, on libère de la dopamine. On peut aussi apprendre une langue ou un instrument de musique, ou bien passer le code de la route.
Mais évitons de nous lancer seuls dans ces épreuves, notre bonne volonté risque d’être aussi éphémère que les intentions du nouvel an. Mieux vaut s’engager avec d’autres confinés. Internet, les réseaux sociaux facilitent ces challenges collectifs en créant de l’émulation.
Pour pimenter le tout, ajouter une cuillère d’humour. Le rire booste les endorphines et synthétise la sérotonine, un neuromédiateur qui est diminué dans la dépression.
Il est temps de revoir ce qui vous a fait rire, par exemple la délirante série H avec Jamel, Eric et Ramzy . Découvrez de nouveaux humoristes, renoncez à l’idée que la jeune génération n’est pas aussi talentueuse que la cuvée 80/90 (Coluche, Robin….), regardez du côté de Roman Frayssinet ou de Blanche Gardin par exemple.
Et bien entendu la recette ne serait pas complète sans une dose de câlins : Les hugs, baisers de nos co-confinés (non contaminés) libèrent l’ocytocine. Il serait dommage de s’en priver. Et pour les confinés célibataires, on peut utiliser d’autres ingrédients, mais c’est un autre sujet qu’on traitera ultérieurement…(si j’applique la recette et échappe à la déprime).
Il ne faudrait pas que la maladie nous frappe trois fois, physiquement, économiquement et mentalement, alors n’en déplaise à certains coachs en développement personnel, on ne lâche pas prise, on résiste !
[1] http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=228263.html