Comme des allumettes frottées sur des rues balayées par le vent
Et il rend le temps blanc ;
Le chagrin enlève en raclant un grain sur ton pain
Et te fait avaler les épingles de ta mère
Perdue il y a des années;
Le chagrin vient et tombe lourdement sur ton cœur :
Il fait faire à toutes les chaînes un bruit blanc
Et il vide l’esprit.
Dans le chagrin le monde arrache ses racines ;
La vie saigne de lendemains devenus gras
Et les heures se figent ;
Dans le chagrin des collines grossières semblent des choses fragiles
Et la lumière gît morte sur les stores recouverts de poussière
Et les voix font mal ;
Dans le chagrin le fils marche à travers sa ville,
A travers des angles étroits de son esprit,
Et il ne voit personne.
Le chagrin se coule auprès de toi la nuit
Et il s’assied avec toi et il dort avec toi
Quand les autres s’éclipsent ;
Dans le chagrin tu restes vautré dans ton lit
Où marches en rond, perdu, alors
Qu’il suffit de prendre tout droit.
*
Grief
Grief wipes away wild days that burned
Like matches struck on windy streets
And time goes blank;
Grief scrapes dry grit across your bread
And has you swallow mother’s pins
Lost years ago;
Grief comes and slumps upon your heart:
It has all channels play white noise
And voids the mind.
In grief the world pulls up its roots;
Life bleeds from fattened days ahead
And hours clot;
In grief brute hills seem fragile things
And light lies dead on dusty blinds
And voices hurt;
In grief the son walks through his town,
Through narrow angles of his mind,
And sees no one.
Grief sidles up to you at night
And sits with you and sleeps with you
While others fade;
In grief you thickly stay in bed
Or walks in circles, lost, although
The road goes straight.
***
Kevin Hart (né en 1954) – Barefoot (2017) – Traduit de l’anglais par Raymond Farina.