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Une femme au téléphone, Carole Fives

Par Antigone

Une femme au téléphone, Carole Fives

Vous vous en souvenez peut-être, j’ai assisté il y a peu à une rencontre avec Carole Fives, pendant laquelle elle a lu de larges extraits de ce texte, avec une mise en scène simple et efficace. Une sonnerie de téléphone rythmait la lecture. J’avais adoré. J’ai donc mis la main sur le livre… Il s’agit d’un roman téléphonique (écrit comme un roman épistolaire, mais au téléphone). Nous n’aurons d’ailleurs, tout au long du roman, qu’une partie des conversations téléphoniques, celles de Charlène, la soixantaine, cette femme au téléphone qui la plupart du temps se sent seule, malade et qui harcèle sa fille. Les réponses ne nous sont pas données mais l’imagination est capable de les retranscrire sans problème. Et parfois d’ailleurs seul le répondeur enregistre. Le personnage m’a émue. A la fois touchante et toxique, Charlène alterne pourtant les caresses et les reproches, telle une véritable douche écossaise. C’est un roman sur la solitude et la culpabilité, sur les choix de vie, mais aussi sur une certaine misère humaine… Charlène cherche l’amour sur internet, fustige ses enfants, et traverse pour autant l’épreuve du cancer avec un certain courage. Carole Fives nous renvoie à ce qu’il y a d’imparfait en nous, à nos attentes, mais aussi à notre manière de traiter notre entourage. En ces jours un peu troublés, comment communiquons nous ? Comment téléphonons nous ? Quels sont nos rapports avec nos proches ? Carole Fives nous a déclaré en rencontre, qu’il y avait un peu d’elle, et un peu de sa mère aussi dans ce personnage. A quel point sommes nous donc des Charlène en puissance ? J’ai sans doute préféré la version abrégée et auditive de la rencontre avec Carole Fives mais c’est un livre qui interroge et émeut, et fait aussi beaucoup sourire.

« J’aimerais bien que tu m’appelles chaque jour, l’heure qui te conviendra, disons, quand je me réveille le matin, vers sept-huit heures, et le soir, quand je cafarde, vers cinq-six heures. La journée, je me dirais, tiens, ça va être l’heure de son coup de fil, et après avoir raccroché, je repenserais à ce qu’on s’est dit. Je ne te demande pas grand-chose, juste entendre le son de ta voix, même si tu ne me dis rien de bien passionnant. Pour toi, ce n’est rien, mais moi, ça m’aide ; je ressens vachement la solitude affective. »

Editions Folio – décembre 2018

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Une autre lecture chez… Gambadou


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