On regarde la préhistoire à partir du temps où nous sommes. Et souvent, on projette sur elle les soucis de notre présent, soit en y cherchant une explication, soit en la forçant à justifier nos comportements. Il en est ainsi à propos des femmes dans la préhistoire. Absentes des recherches pendant très longtemps, on a voulu les limiter aux tâches domestiques comme si elles n’avaient pas participé à la chasse, aux cueillettes, aux dessins sur les parois des grottes, aux gravures, à la fabrication d’objets… L’examen des objets, des peintures, des sites , des sépultures, avec les méthodes actuelles, permet de réviser bon nombre de nos présupposés. Claudine Cohen n’avance pas avec d’autres certitudes, sinon qu’on n’a pas fini de découvrir et qu’on ne peut pas tout savoir de ce qui se passait dans les groupes humains il y a 50 000 ans. Ainsi, elle doute d’une Déesse-mère originelle, de sociétés matriarcales paradisiaques, et d’une différence morphologique entre les femmes et les hommes qui ne serait pas le résultat de pratiques sociales et culturelles. Il n’y a aucune preuve, aucune raison de croire que la femme était inférieure originellement à l’homme. Par exemple, on lui doit sans doute une assez bonne connaissance du temps qui passe. La sédentarisation, l’invention des armes et des outils métalliques ont certainement modifié les rapports entre les sexes. Néanmoins, la paléontologie aujourd’hui ne peut plus ignorer que les femmes ont toujours joué un rôle indispensable à l’équilibre démographique comme à la subsistance des sociétés paléolithiques.