Pour l’anthropologue Reichel-Dolmatoff, l'écologie est avant tout, une « théorie systémique » globale.
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« La curiosité pour ces différents modes de vie ne cesse d’inciter les anthropologues à la recherche de cette communication inter-espèces au sein de différentes communautés que ce soit en Amazonie ou en Afrique australe, aux États-Unis ou dans le continent asiatique. Ces populations affirment pouvoir communiquer avec les plantes et les animaux, étant ainsi capables de créer des liens sociaux avec eux. Cette théorie peut paraître inenvisageable au premier abord. Toutefois, plusieurs témoignages rapportent que les communautés dites animistes apprennent les secrets de la nature en créant des liens sociaux avec elle, de manière réciproque. Il s’agirait ainsi d’une configuration sociale radicalement opposée à la nôtre : l’une attribuant à l’être-humain un statut supérieur aux animaux, arbres et plantes ; l’autre se mettant sur un pied d’égalité face à eux.
Si l’on se penche de plus près sur la fusion entre l’humain et la nature, nous découvrons un acteur central au sein des communautés animistes qui sont les chamans ; des êtres dotés d’un niveau de conscience cosmique hors-norme, pouvant ainsi entrer en communication directe avec les esprits de la nature. Ils seraient l’équivalent d’un médecin généraliste chez nous, ou encore un psychologue, mais avec des facultés difficiles à expliquer rationnellement. Étant capables de guérir les gens, communiquer avec des êtres cosmiques, ou encore combattre des forces maléfiques, les chamans mettent ainsi constamment à l’épreuve la science occidentale en défiant les critères dominants d’accès à la connaissance.
VALENTINA FERREIRA GUTIERREZ .L’ANIMISME COMME EPISTEMOLOGIE EXPLORATION DES SAVOIRS RELATIONNELS DANS LE CHAMANISME
La région amazonienne constitue la plus vaste forêt tropicale humide du monde avec environ 6,7 millions de km2 répartis sur le Brésil, le Suriname, la Guyane, la Guyane française, le Venezuela, le Pérou, la Bolivie, l'Équateur et la Colombie (Wyss, 2002), où se concentrent plusieurs écosystèmes qui déterminent une grande diversité écologique et biotique.
Dans toute la région du Vaupés le climat est chaud et très humide. La température minimale varie entre 10 et 20 °C. et la maximale, entre 32 et 40 °C. Il pleut pratiquement toute l'année ; les averses diminuent un peu entre les mois de janvier et mars, période qui correspond à une courte saison sèche.
Les fleuves et leurs affluents constituent les seules voies de communication à travers ces immenses forêts tropicales qui recouvrent des terres basses et humides. Les routes sont pratiquement inexistantes et ce n'est qu'à une époque récente que l'on a construit des pistes d'atterrissage. la navigation rencontre des obstacles considérables le long de ces voies fluviales car les eaux coulent entre des formations rocheuses et tombent en cascades ou forment des rapides appelés cachoeiras. Les distances sont donc énormes et se rendre à un village quelconque constitue un problème de plusieurs semaines..
Il faut noter que la situation des tribus est en pleine évolution et que le mode de vie traditionnel serait en train de se perdre.
la structure religieuse, l'utilisation de plantes hallucinogènes, le mariage exo- gamique, la production du manioc, etc.. sont peu perturbés par les influences extérieures, mais cette situation évolue rapidement. Des regroupements cérémoniels importants ont encore lieu à quelques kilomètres de Mitú ou d'autres missions, mais les prêtres tentent d'empêcher les Indiens d'assister à ces réunions saisonnières. Soumis à des pressions croissantes, exercées à la fois par les missionnaires et les agents du gouvernement, ils révèlent de plus en plus difficilement leurs coutumes. Bien qu'il soit tout à fait évident que même les Indiens qui sont passés par les missions n'ont accepté que superficiellement les formes de la civilisation euro-américaine, les nombreux projets d'éducation introduits par l'Eglise et les autorités gouvernementales ont eu récemment une profonde influence sur eux. La vie communautaire dans les maloca,les rites d'initiation, les échanges rituels de biens et d'autres traits, disparaissent rapidement. L'une des raisons majeures de ces abandons est liée à la mort des vieillards qui avaient atteint l'âge adulte avant l'installation des missions (avant 1914). Avec eux se sont maintenant perdues de nombreuses traditions qu'ils avaient coutume d'enseigner au cours des regroupements cérémoniels et que les générations plus jeunes ne connaissent que par ouï-dire.Reichel-Dolmatoff Gérard. Enquêtes ethnographiques à entreprendre d'urgence (Rio Vaupès, Colombie). In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 56 n°2, 1967. pp. 323-332
Les Tukanos vivent dans de petits campements assez éloignés les uns des autres. Chacun d'entre eux consiste en une maloca (une vaste structure bien construite avec un toit de chaume, qui peut loger quatre à huit familles nucléaires) située sur un cours d'eau près d'un terrain approprié à la culture du manioc. La densité de population des Tukanos est plus grande que celle de n'importe quel autre peuple amazonien, d’où la nécessité d’une gestion des ressources véhiculée par la mythologie et la morale.
Si les mythes parlent d’une énergie solaire qui s’écoule de manière cyclique à travers sols ,plantes et animaux, celle-ci, pensent les indiens, serait limitée .Si donc l’homme en prélève la quantité dont il a besoin, par la chasse et la cueillette, il ne doit pas dissiper cette énergie de façon qu’elle soit préservée et réintroduite d’une autre façon dans le circuit. La chasse est ainsi conçue par la mythologie comme un acte sexuel et a son répondant dans la continence de la sexualité humaine. Pour ne pas dépasser la capacité de leur environnement à pourvoir leurs besoins sans avoir à adopter des moyens de subsistance plus intensifs, une population de chasseurs-cueilleurs limite ainsi la croissance de sa population.
De plus , les Tukanos ont institué des restrictions alimentaires. En certaines occasions, un homme ou une femme ne peuvent manger certaines nourritures, ce qui permet de diminuer la pression sur certaines ressources limitées.. Tous les rites de passage et les autres cérémonies impliquent des restrictions alimentaires temporaires. Certains aliments sont inappropriés à certains groupes de la société. Par exemple, les enfants, les mères enceintes et les femmes qui allaitent encore leur bébé ne doivent pas manger la viande d'animaux forestiers comme le tapir, le chevreuil, le pécari, le singe laineux, le hocco globuleux, l'agami à ailes blanches ou la tortue . Et dans la mesure où la nourriture et la sexualité sont symboliquement associées, les règles proscrivant l'inceste et l'exogamie sont accompagnées d'interdits alimentaires.
LES DESANA
DESANA. LE SYMBOLISME UNIVERSEL DES INDIENS TUKANO DU VAUPES.GERARD REICHEL-DOLMATOFF
La langue desano fait partie des langues Tukano orientales. « Cette sous-famille est composée de quinze langues qui partagent des caractéristiques linguistiques et culturelles. Elles semblent toutes avoir évolué à partir d'un langage commun, de sorte qu'ils ont certaines similitudes dans le vocabulaire et les correspondances sonores. »
Les Desana s'appellent eux-mêmes voira (« vent ») ou wird-pond (« fils du vent »). Le terme Desana a une origine Arawak, une appellation qu’ils considèrent comme péjorative. Les autres tribus voisines de langue tukano désignent les Desana sous le nom de wird ou wind, c'est-à-dire, « des gens du vent ». En outre, les Desana se donnent encore le nom de Mimi-pond (« fils du colibri ») parce que tous les clans reconnaissent cet oiseau pour totem.
Ils sont divisés, de nos jours en plus de trente clans exogames et patrilinéaires, chacun issu d'un ancêtre mythique ;mais tous reconnaissant la suprématie du clan Boréka (« truite »). Chaque clan occupe une ou plusieurs maloca, grandes maisons collectives où cohabitent entre quatre et huit familles nucléaires. Les malocas se dressent au bord des rivières, de préférence à proximité d'un rapide et sont toujours séparées par un espace considérable. Ce sont des constructions basses, à plan rectangulaire et à la partie arrière parfois arrondie en hémicycle; elles sont recouvertes d'un toit à deux versants dont la partie principale est orientée vers le « port » et la partie secondaire est placée sur la paroi opposée de la maison. Les terrains de culture ou chagras se trouvent à quelques heures de distance de la maloca et sont reliés à celle-ci par des sentiers étroits. Chaque famille nucléaire a la propriété particulière d'une chagra
La base alimentaire végétale, le manioc, sous forme de cassave, (galette) est essentielle pour la subsistance quotidienne mais le surplus éventuel n'est pas utilisé pour compenser la rareté de viande. On le destine plutôt au commerce avec les tribus voisines et avant tout avec les métis chercheurs de caoutchouc. En échange des produits de leurs chagras, les Desana obtiennent des vêtements, des machettes, du savon, du sel, des casseroles en aluminium, des hameçons et parfois même des fusils, tous éléments que l'acculturation a rendus accessibles et presque obligatoires, en partie pour des raisons de prestige. La principale fonction des chagras dans le passé était de fournir à la maisonnée de la maloca le manioc nécessaire pour la préparation de la chicha consommée à l'occasion des réunions cérémonielles entre groupes voisins. Pour cela il suffisait d'une ou de deux chagras par maloca. C’est bien plus de nos jours en raison de ce commerce.
Il n'existe pas de chef tribal. Les habitants de chaque maloca ou clan obéissent à un homme âgé — on est vieux à quarante ans —, qui représente l'autorité du groupe et porte le nom de oxpë (« celui qui a ou qui possède », « le maître ou encore « frère aîné ».. Le mariage est monogame et la résidence virilocale. Tous les clans se considèrent « frères » et les hommes doivent épouser des femmes d'autres tribus ou phratries. Toutes ces tribus vivent dans le voisinage les unes des autres; elles occupent des malocas dans la même région et comme les Desana, elles sont organisées en clans exogames. Les malocas, les chagras et la plupart des objets de base sont les mêmes ainsi que les techniques de chasse et de pêche et celles qu'on utilise dans la préparation du manioc .Le chamanisme (paye), les danses avec les parures et les réunions où l'on récite les mythes des origines forment encore une base commune et on retrouve tous ces traits dans toutes les tribus. Mais il existe à l’inverse une véritable spécialisation artisanale qui fait que chaque tribu est particulièrement habile à produire des objets donnés : pirogues, râpes, poterie, mais surtout par l'orientation économique générale.
Une institution essentielle est le chamanisme : le chaman (payé ;ye'e), sert d'intermédiaire entre le groupe social et les forces surnaturelle et à ce titre, dirige Les cérémonies et les rituels magiques et religieux , celles du cycle de vie, les initiations et les rites funéraires. Sa fonction principale a un caractère essentiellement économique, car le payé est l'intermédiaire entre le chasseur et les Maîtres magiques des animaux. Il doit avoir une influence sur ces personnages pour qu'ils consentent à céder aux hommes quelques animaux; il doit aussi avertir et préparer le chasseur à observer les multiples prescriptions qui accompagnent son entreprise. le payé se trouve intimement lié à la sexualité et à la fertilité des animaux et dans ce domaine, il intervient sous des formes différentes pour assurer la multiplication des espèces. Pour communiquer avec le monde surnaturel, le payé a recours aux hallucinogènes, notamment à la poudre de vixô qu'il prise. Il est reconnaissable par ses instruments, le hochet, la lance à sonnailles et un ornement de forme cylindrique en quartz blanchâtre ou jaune qu'il porte suspendu au cou.
En outre il a la charge de guérir certaines maladies, conçues avant tout comme des petits morceaux de bois noir qu'un ennemi aurait introduits par des artifices magiques dans le corps de la victime. Le payé guérit par succion et extrait la substance étrangère du corps du malade; il souffle aussi sur lui de la fumée de tabac et l'asperge d'eau. En dehors du payé, il existe d'autres individus, les kumû, dont les attributions semblent être celles d'un prêtre. Le kumû se considère comme le représentant direct de la divinité solaire et en tant que tel, il possède un rang élevé dans la société. Généralement il intervient dans certaines phases des cérémonies du cycle de vie, mais sa principale fonction est de préserver les traditions.
Les ethnies indigènes amazoniennes présentent toutes une connaissance complexe et avancée de la gestion des forêts et du système agricole. L'agriculture des chagras indigènes est un système agroforestier dynamique avec de longues périodes d'utilisation qui impliquent des stratégies technologiques durables adaptées aux conditions de la forêt amazonienne. Ces activités productives et culturelles sont régies par des calendriers reliés aux conditions et aux changements environnementaux, climatiques, hydrologiques et culturels. La chagra est une forme très efficace d'utilisation des terres qui fait appel à une variété de cultures provenant de plantations agricoles différentes de croissance
Elles ont une étendue moyenne d'un hectare approximativement. Chaque famille possède trois ou quatre terrains de culture. Pour faire une nouvelle chagra, les hommes défrichent un terrain dans la forêt vierge et abattent les grands arbres, durant la saison moins pluvieuse, de janvier à mars. A la fin du mois de mars, ils brûlent la chagra et les femmes s'occupent ensuite des semences. Le travail masculin dans l'horticulture occupe à peine les trois premiers mois de l'année; toutes les autres activités comme les semailles, le sarclage et la récolte sont assurées par les femmes.
Les principales plantes cultivées sont : le manioc amer (yucca), la banane , deux espèces d'ignames, la patate douce, l'ananas et le piment .Le manioc, la principale plante cultivée, met de six à neuf mois pour parvenir à maturité, de telle sorte que, si l'on commence à arracher les racines à une extrémité de la chagra, on finit la récolte six mois après. Entre-temps, on a planté de nouvelles boutures ou d'autres espèces, de façon à utiliser la même chagra pendant plusieurs années. Éventuellement, on laisse la terre comme "chaume, au repos deux ou trois ans mais on peut y récolter occasionnellement des fruits et des produits tels que la yucca sauvage et il est rare que l'on abandonne complètement une chagra.. . Ces arbres fruitiers situés dans les chagras abandonnées restent importants pour la chasse aux animaux. Avant de laisser les principales cultures de la chagra, on a déjà commencé le processus d'abattage et de brûlage d'un autre endroit et ainsi de suite jusqu'à ce qu’on revienne au point initial, en relançant un cycle autosuffisant.
La femme gère principalement la culture de la chagra, la transformation des aliments dérivés du manioc et d'autres plantes, ainsi que les soins de la maison. Elle est porteuse de la plus grande connaissance des plantes .. L'homme ne partage avec elle que quelques activités comme l'abattage et le brûlis de la forêt et la gestion de certaines cultures comme la coca et le tabac. Il s'occupe également de la récolte du chaume et de la récolte des arbres fruitiers, en dehors de la chasse, la pêche et la collecte de produits forestiers.
L'emplacement, la taille et la composition floristique des chagras varient en fonction des caractéristiques des sols, le type de culture adapté à chaque lieu et ses besoins de base, ainsi que la gestion agronomique que connait chaque groupe familial. Les produits cultivés sont essentiellement utilisés pour l'alimentation, mais ils sont également utilisés dans les rituels et comme matière première pour la production de divers matériaux tels que paniers, peintures ;ils interviennent, comme on l’a dit, pour les échanges.
L’écosystème de la chagra lorsqu’il est en équilibre, favorise des microclimats avec une humidité relative élevée, minimise l'impact de la pluie due à l'effet de couverture généré par chacune des espèces cultivées, sert de d'une barrière vive pour les agents pathogènes comme les ravageurs et maladies. . Seules sont éliminées les plantes autour de l'arbre qui sont en compétition pour les nutriments et qui limitent le développement par excès d'ombre, une fois par an, au moment de la récolte de chaque arbre fruitier.
Les problèmes de parasites et de maladies ont peu d'incidents dans la production et sont amortis par la grande diversité des cultures et des pratiques de gestion, sans qu'il soit nécessaire de mettre en place une application d'engrais chimiques, puisque les plantes cultivées sont indigènes, et sont adaptées aux conditions de fertilité du sol.
Les cultures transitoires reçoivent les éléments nutritifs nécessaires grâce au brûlage et aux feux faits après la récolte. Les mauvaises herbes sont éliminées par les femmes, tandis que les arbres fruitiers reçoivent les nutriments principalement par la lente décomposition de gros troncs et de grosses racines qui restent dans l'abattis de la forêt. La récolte d'arbres fruitiers est en étroite relation avec le climat . La plupart ont une culture principale et deux ou trois cultures secondaires ou "dormantes.
De cette façon, il y a une production de fruits tout au long de l'année, leur donnant ainsi une source de nourriture permanente qui est fortement liée aux autres cycles de production et de disponibilité alimentaire
En dehors des cultures de la chagra, la forêt offre aussi une grande quantité de fruits sauvages ou semi-cultivés, qui se trouvent aussi près des malocas. Parmi ceux-ci il faut mentionner le fruit du palmie,r l'avocat , la papaye et le corossol . Par ailleurs les Desana connaissent le cacao, la tomate et les haricots et d’autres plantes utiles comme : le coton ,le tabac, les poisons de pêche (« poisson-poison »). Avec la fibre d'un Ficus on fabrique des tissus en écorce.
La stratégie de gestion des ressources repose ainsi sur la complémentarité de l'utilisation des espaces en fonction de leur disponibilité, ce qui permet d'obtenir une grande efficacité dans l'utilisation du milieu. Ceci se reflète dans les chagras par différentes étapes et une série de cultures de production simultanée dans l'espace et le temps.
Pour l’autochtone, tout est lié, tout a une origine, une histoire et un maniement qu’il faut connaître et pratiquer. Les animaux et les plantes ont entre eux des rapports intimes, car ils proviennent les uns des autres, ce qui les rend complémentaires, et cette relation ne peut pas être interrompue sans porter atteinte à l’équilibre vital qui permet à l’environnement de fonctionner comme il faut et qui évite l’apparition de maladies.
La capacité des groupes autochtones de la région de tirer leur subsistance alimentaire d’une parcelle de forêt transformée dont ils ont appris à manipuler les graines, les sols et les conditions environnementales à leur profit, est une preuve supplémentaire de la richesse de leur savoir millénaire et de ses avantages pour l’utilisation rationnelle de la forêt.
La méthode autochtone d’utilisation temporaire du sol fait que, bien après l’installation de la chagra, et même lorsque la forêt est mûre, on y trouve des espèces fruitières ou autres qui montrent l’avantage de l’aménagement échelonné de l’environnement pratiqué par les habitants. Bien que la diversité soit conditionnée par les espèces les plus significatives et profitables, les variétés de fruitiers qu’on peut trouver dans les terres d’une famille autochtone sont nombreuses. Il s’agit donc d’agriculteurs possédant de vastes connaissances et une expérience agricole très considérable.
Les espèces sont plantées chaque année à tour de rôle, dans le but d’obtenir un éventail de plantes à des stades de croissance divers. En outre, ils interviennent sur les processus de régénération, de sorte que la forêt s’en retrouve enrichie.
La présence d’arbres fruitiers dans la forêt en régénération n’est pas le résultat du hasard. Le remplacement des espèces sauvages par des espèces équivalentes est une caractéristique typique, commandée par le besoin de réciprocité avec la nature dont on espère un bon rendement.
« Quand quelqu’un va faire une chagra, il demande de l’autorisation, comme s’il s’agissait de passer un accord. Dans la forêt il y a le raisin sauvage, le ‘calmo’ sauvage, le ‘guamo’, le ‘chontaduro’ sauvage comme on appelle le coco épineux, et ces fruitiers appartiennent aux animaux. Alors on se dit, je vais abattre quelque chose, et puis je vais remplacer tout cela par des fruitiers domestiqués ; si j’ai abattu un laurier, je plante un laurier ; si j’ai abattu des palmiers, je plante du ‘canangucho’ ou du ‘chontaduro’. Ainsi, lorsque ces fruitiers pousseront dans les chaumes, on les partagera avec les animaux. » (Témoignage d’Hernán Moreno)
Le choix des semences, les techniques pour les semailles et la distribution des arbres sur le terrain de plantation sont les apports de l’agriculteur autochtones pour que les espèces choisies deviennent une ressource utile à la famille et un moyen d’enrichissement de la forêt reconstituée.
« Dans la vision cosmique autochtone, les rapports de l’homme et de la nature sont perçus de manière intégrale ; la terre est notre mère, nous sommes ses enfants, et nous la soignons donc avec la parole héritée de nos ancêtres, qui alimente la connaissance, la croissance et le développement de la vie en harmonie avec la nature. La récupération du savoir traditionnel à propos de l’utilisation des ressources naturelles et de leur adaptation à des formes différentes est ce que nos aînés appellent ‘faire poindre la parole’. » (Témoignage d’Hernando Castro)"
TEMOIGNAGES SUR L’AMENAGEMENT EN COLOMBIE DE LA FORET PAR LA COMMUNAUTE. MOUVEMENT MONDIAL POUR LES FORETS TROPICALES.
On peut consulter le site Cocomagnanville:http://cocomagnanville.over-blog.com/
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