Le récent suicide d’un des leurs dans le Pas-de-Calais met l’accent sur un profond mal-être.
Le cas du docteur Fougeron, ce médecin généraliste de 61 ans qui exerçait au Portel (Pas-de-Calais) et qui s’est donné la mort parce qu’un de ses patients a fait un accident cardiaque qu’il n’avait pas diagnostiqué, dénote un profond malaise, vous ne trouvez pas ?Le problème du patient n’était pas forcément détectable, mais le praticien a été dépassé par la nouvelle, suscitant une très vive émotion dans la profession.D’après Marc Biencourt, président de l’ordre des médecins du Pas-de-Calais, ce drame n’est pas isolé. « Le Dr Fougeron avait déclaré une fois devant des confrères que s’il commettait un jour une erreur dans son travail, il se suiciderait ».
De fait, les généralistes, dont le gouvernement a promis de valoriser le rôle, expriment un malaise persistant face à des conditions de travail dégradées, qui conduit certains d’entre eux au « burn-out », l’épuisement professionnel.
Le cas du médecin du Portel illustre tragiquement la pression à laquelle la profession est soumise.
« On note de plus en plus de cas de burn-out, et les taux de suicide sont deux fois plus élevés que dans le reste de la population », relève Thierry Le Brun, du syndicat MG-France.
Il constate aussi des « divorces plus fréquents » et, chez les femmes médecins, un taux de bébés prématurés « plus élevé que dans le reste de la population ». Les raisons selon lui : « toujours plus de travail, mais sans aide des pouvoirs publics et sans reconnaissance ».
Les États généraux de la santé ont souligné la nécessité de se pencher sur ces généralistes en difficulté. En annonçant le financement de maisons de santé dans les zones sous-dotées en médecins, la ministre de la Santé a ainsi entendu l’aspiration des jeunes médecins à exercer en groupe pour préserver leur qualité de vie.
Elle a aussi promis de « renforcer une véritable filière de médecine générale », souvent perçue comme une « voie par défaut » pour les étudiants en médecine.