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(Note de lecture) La revue Europe, un espace de création, par Matthieu Gosztola

Par Florence Trocmé


La revue Europe, un espace de création

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L’actuel (mars), le précédent (janvier-février) et le futur (avril) numéros d’Europe résument parfaitement, me semble-t-il, de par leurs dossiers (« Poésie & Chanson », « Les Mille et Une Nuits », « Jean Racine »), ce qui constitue l’essence même de cette revue. À savoir l’ouverture aux quatre vents, comme pratique raisonnée de l’hospitalité ; le désir d’épouser la boussole dans tous ses frémissements, sans parti pris. Le souci constant de tisser des ponts, hors des sentiers battus ; le désir de montrer à quel point la littérature, et particulièrement la poésie, est part non négligeable (mais souvent négligée) de notre quotidien. L’intérêt pour le « patrimonial » dans ce qu’il a de plus vif : plonger ses mains dans le ruisseau du temps et se rendre compte que cette eau, grâce à son rythme ?, est notre présent ; désir de ré-interroger sans cesse ce « patrimonial » pour nous amener à – continûment – nous re-questionner ; désir de montrer à quel point ces « classiques » peuvent jouer avec nos vies, leur conférant, alors, un surcroît d’allant, et de beauté.

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Et si Europe est une revue – d’audience internationale – saluée partout pour la pertinence, la rigueur, le haut niveau (tout à la fois d’exigence et d’intelligibilité) de ses dossiers, l’on oublie trop souvent combien elle est aussi un espace de création. Ainsi, figurent, et ce pour la seule année 2019, dans la rubrique « Cahier de création » les auteurs suivants (cités par ordre alphabétique) : ALTHEN Gabrielle, AYANOGLOU Anna, BAJEC Fabrizio, BAUME Sara, BAZOT Xavier, BOURRION Daniel, CAPPELLO Pierluigi, D’ARCY Madeleine, DOURGUIN Claude, FORTINI Franco, GATALICA Aleksandar, GRÜNBEIN Durs, GRÜNZWEIG Dorothea, HACKER Marilyn, HENRY Didier, JACQUIER-ROUX Jean-Louis, JOVINE Francesco, KIRSTEN Wulf, LAIR Mathias, LE PENVEN Cédric, McGRATH Campbell, MEFFRE Joël-Claude, MEIZOZ Jérôme, NAMUR Yves, NESSI Alberto, NUEL Jean-Jacques, O. GIANNUZZI Joaquín, OLLIVIER Mathilde, PASCUTTO Romano, RIPPES Corinne, ROJAS Max, SAMAMA Claude-Raphaël, SAVAGE, BROSMAN Catharine, SCHOCK Ralph, SOROKINE Vladimir, SOUVAY François, VIBAREL Cécile, VOISIN Isabel, WETZEL Marc et XIA Liu.
À titre d’exemple, l’on redonnera à lire ici quatre poèmes – magnifiques – de Mark Irwin (traduits de l’anglais – États-Unis – par Alain Borer : première traduction française d’une œuvre importante), poèmes présents dans l’actuel numéro d’Europe dont le sommaire est donné in fine, afin d’en montrer toute la richesse, c’est-à-dire la polyphonie.
BLANC
Mon père est mort, pourtant
comme la neige est belle.
Bientôt quatre semaines que
je n’ai rien fait, ce qui s’appelle
rien. Mais aujourd’hui
j’ai soulevé la fenêtre
et regardé la neige
tomber. Pesamment, plus pesamment,
en silence. Les épais flocons blancs
remplissaient l’air, alors je me suis mis
à marcher lentement à travers
champs. Là se tenait une église
toute blanche, mais je n’y entrai pas
non, je ne fis que la regarder
longtemps je la regardai jusqu’à ce que
petit à petit l’église disparaisse.
« VOIX, LOIN, ARRIVANT ENCORE »
Arrivé à ce point, je me félicite
de prendre lentement de l’âge, découvrant en mémoire
les frontières analogues du monde physique, visitant
comme pour la première fois
les ruines d’une cité grande jadis, toujours neuve
dans la lumière friable. On s’en va
et trébuche, inconscients, explosante jeunesse dans
l’obscurité, une sorte de printemps
en soi. En soi, où j’atteins des lieux, disparus, souvent
   égaré de trouver un nouveau lieu de vie possible
couleur orange friable
et ici même, là même, comme en traversant
des flammes, prenant plaisir à l’aspect passager
des murs et languissant des agoras, j’entrevois
   des fantômes et je caresse des corps
bateau chargé de son passé ainsi j’avance
vers ce qui pourrait être montagnes ou océans, et pour finir
je traverse à la nage la fenêtre éclairée d’un nom.
DEMEURE
Au moment de mourir
j’ai vu un homme en train de démolir une maison bleue
mais à l’intérieur de cette maison bleue une verte
apparut progressivement à mesure que l’homme s’approchait
de moi, m’invitant à y entrer, ouvrant
une porte blanche où l’homme en question devint
une femme dans un champ où tombait la neige
sur une foule qui marchait en direction de la
maison bleue et les gens disaient entre eux
qu’ils n’avaient jamais rien vu d’aussi vert
même pas l’herbe sous le ciel rouge de leurs noms.
FANTÔME
Maintenant ton nom n’est qu’un invité ici, celui qui annule
tout salut. Sans chair
tu vas & viens à travers la demeure
d’air. Comment
m’adresser à toi, pâle
temps ? Parfois ton nom
est une robe en forme de cloche
de fer les années
basculent les ombres s’allongent
plus longues que la maison. Entends-tu
ce mot se propager ? J’y vais
à l’instant même,
portant les fenêtres
de l’intérieur de toutes les voyelles.
*
POÉSIE & CHANSON
Sylvain DOURNEL : Une question de conjonction.
Christian PRIGENT : La lyre et la flûte.
Dominique FOURCADE : Fredon.
Philippe BECK : Chants.
Jean-Claude PINSON : Quoique très peu « chanson ».
Charles PENNEQUIN : Pour plus de gesticulations savantes, d’opinions arsouilles et de poèmes chansonniers.
Jean-Louis GIOVANNONI : Cantà et Pichja.
Paul Louis ROSSI : La chanson du jour.
Ariane DREYFUS : Des paroles qui respirent.
Valérie ROUZEAU : Trois chansons pour le groupe.
Dominique RABATÉ : L’air du temps (et comment il circule).
Bruno BLANCKEMAN : Bas noirs et chaussettes blanches.
Jean-Pierre ZUBIATE : Vertiges lyriques à l’ère de la chanson enregistrée.
Stéphane CHAUDIER : Le grêle et vivace aujourd’hui.
Joël JULY : Le vers de chanson, de la convergence à la discordance.
Catherine DOUZOU et Sébastien BOST : « La petite chanson de Verlaine » à la manière de Barbara.
Stéphane HIRSCHI : Un 21e cielenchansons.

Jérôme CABOT : Ce que la chair fait au verbe.
Serge MARTIN : L’« orchestre mondial de l’âme populaire ».
Anne-Claire GIGNOUX : La chanson, une voie pour la poésie ?
SALAH STÉTIÉ
Michèle FINCK : L’invention d’un phrasé lyrique.
Béatrice BONHOMME : L’enfance comme transcendance originelle et sacrée.
Fadi KHODR : Une dette honorée.
Salah STÉTIÉ : Arabesques. Entretien avec Daniel Leuwers.
Stéphane BARSACQ : Faisant chemin avec Salah Stétié.
FRANZ KAFKA
Régis QUATRESOUS : Une biographie pour Kafka.
Reiner STACH : De la vie des métaphores : La Métamorphose.
CAHIER DE CRÉATION
Mark IRWIN : Urne américaine.
Jocelyn DUPRÉ : Ils sont bien, là.
Hisham BUSTANI : L’histoire ne se fera pas sur ce canapé.
Julien DONADILLE : Une rencontre.
CHRONIQUES
La machine à écrire
Jacques LÈBRE : L’autobiographie comme une carte IGN.

Les 4 vents de la poésie
Olivier BARBARANT : Au-delà de l’enfer, il y a nous.

Le théâtre
Karim HAOUADEG : Le feu sous la cendre.

Le cinéma
Raphaël BASSAN : Une contre-utopie glaçante.

La musique
Béatrice DIDIER : Hercule amoureux.

Les arts
Jean-Baptiste PARA : Une piété profane.

NOTES DE LECTURE
POÉSIE
Béatrice DOUVRE : Journal de Belfort, par Jacques Lèbre.
Andreas UNTERWEGER : Le Livre jaune, par Julien Nouveau.
Nâzım HIKMET : Lettres à Taranta-Babu, par Michel Ménaché.
José-Flore TAPPY : Trás-os-Montes, par Ariane Lüthi.
Michel COLLOT : Le Parti pris des lieux, par Matthieu Gosztola.
Par tous les chemins. Florilège poétique des langues de France (Alsacien, basque,
breton, catalan, corse, occitan)
, sous la direction de Marie-Jeanne Verny & Norbert Paganelli, par Michel Ménaché.

Alexis BUFFET : Bestiaire subtil, par France Billand.
Marwan HOSS : Jours, par Marc Wetzel.
Gilles PLAZY : Fiction fragile du désir, par Isabelle Lévesque.
Anne BELIN : Trame, par Sophie Bilemdjian.
Jean-François MATHÉ : Vu, vécu, approuvé, par Michel Lamart.
Nassuf DJAILANI : Naître ici, par Michel Ménaché.
Revue Encre vives n° 492 : Claire Légat, par Riccardo Smolen.
Gwen GARNIER-DUGUY : Enterre la parole, par Matthieu Gosztola.
Adeline BALDACCHINO : Théorie de l’émerveil, par Michel Ménaché.
ROMANS, NOUVELLES, RÉCITS
Olivier ROLIN : Extérieur monde, par Christine Lemaire.
Didier BLONDE : Cafés, etc., par François Souvay.
Pierre GUYOTAT : Idiotie, par Stéphane Massonet.
Lionel BOURG : C’est là que j’ai vécu, par Alain Roussel.
Sylvain PRUDHOMME : Par les routes, par Max Alhau.
Hervé CARN : L’Abattoir, par Michel Lamart.
ESSAIS, DIVERS
Bernard PLOSSU : Roma, par Lucien Giraudo.
Denis GUÉNOUN : Trois soulèvements. Judaïsme, marxisme et la table mystique,
par Jérôme Duwa.
Gérard MACÉ : Et je vous offre le néant, par Michel Delon.
Pierino GALLO : Chateaubriand et l’épopée du nouveau monde, par Béatrice Didier.
Francis CLAUDON : Stendhal et la musique, par Béatrice Didier.
Alban RAMAUT, Emmanuel REIBEL (dir.) : Hector Berlioz 1869-2019. 150 ans de passions, par Béatrice Didier.
Cahiers Louis Guilloux n° 3, « Louis Guilloux et les éditions Rieder », par Éric Auzoux.
Timour MUHIDINE : Istanbul rive gauche, par Catherine Pinguet.
Anne ROCHE : Algérie : écritures de l’autre, par Charles Bonn.
Vénus KHOURY-GHATA : Ton chant est plus long que ton souffle, par Michel Ménaché.
Françoise PY et José MANGANI (dir.) : Endre Rozsda, par Nathalie Georges-Lambrichs.
« Moi, Tintin, ou la quête entêtée de toi », par Clara Jezewski.
 
*
Abonnement à la revue Europe : ici.
Achat au numéro : là (1 € de participation aux frais de port, gratuit pour 3 numéros commandés).

[Matthieu Gosztola]


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