La compréhension chrétienne correcte de la loi de Dieu (théonomie) peut souvent s’avérer ardue à cause de plusieurs facteurs (linguistiques, géographiques, littéraires, culturels, etc.) qui nous éloignent de la révélation initiale des préceptes moraux bibliques. Afin de faciliter la compréhension de la loi de Dieu par les chrétiens, dans cet article, j’ai regroupé deux excellents synopsis de la loi de Dieu que j’ai croisé dans mes lectures récentes. Le premier est issu d’un rapport officiel des Églises réformées de Nouvelle-Zélande (Reformed Churches of New Zealand – RCNZ). Le deuxième est issu d’un ouvrage du théologien, pasteur, professeur et apologète réformé états-unien Greg Bahnsen (1948-1995).
Premier synopsis de la loi de Dieu (théonomie)
Dans le but de dissiper les malentendus et les idées fausses concernant la loi de Dieu (theos nomos = norme de Dieu = théonomie), le comité d’étude constitué et mandaté par les Synodes nationaux de 1983 et 1986 des Églises réformées de Nouvelle-Zélande (RCNZ) a rédigé un rapport où il a notamment formulé sept propositions. Ce rapport et ces propositions furent ensuite approuvées puis diffusées (à titre de guide pastoral) par le Synode national des RCNZ de 1989. Celles-ci se résument comme suit :
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« Nous sommes sauvés par la grâce au moyen de la foi et non par les œuvres de la loi.
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Il n’y a pas de conflit entre la loi et l’amour.
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Il n’y a pas de conflit entre l’esprit de la loi et la lettre de la loi.
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Tous les croyants devraient se préoccuper de connaître et d’obéir à la loi de Dieu.
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Tous les croyants devraient avoir le souci d’étudier les détails de la loi de Dieu, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testaments.
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Tous les croyants devraient chercher à appliquer la loi de Dieu dans leur propre vie et dans la société.
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Les lois cérémonielles et sacrificielles ont été accomplies en Christ et n’ont plus besoin d’être pratiquées par les croyants du Nouveau Testament. »
Source ↑ : John Haverland, « Theonomy : What Have We Learned ? », Ordained Servant (Orthodox Presbyterian Church – OPC), Vol. 4, N° 2, avril 1995, p. 28-34. Traduction française : La Lumière, « La théonomie : Qu’avons-nous appris ? », La Lumière du Monde, publié le 15 mars 2020.
Deuxième synopsis de la loi de Dieu (théonomie)
Synopsis de la théonomie en douze points articulé par Greg Bahnsen :
« 1. Les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament sont, en partie et en totalité, une révélation verbale de Dieu à travers les mots des hommes, étant infailliblement vraies en ce qui concerne tout ce qu’ils enseignent dans tous les domaines.
2. Depuis la Chute, il a toujours été illégal d’utiliser la loi de Dieu dans l’espoir d’établir son mérite et sa justification personnels, en contraste ou en complément du salut par la promesse et la foi ; l’engagement à l’obéissance n’est que le mode de vie de la foi, un gage de gratitude pour la grâce rédemptrice de Dieu.
3. La Parole de l’Éternel est le standard unique, suprême et incontestable pour [évaluer] les actions et les attitudes de tous les hommes dans tous les domaines de la vie ; cette Parole inclut naturellement les directives morales de Dieu (sa loi).
4. Notre obligation de respecter la loi de Dieu ne peut être jugée par aucun standard extra-scriptural ; par exemple [elle ne peut pas être jugée] si ses exigences spécifiques (lorsqu’elles sont correctement interprétées) sont conformes [ou non-conformes] aux traditions du passé ou aux sentiments et pratiques modernes.
5. Nous devons présumer que les lois permanentes de l’Ancien Testament continuent d’être moralement liantes dans le Nouveau Testament, à moins qu’elles ne soient annulées ou modifiées par une révélation ultérieure.
6. En ce qui concerne la loi de l’Ancien Testament, la Nouvelle Alliance dépasse l’Ancienne Alliance en termes de gloire, de pouvoir et de finalité (renforçant ainsi les anciens devoirs). La Nouvelle Alliance remplace également les ombres de l’Ancienne Alliance, modifiant ainsi l’application des principes de sacrifice, de pureté et de séparation, redéfinissant le peuple de Dieu et modifiant l’importance [et l’étendue] de la Terre promise.
7. Les lois permanentes révélées par Dieu sont le reflet de son caractère moral immuable et, en tant que telles, sont absolues dans la mesure où elles ne sont pas arbitraires, où elles sont objectives & universelles, et où elles ne sont pas établies dans des circonstances particulières ; bref, quand ces lois sont applicables à une généralité de situations morales.
8. La participation chrétienne en politique appelle à la reconnaissance de la loi de Dieu révélée, absolue et transcendante comme standard permettant de juger tous les codes sociaux.
9. Les magistrats civils de tous les âges et de tous les lieux sont obligés de conduire leurs offices en ministres de Dieu, vengeant sa colère divine contre les criminels ; ils rendront compte au Dernier jour de leur service devant le Roi des rois, [qui est] leur Créateur et leur Juge.
10. La continuité générale que nous présumons en ce qui concerne les standards moraux de l’Ancien Testament s’applique aussi légitimement à l’éthique sociopolitique qu’à l’éthique personnelle, familiale ou ecclésiale.
11. Les préceptes civils de l’Ancien Testament (lois ‹judiciaires› en vigueur) constituent un modèle de justice sociale parfaite pour toutes les cultures, même pour punir les criminels. En dehors des zones où la loi de Dieu prescrit l’intervention [étatique] et l’application de mesures correctives pénales, les dirigeants civils ne sont pas autorisés à légiférer ou à utiliser la contrainte (par exemple, le marché économique).
12. La manière moralement appropriée pour les chrétiens de corriger les maux sociaux qui ne sont pas sous la juridiction légitime de l’État est de recourir à des entreprises volontaires et charitables, ou [de recourir à] la censure du foyer, de l’Église et du marché ; de même, la méthode appropriée pour changer l’ordre politique et le droit étatique n’est pas la révolution violente, mais dépends sur la régénération, la rééducation et la réforme juridique graduelle. »
Source ↑ : Greg Bahnsen, No Other Standard : Theonomy and its Critics, Institute for Christian Economics, Tyler (Texas), 1991, p. 11-13.