Magazine Société
Dans notre joli Beaujolais, le temps reste pour l’instant printanier, ce qui est bon pour le moral, d’autant plus que ceux qui ont un peu d’espace ou de jardin peuvent tripoter la terre, ce qui change les idées et permet de ne pas toujours penser à la menace.
L’anxiété tout de même pointe son nez, car la courbe des chiffres des malades et des décédés ne cesse pour l’instant de monter, et on sait trop bien que, si nous sommes encore relativement épargnés pour l’instant, ce ne saurait durer. Pour preuve les préparatifs et réaménagements en cours dans les établissements de soins locaux.
Psychologiquement, le confinement va bientôt commencer à produire des effets négatifs chez certaines personnes qui ne le supportent pas très bien, qui ont du mal à gérer ce bouleversement total de leur vie. La solitude, surtout non choisie et non préparée peut être dure à supporter, une vie recluse à deux, trois, quatre ou plus de personnes, qui sont plus habitués à se croiser qu’à être toujours ensemble, peut être source de conflits aussi au bout d’un moment. Pratiquement plus de vie sociale en dehors du cercle familial strict, plus d’activité professionnelle, une incertitude totale sur une date et des conditions de reprise d’une vie normale..
Et pensons aussi à ces nombreuses personnes qui perdent un parent, que ce soit du Covid ou non, mais qui ne peuvent lui accorder des funérailles « normales » du fait du confinement...Le deuil sera très difficile à faire et un certain sentiment de culpabilité existera longtemps, un sentiment d’avoir enterré son proche, « comme en cachette, à la sauvette », sans la présence etle soutien des parents et amis..
Et que dire de la psychologie de nos soignants,
qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, qui sont confrontés en permanence au stress et à la fatigue, qui voient tous ces non-citoyens qui ne respectent pas les règles élémentaires de protection, bientôt de survie,qui voient la souffrance et la solitude des malades,qui sont confrontés, bien plus que d’habitude, à l’échec,qui redoutent d’être obligés, un jour prochain peut-être, de ne pas prendre en charge un malade, et ainsi à le condamner, parce que les moyens ne sont pas suffisants,
qui ont peur de côtoyer leur conjoint, leurs enfants, leurs parents, de crainte de leur transmettre cette maladie dont ils sont peut-être porteurs sans le savoir et le ressentir,
qui risquent de se décourager….