La souche du coronavirus est le néolibéralisme !

Publié le 18 mars 2020 par Despasperdus

On va bientôt mourir, pas toutes et tous et pas tout de suite, fort heureusement. On s'est bien fréquentés pour choper le virus avant d'incuber tranquillement chacun soi. Le coronavirus accomplissant son œuvre, nous devons, d'ores et déjà, remercier le gouvernement et l'oligarchie de ces quelques jours de presque congés avant que certains d'entre-nous sortent de l'hôpital les pieds devant !

Trêve de plaisanterie. Ils devront payer.

Je me suis demandé s'ils étaient incompétents ou cyniques au vu de leur gestion des affaires publiques et de leurs décisions récentes face au coronavirus. En fait, ni l'un, ni l'autre.

En fait, ce sont des irresponsables qui ne se sont jamais préoccupés de l'intérêt général et du bien commun. Ils ont pourtant fait de très hautes études en suivant les meilleurs cursus : qu'apprend-on à cette l'"élite" avant qu'elle n'accède aux responsabilités ? L'inconséquence de cette "élite" a déjà causé la mort de nombreux habitants en raison de décisions gouvernementales incohérentes. Ces gens se sont révélés incapables de protéger la population quand l'épidémie s'est déclarée et de doter l'hôpital public de moyens suffisants, humains et matériels.

Leurs créateurs se nomment Hayek et Friedman, les théoriciens du néolibéralisme. Cette idéologie nouvelle se dit héritière du libéralisme économique traditionnel. Or, ce qui distingue le néolibéralisme du libéralisme, ce sont trois choses. D'abord, la foi aveugle au marché (et sa main invisible). Selon cette religion qui nous gouverne encore, il faut donner toute liberté et sans aucune restriction au marché, c'est-à-dire au secteur privé. Ensuite, la détestation des services publics qui privent le marché, et donc le secteur privé, de pans plus ou moins importants de l'activité humaine, comme la sécurité sociale et l'hôpital public ou l'éducation. Enfin, c'est l'amour en l'Etat autoritaire, voire totalitaire puisqu'il n' a échappé à personne que la mise en œuvre des politiques néolibérales a débuté sous Pinochet avec le soutien sans faille des Etats-Unis !

Les néolibéraux ou ordo-libéraux ou capitalistes, peu importe le terme, sont sans foi, ni loi, hormis le marché et la concurrence libre et non faussée. Soit l'exact contraire des services publics ! Mais comment détruire les services publics et les livrer au secteur privé, à l'oligarchie et à la finance, et donc à quelques uns ? La population y est très attachée, surtout les classes populaires, puisqu'ils délivrent des services de qualité, soit gratuitement, soit à un coût très abordable. En le dégradant en lui imposant l'austérité budgétaire... En faisant en sorte que l'attachement collectif devienne de moins en moins fort...

Aussi, ont-ils inventé la dette publique et une nouvelle gestion budgétaire publique calquée sur le privé. Il ne s'agit pas de complot mais de faits vérifiables. Depuis, au moins 20 ans, chaque gouvernement, peu importe sa couleur politique, a contribué sciemment au gonflement de la dette publique. Ils ont donc asséché les recettes publiques à coups de niches fiscales, d'exonération de charges patronales et sociales, de réduction de la dégressivité de l'impôt sur le revenu, de crédit impôt recherche (6 milliards € par an) qui n'est qu'une aide déguisée aux entreprises et jamais contrôlée, de CICE (40 milliards d'€) aux entreprise du CAC 40 sans aucun contrôle, ni contrepartie, en supprimant l'ISF, et d'autres mesures... que l'on pourrait même faire remonter à l'obligation pour l'Etat d'emprunter sur les marchés financiers et non plus plutôt à taux zéro auprès de la banque de France...

La dette publique devenue impressionnante pour le péquin qui ne s'est jamais intéressé à ce domaine, les mêmes ont brandi son pourcentage calculé sur une année de production, le PIB. Cette présentation de la dette est une arnaque, mais plus c'est gros, plus ça passe comme disait l'autre... Ce petit exercice de manipulation politique, relayé par les médias de masse qui appartiennent à l'oligarchie, a permis de créer une peur collective et de susciter la culpabilité après la crise des subprimes. [1] Ils ont donc affirmé que la priorité des priorités était la réduction de la dette publique. Qu'il fallait respecter les 3 % du PIB sinon Bruxelles... [2]

Comment ? Officiellement, les services publics devaient devenir encore plus efficaces, voire rentables avec beaucoup moins de moyens ! Et surtout, ôter du gras ! Concrètement, en privatisant les entreprises publiques, et ailleurs, en pratiquant la privatisation rampante avec des fermetures d'établissements, de bureaux de poste, d'écoles, de maternités, de petites structures rurales, en faisant des opérations immobilières pas du tout juteuses (Hôtel Dieu, Hôtel de la monnaie), en instaurant les PPP, et, bien entendu, en taillant dans les effectifs de fonctionnaires et d'agents publics.

Il fallait également désigner un bouc émissaire à la vindicte populaire : les fonctionnaires. Des privilégiés, des feignasses qui bénéficient de droits exorbitants au point, par exemple, que Bernard Arnault et Xavier Niels ont tenté d'abandonner leurs petites affaires pour réussir un concours de la fonction publique, et, ainsi, accéder au Graal ! Je plaisante...

Ils ? Ce sont grosso modo tous ceux qui sévirent sous Chirac, Sarkozy, Hollande et, aujourd'hui, Macron. Tous ont invariablement imposé l'austérité budgétaire au nom de la bonne gestion des deniers publics, et donc de la lutte contre la dette publique. Chaque nouveau président a poursuivi la politique de son prédécesseur. Et pourtant, la dette augmente toujours ! Etonnant, non ? En l'occurrence, ils se moquent de la dette publique. Leur objectif est de servir le marché en offrant de fastueux cadeaux à la finance et à l'oligarchie.

Par conséquent, la dette publique n'est qu'un prétexte pour détruire les services publics. Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron ont apporté leur contribution, d'où l'impression (juste) d'une absence d'alternance politique depuis 20 ans... Toujours est-il qu'eux, leurs collaborateurs et leurs soutiens sont responsables de la situation actuelle !

Hélas, l'hôpital public n'a pas échappé à cette politique de casse des services publics. Il fallait, lui aussi, le détruire peu-à-peu pour privilégier les cliniques privées et livrer la santé de la population au secteur privé et à la finance. Il a suffit de quelques mesures telles que l'instauration d'une nouvelle tarification ubesque, la T2A, les suppressions de lits, de structures médicales et hospitalières et de postes d'agents publics, soignants et non soignants, pour transformer le meilleur système de santé du monde en quelque chose qui ne tient que par l'extrême dévouement de son personnel !

La situation de l'hôpital public est catastrophique depuis la fin du quinquennat Hollande et Macron a maintenu le cap.

Les grèves, les manifestations, les pétitions, le travail de la vraie opposition de gauche au parlement (PCF-LFI), mais aussi les burn-out et les suicides à l'hôpital public n'ont pas empêché ni ralenti la casse en cours.

Il ne fallait pourtant pas sortir d'une grande école, non ?

Si tu peux stopper un début d'incendie en hiver dans un jardin avec un simple tuyau d'eau, tu seras forcément impuissant avec les mêmes moyens pour lutter contre un incendie de forêt en plein été !

Avant le coronavirus, la situation était la suivante : en période normale, l'hôpital public, géré comme une boite privée, travaillait à flux très tendus en termes de moyens matériels et de personnels. Alors, imaginez aujourd'hui avec le coronavirus et l'afflux incessant de malades !

Depuis 5 ans, le personnel était en lutte contre l'austérité budgétaire.

Ils savaient qu'en l'état actuel de ses moyens, l'hôpital public serait débordé s'il devait affronter une grave crise sanitaire, et donc un pic d'activité, important en volume et long dans le temps !

Plutôt que d'écouter, Hollande et Macron ont préféré réprimer le personnel. Le décourager de lutter. Le faire taire. Le mépriser.

Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron, ainsi que leurs collaborateurs et leurs soutiens, ne s'intéressaient pas à la santé de la population, et plus généralement à l'intérêt général, mais à livrer les biens communs à quelques requins de la finance et de l'oligarchie.

Comment donc les qualifier ?

Ce sont des assassins en col blanc ou tout au moins des coupables qui mériteraient d'être jugés pour leurs forfaits, pour ces vies détruites sur l'autel de leur religion du capital.

Notes

[1] Rappelons que l'argent public a sauvé le secteur financier (banques, assurances, fonds de pension).

[2] Combien de divisions, Bruxelles ?