A traînailler dans les boxons —
s’arsouiller en auberges pleines de l’armure des langues
Ces parts d’Eldorado, oh mes frères, que nous volonsLe thème souverain des chérubins aux lauriers
La monnaie d’un instant-monumentJe vais te le dire pour le nier ensuite
Nous ramasserons les douilles de nos béguins
Pour en faire des époques*
*
Lorsque j’irai encore par les ballasts abandonnés
me demander quand enfin disparaîtra la colère,
avec mes héros exilés d’enfers exilés —
Tu me reconnaîtras.
Le midi se chargera d’enflammer nos joues,
l’enfant
de digérer son triomphe.
*
*
J’ai pris ma part de spasmes & d’allumettes
une avance transversale sur chaque mouvementAi envisagé le midi des signes qui brame
brame contre le lamento du très vieux Jardin dans le désertMais me voilà qui vulcanise & trinque seul contre tous
rêvant à la guêpe
qui s’en va
cuver ses amours aux abords des pylônes*
*
Je voudrais que tu me dises tes premières impressions du Jardin
la marque laissée par le vernis de la citéles sémaphores sournois les sirènes de police
sur un morceau de ta lèvre avant qu’ellene s’endorme sur toi
pandora de taule sur asphalteA l’aurore,
tu seras le seul moteur au monde à vibrer*
*
*
Terribles Jargonautes et Hypermnésiques
Je file au café de la Gare
quand il n’y a plus de guerre à faire
pas plus de femmes à aimer que d’hommes à haïr
la volonté prométhéenne dégarnie / les garde-fous lointains
Ce vieux qui entre &
feinte le saule fantasque
Têtes de taule ondulée ventres en alambic !
Faces de Picasso prêtes à la Soif Ardente !
(la veste crème rabelaisienne tachée de vin)
Déjà jette-t-il des symboles à la face du miroir
puis cause de la banlieue des amours
Il a les chopes amies
la faïence des dix-sept à venir
des mots jonglent & c’est « Jazz, War & Football » —
que dis-tu là ?
« Dieu n’aime rien tant que les terribles jargonautes & les hypermnésiques »
Quand je dis me souvenir de tous les frères
revenus de l’ECT
sans mère ni père clignotant la bouche brochée
de ce visage amer qui murmure
« Toi aussi, tu sens de l’eau couler en ton cerveau ? »
puis la toccata de la seringue
Que j’étais encore un de ces idiots qui s’en va
s’éprendre de 639 muscles et d’un système nerveux
son baiser : rien qu’un labyrinthe que tu ne peux admettre
que j’aime les sardines et la Grande Couronne
que j’ai vu Zabriskie Point et l’Uluru
Qu’on ne devrait pas oublier qu’en
la ville des Grands Moulins
la gare est adossée au cimetière
alors/allons cherchons/chercher un autre alibi dans le rhum
jusqu’à ce qu’il éteigne la lumière
« Dieu n’aime rien tant que les terribles jargonautes et les hypermnésiques »
.
Tom Buron est né en 1992. Il est l’auteur de Le Blues du 21e Siècle & Autres Poèmes (Maelström, 2016), Nostaljukebox (Maelström, 2017), et Nadirs (Maelström, 2019), trilogie poétique finaliste du Prix SGDL Révélation de Poésie 2019.
Par ailleurs, il traduit de l’anglais et performe sa poésie avec des musiciens de différents horizons. « Il s’agit ici de proférer en chute libre, en apnée éclairante. De faire éclore des abîmes lumineux, d’éprouver au plus profond cette « certitude d’être mangé par l’infini » dont parlait Daumal » Zéno Bianu (extrait de la quatrième de couverture de Nadirs).
Il est aussi possible de trouver ses textes dans les revues Souffles, Traversées, Le Cafard Hérétique (original), Rue Saint Ambroise, FPM, Schnaps !, Mange Monde, Nouveaux Délits, On peut se permettre, Revu, etc ainsi que dans les anthologies Nous, avec le poème comme seul courage (Castor Astral, 2020), Génération Poésie Debout (Le temps des cerises, 2019), Dehors (établie par Christophe Bregaint, Janus, 2016), etc. Aux éditions de l’Angle Mort, il a traduit 9 poèmes de l’exaltation perdue de Joseph Ridgwell (2019) et Prélude au Livre de Jade de David Park Barnitz (2019).
Vous pouvez retrouver une lecture/concert avec le musicien Gauthier Keyaerts ICI
« Nadirs » est disponible dans toutes les librairies mais également ICI
.
.