Dans le monde entier, alors que des millions de personnes restent à la maison pour réduire au maximum la transmission du nouveau coronavirus SARS-CoV-2, les professionnels de santé se préparent à faire exactement le contraire. Ces médecins, infirmiers, aides-soignants et les autres personnels de santé sont en première ligne dans les cliniques et les hôpitaux, mais aussi dans les cabinets et les centres de soins de ville, exposés à un risque particulièrement élevé de COVID-19. Cet éditorial du Lancet, rend hommage au dévouement et à l’expertise des personnels de santé et rappelle que ce sont des personnes qui doivent également être protégées et préservées.
Leur risque d’infection est élevé : les données chinoises montrent ainsi que plus de 3.300 professionnels de santé étaient infectés début mars et 22, au moins décédés. Les données italiennes font état d’un taux d’infection de 20% chez les professionnels de santé, avec un taux de décès comparable à celui constaté en population générale. Des rapports portant sur le personnel médical décrivent l'épuisement physique et mental, la difficulté des décisions de « triage » des patients, la douleur de perdre des patients et des collègues aussi.
Les personnels hospitaliers et de ville manquent toujours de masques FFP2 et de gel hydroalcoolique.
Le manque d’EPI est considérable : alors que la pandémie s'accélère, avec, au 20 mars 2020, 245.000 cas dans le monde (et toujours 81.000 cas confirmés en Chine où l’épidémie semble être sous contrôle), 163 pays touchés, de premiers clusters en Afrique, et plus de 10.000 décès, l'accès pour les personnels de santé aux équipements de protection individuelle (EPI) est une préoccupation majeure, presque partout dans le monde. Le personnel médical est prioritaire dans de nombreux pays, mais des pénuries d'EPI sont aujourd’hui décrites dans la plupart des établissements fortement touchés. Certains membres du personnel médical attendent encore des EPI, contraints néanmoins de recevoir des patients infectés sans attendre, ou reçoivent un équipement qui ne pas répond pas aux exigences. C’est le cas en France, où les personnels hospitaliers ou de ville manquent toujours de masques FFP2 et de gel hydroalcoolique.
Aux inquiétudes légitimes pour leur sécurité personnelle, s’ajoute l’angoisse de transmettre l'infection à leur famille. Enfin, les personnels de Santé sont anxieux pour leurs parents âgés ou leurs jeunes enfants car contraints de recourir à des systèmes de garde de fortune.
Les ressources humaines ne sont pas inépuisables : les professionnels de santé, contrairement aux ventilateurs ne peuvent pas être fabriqués de toute urgence ou fonctionner à 100% pendant de longues périodes. Il est vital que les Autorités sanitaires se souviennent que ce sont des personnes, dont il convient d’assurer la sécurité .
Encore une fois, la fourniture d’EPI est vitale
Mais les EPI ne sont qu’une première étape ; d'autres mesures pratiques doivent être envisagées, dont l'annulation des interventions médicales ou chirurgicales non essentielles pour préserver les ressources ; le ravitaillement en nourriture, l’aménagement de période de repos même en cas de pénurie sont indispensables. Le soutien familial et psychologique également.
Les professionnels de santé sont aujourd’hui notre ressource la plus précieuse.
Source: The Lancet March 21, 2020 DOI : 10.1016/S0140-6736(20)30644-9 COVID-19: protecting health-care workers
Plus sur COVID-19
Équipe de rédaction Santélog Mar 21, 2020Rédaction Santé log