#2020RacontePasTaVie - jour 75, PafAuTaf 7/7 : semaine 11

Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais LePaf est un Sisyphe heureux.
Dans la répétition infinie des mêmes tâches qui tissent le quotidien d’un ménage à tenir se nichent de petites variations dont certaines peuvent s’avérer dignes d’être narrées.

…

Parfois MaGrande n’est que dolence.
Les matins d’école surtout, quand tout est minuté et que chacun presse chacun, aux cris de ses parents qui l’abjurent de se presser un peu, elle suspend son geste, reste immobile, en culotte, une chaussette partiellement au pied l’autre à la main, et nous regarde de ses grands yeux bleus écarquillés où se mêlent la plainte, l’imploration et l’incompréhension.
C’est qu’elle n’a jamais su ni voulu saisir ce que peuvent avoir d’impératif ces contraintes horaires qui violentent son rythme naturel fait d’un mol et doux balancement.

…

Cette lenteur, MaGrande l’emmène partout et tout le temps avec elle.
Ses cahiers d’écolière sont remplis d’annotations « à terminer » et, si les appréciations générales, depuis qu’elle est en âge d’être évaluée par le système scolaire, sont fort louangeuses, les commentaires sur son manque absolu, remarquable, presque surnaturel de rapidité sont eux aussi légion.
Chaque fin d’après-midi, quand LePaf vient la chercher au milieu de la foule de l’heure des mamans, il patiente tant et tant qu’il lui arrive bien souvent d’être le dernier, seul sur le parterre devant l’école, à attendre que SaGrande daigne sortir de l’établissement.

…

Mais sous cette apparente nonchalance à contretemps de l’accélération du monde se cache une détermination de fer.
Et même des trésors d’énergie qui peuvent subitement se déployer de manière surprenante.
C’est elle qui, alors que nous en ignorions quasiment l’existence, a décidé à l’âge de 7 ans de changer d’école pour rentrer en classe CHAM, et rien ne pouvait la faire changer d’avis.
Elle qui a ensuite opté pour l’alto malgré les mots violoncelle et flûte traversière susurrés maintes et maintes fois par LePaf, jusqu’à ses oreilles endormies, au cas où.
Elle encore qui s’est inscrite au foot à mes grandes joie et surprise.
Elle enfin qui a décrété qu’elle se mettra à l’allemand dans la cadre d’une classe bilangue pour son entrée en collège, quand rien chez nous ne pouvait la pousser à cela.

…

A part ça, une semaine où ChèreÉpouse n’est pas à l’autre bout très loin du monde ne peut être qu’une bonne semaine. Sur ce le logis m’appelle. Je resterais bien au clavier mais le temps presse et votre patience s’use.